Les trois premiers matchs de préparation de l’équipe de France ont déjà laissé transparaître un élément essentiel pour le prochain tournoi olympique: l’attaque sur demi-terrain repose quasiment entièrement sur Victor Wembanyama. De quoi être inquiet ?
On savait déjà que Victor Wembanyama était un talent générationnel et que Vincent Collet allait forcément lui accorder une grande place dans le jeu de l’équipe de France cet été. Cependant, ce qu’on ne savait pas, c’est à quel point la défense et l’attaque des Bleus allaient reposer sur lui.
Avant le match 2 contre l’Allemagne (le troisième de la préparation), on avait déjà pu apercevoir l’écart qu’il existait entre l’équipe de France avec Wembanyama sur le terrain et celle sans lui. En 20 minutes de jeu contre la Turquie, l’équipe de France avec Wemby a passé un 51-7 aux Turcs (43-37 sans lui) et en 19 minutes contre l’Allemagne lors du match 1, les Bleus avec Wemby se sont imposés 46-28 (44-38 sans lui). La différence mathématique a donc été aussi abyssale que notre impression visuelle.
Lors du match 2 contre les Allemands, joué sans Victor Wembanyama donc, les Bleus ont effectué un départ canon en encaissant seulement 11 points, dont un premier panier encaissé qui n’est arrivé qu’après 7 minutes de jeu, tout en marquant 19 points puis 39 points après deux quart-temps. Bon, ce n’est pas exceptionnel mais on a tout de même vu des choses intéressantes, comme le soulignait à juste titre Vincent Collet à la fin de la rencontre. Parmi ces choses, on peut citer la capacité de création de Matthew Strazel, auteur d’un step back three en début de match et d’un drive and kick qui a généré un tir ouvert à trois points. On a aussi pu voir des tirs à 3 points ouverts créés grâce à l’utilisation d’Evan Fournier en poseur d’écran sur des pick-and-pop (s’écarter après avoir posé un écran porteur) et des pick-and-flare (s’écarter après avoir posé un écran non porteur) mais aussi des isolations au poste bas pour Mathias Lessort.
Mais au milieu de tout ça, on a également été témoin de ce que Jacques Monclar avait appelé “de la bouillie de basket-ball” lors de la dernière Coupe du monde. À savoir, du jeu stagnant qui finit par des tirs contestés et forcés en fin de possession. Et c’est justement là où le bât blesse. Ce deuxième match contre l’Allemagne a révélé au grand jour que les failles, que l’on avait déjà aperçu lors de la dernière Coupe du monde, étaient toujours là et qu'elles ne risquent pas d’être miraculeusement comblées.
Chris Paul parle de son choix et de Victor Wembanyama
Vincent Collet s'est-il tiré une balle dans le pied ?
Dans des propos recueillis par Gabriel Pantel-Jouve du site Bebasket.fr, Vincent Collet expliquait: « En deuxième mi-temps, le principal enseignement, c’est que notre profil d’équipe nous impose de jouer d’une certaine façon, avec beaucoup de mouvement. Dès qu’on s’arrête un peu, comme ça a été le cas dans les dernières minutes, on voit bien qu’on est en difficulté. On n’a pas une grosse capacité de franchissement dans les duels, contrairement à nos adversaires du soir avec Dennis Schröder, Maodo Lo mais pas seulement. (Franz) Wagner a aussi cette capacité d’aller au cercle, même sur des actions individuelles. Nous on a besoin que la balle bouge pour avoir des vraies situations de close-out qui nous donnent des situations plus favorables. Et surtout ne pas oublier le secteur intérieur. C’est là où on est dominant. On a encore marqué pas mal de points dans ce secteur et provoqué des fautes. Mais on a clairement moins recherché les intérieurs, sur le dernier quart-temps en particulier. »
À travers cette déclaration, on peut constater que Vincent Collet a conscience qu’il n’a pas de porteurs de balle/créateurs dans son effectif et que son animation offensive repose exclusivement sur la création de situations avantageuses via le jeu au poste (qui peut générer des prises à 2 et donc des situations de supériorité numérique en lâchant le ballon) ou le jeu de renversement (mais qui ne peut exister que si la défense subit une certaine pression au départ). Mais c’est justement-là que la situation est inquiétante et que les erreurs faites l’an dernier ne semblent pas avoir été complètement apprises. Lors de la Coupe du monde 2023, le jeu offensif des Bleus, qui reposait déjà sur des écrans non porteurs, avait été mis à mal par l’agressivité défensive des Canadiens sur le porteur de balle mais également sur les joueurs en sortie d’écran. Si bien, qu’on s’était retrouvé avec énormément de tirs forcés en fin de possession. Lundi dernier, les Allemands ont justement suivi le même modèle et ont complètement fait dérailler l’attaque des Bleus (26 points marqués seulement en deuxième mi-temps). Chaque attaque sur demi-terrain était poussive car les premières actions (écrans sortant) ne donnaient pas de situation avantageuse. Si bien, que les Français se retrouvaient à devoir improviser leur fin de possession avec des pick-and-roll inefficaces. Si les intérieurs français n’ont pas été trouvés au poste bas dans le quatrième quart-temps, c’est parce que les défenseurs allemands ne respectaient pas les porteurs de balle français et trichaient constamment sur la passe à l’intérieur. De plus, quand Rudy Gobert reçoit le ballon au poste bas, les défenseurs n’aident pas et le poussent à jouer un-contre-un dont l’issue est terriblement aléatoire. Donc en se privant consciemment de plusieurs joueurs de franchissement comme Sylvain Francisco, Nadir Hifi ou Elie Okobo (pour ne citer qu’eux), capables justement de casser la pression défensive en tant que porteur de balle et se créer leur propre tir, Vincent Collet ne s’est-il pas tiré une balle dans le pied ? D’autant plus qu’à travers sa déclaration et ce qu’on a vu des trois premières rencontres, on a la confirmation que Nando De Colo et Evan Fournier n’auront pas un rôle offensif majeur. Alors qu’ils ont porté notre attaque sur les sept dernières années, ils seront désormais des joueurs de connection et de finition mais pas de création. Alors pourquoi les avoir pris ? Est-ce vraiment plus intéressant d’avoir Fournier et De Colo en jokers offensifs plutôt que Hifi et Okobo ?
Comment attaquer sans Victor Wembanyama ?
Face à ces maux, la solution s’appelle Victor Wembanyama. Grâce à sa taille et son envergure d’alien, Wembanyama recevra quoi qu’il arrive le ballon au poste et les Bleus pourront dérouler le jeu offensif prôné par Vincent Collet. L’avantage, c’est que Wemby a déjà une panoplie offensive complète. Le jeu offensif de Rudy Gobert est d'ailleurs sublimé par la présence de Victor, car il est quasiment le seul à pouvoir le servir dans des conditions optimales grâce à son envergure qui lui donne des angles de passe uniques. On l’a vu à de nombreuses reprises par le passé et même lors des trois premiers matchs de préparation, mais les pick-and-roll joués par les arrières français avec Rudy Gobert ne fonctionnent pas parce que les défenseurs trichent en passant sous les écrans et en restant proche du panier car ils ne respectent pas l’adresse extérieure des porteurs de balle français. Le seul pick-and-roll efficace avec Gobert est lorsqu’il est joué par Victor Wembanyama en porteur de balle. Mais comment faire tourner l’attaque lorsque Wemby se repose sur le banc ? La première solution, et qui a déjà été testée, c’est de faire jouer Evan Fournier en poseur d’écran sur porteur de balle pour des actions en pick-and-pop. Mais encore faut-il qu’il sanctionne derrière à trois points. Sur le dernier match, les Allemands ont réussi à bien contester ces tirs, ce qui a forcé Evan a posé un dribble avant de dégainer et le sortir de son rythme. L’autre source d’attaque fiable, c’est de partir à la chasse aux mismatchs pour Guershon Yabusele. Trop costaud pour certains, trop rapides pour d’autres, Yabusele est un vrai casse-tête pour les 4 adverses. Le faire jouer des pick-and-pop seraient aussi salvateurs car son tir est respecté et ça peut créer des confusions dans la défense au moment de la pose d’écran. Mis à part ça, les options manquent vu l'absence de création sur les postes arrières. À la rigueur, Matthew Strazel pourrait justement avoir un rôle offensif de création sans Victor sur le terrain. C’est le seul arrière qui semble en mesure de pouvoir assumer ce rôle avec une efficacité intéressante mais ça montre d'autant plus les limites du choix de l’animation offensive de Vincent Collet et de sa sélection de joueurs.
Des problèmes en défense
Si Evan Fournier a indéniablement encore un rôle à jouer en attaque, surtout sans Wembanyama sur le terrain, sa défense est de plus en plus problématique. Contre la Turquie, il semblait déjà un cran en dessous de ses coéquipiers et cette impression s’est complètement confirmée contre l’Allemagne. En fin de deuxième quart-temps, les Allemands ont effectué un run pour égaliser en ciblant spécifiquement Evan Fournier. C’est tout d’abord Isaac Bonga, qui l’a emmené au poste bas puis Dennis Schröder, qui l’a ciblé en périphérie sur du pick-and-roll. Evan Fournier est aussi coupable de nombreuses situations problématiques sur les défenses d’écran non porteur. Souvent pris dans les écrans, il a tendance à demander un switch en urgence, sauf que ses partenaires ne suivent pas, ce qui laisse souvent un adversaire seul en périphérie. On a vu ces situations se produire à plusieurs reprises lundi dernier mais également lors des dernières campagnes estivales de l’équipe de France. Le vrai problème, c’est que son efficacité offensive ne permet pas de combler ses failles en défense. On a aussi vu les Allemands cibler Andrew Albicy pour son manque de taille et là encore, on peut se poser la question de sa sélection car oui, il peut mettre une grosse pression sur les porteurs de balle adverses en défense tout terrain mais sur demi-terrain, il sera constamment ciblé donc pas forcément utile (surtout qu'il n'apporte pas offensivement). Globalement, l’équipe de France possède tout de même une bonne défense sans Victor Wembanyama mais avec lui, elle passe dans une autre sphère. Même sur cette partie du terrain, l’écart est colossal entre l’équipe qui joue sans et avec Wembanyama.
Constat: une France déjà Wemby-dépendante
Pas besoin d’être un grand savant pour comprendre qu’il existe déjà une Wemby-dépendance, ne serait-ce que structurelle, pour cette équipe de France. Aurait-il pu en être autrement ? C’est la question à 1 million de dollars. Vincent Collet semble être convaincu que le succès des Bleus passera par la défense. Oui mais, et tous ceux et celles qui ont déjà feuilleté le dernier Mook le savent déjà, on ne peut plus vraiment gagner uniquement grâce à la défense dans basket actuel. Il faut un minimum de pré-requis offensifs pour s’en sortir et l’attaque des Bleus semble beaucoup trop light sans Wembanyama. Ce qui est vraiment problématique dans cette situation, c’est que l’on va demander à un joueur de 20 ans, qui va disputer sa première compétition internationale, de porter tout le jeu (offensif comme défensif) de l’équipe de France. Qu’on le veuille ou non, l’équipe a été construite avec cette idée-là. Ça fait un peu beaucoup pour un si jeune joueur, aussi talentueux qu’il soit, non ? C’est même du jamais vu dans l’histoire. Luka Doncic n’était que le lieutenant de Goran Dragic lors de l’EuroBasket 2017. Se rend-on vraiment compte du poids que l’on est en train de mettre sur les épaules de Victor ? Peut-être que la présence de Nicolas Batum, Evan Fournier et Nando De Colo s’explique justement par une volonté de délester Victor Wembanyama d’un certain poids médiatique. Mais dans les faits, dans le jeu, cette équipe gravite autour de Wembanyama. On prendra peut-être vraiment la mesure du phénomène et du joueur qu’est déjà Victor Wembanyama lors de ce tournoi olympique à domicile. Mais si ça ne se passe pas comme prévu, il faudra être très indulgent avec Victor Wembanyama. Peut-être moins avec Vincent Collet…
Perso je suis très critique sur le coaching de Vincent Collet, il est là depuis tellement longtemps qu'il n'est presque jamais remis en question. Je crois qu'avec un meilleur coaching, la génération Parker Diaw Batum aurait pu être plus dominante. L'attaque des bleus se limite à: si les tirs rentrent on gagne, si on est dans un jours sans, on saigne des yeux en les regardant. Collet mise tout sur la défense mais c'est l'attaque qu'il faut bosser avec cette équipe, depuis des années déjà. Là ils jouent en fer à cheval, personne ne pénètre, tout le monde se regarde, y a rien. Même les passes sont mal assurées.
Vu la somme de talents présente sur le terrain, pour moi c'est le coaching qui pêche, vivement l'après Vincent Collet, ça va faire tout drôle .
Le constat est évident, apparemment Collet à l'air de s'en rendre compte aussi. Du coup les choix qu'il a fait sont encore moins compréhensibles. Fournier et de colo plutot que hifi et okobo, il faudra assumer le moment venu.
On verra vendredi si du nouveau en attaque est mise en place contre les Serbes.
C'est le début de la prépa et on a plus le choix que de partir avec cette équipe de toute façon. Croisons les doigts
Encore une fois, le but n'est pas de dénigrer les joueurs que sont De Colo et Fournier mais effectivement, on l'a trop vu sur le match 2, ils sont incapable d'attaquer leur vis a vis. Les deux pénétrations de De Colo se sont finies par un 0/2 et Fournier n'a jamais attaqué le cercle. Certes, Coulibaly peut slasher, encore faut il que la balle soit poste bas et déjà, c'est compliqué puisque Yabusele a tendance a aller chercher les spots a 3 points.
On lit a droite a gauche que Hifi, il est jeune, pas d'expérience machin....blablabla mais pour autant, Collet colle Coulibaly Wemby et Strazel dans son 5 de départ et on notera que Wemby et Coulibaly, niveau expérience, c'est 60 et 67 défaites. Hifi est vainqueur d'une coupe d'Europe et vice champion de France avec presque tout autant de matchs joués que les nbaers (voire plus avec les fenetres internationnales)
Bref, c'est un faux prétexte de se passer de Hifi (ou Okobo même s'il était trop en dedans) avec ce genre d'excuse, le gamin ayant prouver sur la saison que, tout comme Strazel, il n'avait pas grande peur et que c'était un sacré soldat. Je ne suis pas un fan d'Hifi mais force est de reconnaitre son investissement des deux cotés du terrain et cette part d'étincelle qui peut relancer complètement un match....De Colo sait de quoi on parle....je suis franchement déçu pour lui mais surtout pour nous car encore une fois le discours de Collet ne vaut que pour certains et pas pour d'autres et j'ai bien peur, au final, que l'on soit âprement déçu du parcours de nos bleus