On entre en pleine période de disette basketballistique. Après les émotions olympiennes, nos petits cerveaux dopés à l’adrénaline cherchent un subterfuge pour tenir pendant quelques semaines. Afin de faciliter le sevrage, je vous propose de replonger dans quelques matchs de ma prime jeunesse.
Après ma première rencontre avec les Bulls, un retournement de situation ayant permis aux Chicagoans de remonter 20 points de retard face au Jazz pour l’emporter, le premier match du Shaq que j’ai pu voir.
On est en 1993, donc, et j’ai la crève. J’ai encore le goût des pastilles Drill (les rouges avec un goût chimique) dans la bouche. J’ai réussi à gratter le décodeur pour avoir Canal dans ma chambre (oui, mes parents sont adorables).
A l’époque, ma connaissance de la NBA, ce sont les joueurs de la Dream Team, et basta. Il faut savoir qu’on est peu informé. Je vais apprendre dans peu de temps qu’on peut consulter les résultats sur Minitel (oui, je suis vieux), au 3615 Basketusa, ce qui va considérablement alourdir la note de téléphone familial (je vous ai dit que mes parents sont très gentils?). Il y a quelques magazines aussi, 5 Majeur et Mondial Basket étant mes préfs, avec leurs posters centraux qui ne manqueront pas de bientôt couvrir tous les murs et plafond de ma chambre. Pas Maxi Basket, qui laisse une trop grande place au basket français et européen. Car à l’époque, on avait un mépris profond pour le basket hors NBA (ouais on est con).
Ce n’est que le deuxième match NBA que j’ai la chance de voir, et on m’informe qu’au Magic, un petit jeune du nom de Shaquille O’Neal est sur le point de casser toute la NBA. Le Magic, jeune équipe créée à peine quelques années plus tôt, commence à peine à faire frémir les fans (il est probable que Shaï ne connaissait même pas son existence à l’époque). En face, les Knicks, que je n’ai pas encore appris à détester, mais en bon futur fan des Bulls, ça ne saurait tarder. Les Knicks et Pat Ewing. Les Knicks et leur défense. Coachés par le Boss Pat Riley. Une équipe de grognards, qui jouent sale dur.
Entre les deux équipes, donc, il y a une classe d’écart : l’une est un outsider pour le titre, l’autre n’a jamais joué les PlayOffs.
Les joueurs
Côté Orlando, outre le Shaq, je découvre Scott Skiles, petit meneur à l’allure aussi anecdotique que son fighting spirit est irlandais, recordman du nombre de passes décisives sur un match (30!) ; Nick Anderson, la première star de l’équipe avant l’arriver de Shaq, qui n’est pas encore Nick The Brick; Greg Kite, dont j’apprends que c’est un pote de lycée de Georges Eddy (oui c’est dingue les trucs dont on se souvient 30 ans plus tard). En regardant le boxscore, j’apprends que Steve Kerr faisait aussi partie de cette équipe.
Coté Knicks, outre le grand Pat, on trouve Charles Oakley, le 4 le plus rugueux que j’ai jamais vu ; John Starks, la quintessence du joueur New Yorkais ; Anthony Mason, le gars que tu adores détester; Charles Smith, joueur aussi commun que son nom, dont le mérite principal est de se faire contrer et contrer, et contrer encore; Doc Rivers est là aussi, en fin de carrière.
Le match
Du match, je retiens la puissance brute du Shaq, même si c’est dingue aujourd’hui de le voir si fin. On oublie tellement à quel point il était athlétique à son arrivée en NBA, mélange jamais vu de force, de vitesse et d'explivité. À la technique des plus frustres aussi. Mais ses dunks et ses contres restent ancrés dans ma mémoire, même si je n'ai jamais été fan du joueur.
Fidèle aux standards des Knicks de l’époque, le match est haché, pas très spectaculaire, fermé. Dès ce premier match, je prends parti contre les Knicks, dont je n’aime pas les attitudes et porte ma préférence pour les jeunes outsiders. Qui s’accrochent.
Le match ira en triple prolongation, gagné sur le score pléthorique de 102 à 100, pour le Magic. Qui n’ira pas en playofsf cette année là non plus, malgré 41 victoires. Les Knicks, de leur côté, iront se casser les dents une fois de plus sur MJ et les Bulls, en finale de conf’, et j’en fus bien content.
Le Boxscore : https://www.basketball-reference.com/boxscores/199302140ORL.html
Et quelques images du match
Et toi, ton premier souvenir du Shaq ?