L’équipe de France, c’est moche mais c’est beau

équipe de France basket

Une préparation chaotique, contre des très grosses équipes, qui jouent dur et bien. Alors depuis le début de la semaine, on lit et on entend l’inquiétude des observateurs.

Les sources sont nombreuses et légitimes :

  •  Des paquets de pertes de balle
  • Une adresse fluctuante
  • Un manque de mouvement offensif et de création
  • Des sautes de concentration fautives
  • Un début de Wemby-dépendance.

Maintenant, fermez les yeux, respirez 3 fois, et relisez ces 4 derniers points.
Et imaginez, on est 2 ans en arrière, à la fin de la prépa. Ces 4 points vous surprennent ? Non, on pouvait dire la même chose.

Imaginez maintenant qu’on est 3, 4 5 ans en arrière, et vous aurez la même chose. Le jeu de l’équipe de France n’est pas très beau ni fluide, irrégulier, il y a bien des sursauts par ci par là, mais dans l’ensemble, oui, c’est inquiétant.

Ce qu’il faut en déduire, c’est Nico Batum qui le résume le mieux :

« La prépa, en 15 ans, je n’en ai rien tiré de fiable »

Alors bien sûr, il faut bien que les commentateurs commentent, que les journalistes journalent, que les fans fannisent. Il faut bien que les anti-Collet se défoulent, que les tristes sires puissent se désoler. Ah si on avait Mike James. Ah et puis Heurtel. Bien sûr on peut décortiquer. Voir les défaites et les errances. Ou regardez les séquences encourageantes ou les individualités qui émergent.

La vérité, c’est qu’on a aucune idée de la manière dont cette équipe va attaquer le tournoi dans 5 jours. Aucune idée.

Parce qu’en fait, quand on regarde l’histoire de l’équipe de France, la qualité de jeu entre peu en ligne de compte. Il faut regarder les choses en face, on les kiffe et ils nous insupportent, ils nous ont fait vibrer et hurler devant nos écrans, mais depuis 20 ans, il n’y a jamais vraiment eu de beau jeu en équipe de France, ou seulement sur de courtes séquences.

Je ne compte plus le nombre de fois où Heurtel dribblait à 10 mètres du panier avant de mettre une attaque toute brinquebalante en place. En 2022, l’équipe va en finale en étant plusieurs fois miraculée. En 2009, De Colo se faisait prendre en back door plusieurs fois par match. En 2005, l’équipe était déprimante pendant tout le premier tour, avec Parker, récent champion NBA, complètement à la ramasse.

Parce que c’est ça l’équipe de France, c’est du bordel, c’est des ballons gâchés, des lancers ratés.
Mais c’est aussi du coeur, de l’intensité, des matchs qui font serrer les fesses et sauter sur son canapé. Disons le carrément: du sublime. Et c’est aussi pour ça qu’on les aime.

Je ne dis pas que ça va bien se passer, je n’en ai aucune idée. Mais je sais que les quelques matchs de prépa, victoires ou défaites, style ou pas style, plus ou moins laborieux, ça ne veut rien dire du tout. Parce qu'en prépa, on se prépare, on est pas au bord du gouffre, on ne donne pas tout. Et l'équipe de France ne peut gagner qu'en donnant tout. Parce que ce qui déterminera sa réussite ou pas, ce sera la capacité de ces 12 gars de se serrer les coudes, de garder la tête haute et de laisser leurs tripes sur le parquet. La réussite ne se manifestera pas dans un hypothétique beau jeu, on laisse ça aux Espagnols et aux Serbes.

Quoiqu'il se passe: ce sera moche

Ça peut donner 2007, 2017, 2023. Et on fera ouin-ouin.
Ou ça fera 2011, 2013, 2014, 2019, 2020, 2022.

Mais ça, il est beaucoup trop tôt pour le savoir.

Saint Piétrus, priez pour nous.

Ton analyse sur le jeu de l'EdF est pertinente mais selon moi incomplète.
En effet, depuis quelques années, on constate les mêmes lacunes de l'EdF.
En 2019, on finit 3eme du mondial, avec un coup d'inachevé. Lors des JOs, l'équipe fut a son apogée.
En parallèle, les autres équipes se sont renouvelées, ont progressées.
Hormis a Tokyo, on termine systématiquement derrière l'Espagne. L'Allemagne a un plan sur plusieurs années et a progressé pour finir champion du monde. Le Canada a une "vrai" sélection depuis l'année dernière.
En Edf, on ne voit pas de progression, on entends a chaque "rassemblement" que le groupe part de zéro.
Le basket mondial a fortement progressé ces 4-5 dernières années, mais pas vraiment l'EdF.
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Je vais taper un peu gratuitement sur Collet, mais je trouve surtout que l'on a pas un coaching de grand calibre
notamment digne du haut niveau en Euroleague avec des idées et de la personnalité. On se retrouve avec des attaques vieux jeu et dépassées, sur lesquels Collet est pour moi créaticide et brise le potentiel de l'équipe. La coupe du monde l'an dernier s'était vraiment une giffle tellement le niveau de basket était bon dans les autres équipes sauf la france (et les usa d'ailleurs..). Le leçon de basket reçue par la Lettonie l'an dernier n'a pas été suffisante on dirait...

L'équipe de France propose des effectifs avec des forces incroyables et un potentiel qui est toujours insuffisammenent inexploité. C'est juste frustrant et ce depuis toujours avec cette équipe
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Après avoir suivi tous les matchs de cette préparation, je mettrais quand même un bémol à tout ce bel enthousiasme.

Ce que l'on attend de cette EdF, ce n'est pas du beau jeu... C'est du jeu tout court. En attaque c'est d'une pauvreté abyssale, même les meneurs peinent à remonter le terrain et à lever le nez pour trouver leurs coéquipiers. On a bien souvent 4 plots qui regardent le porteur galérer sans créer grand chose.

Dans la raquette, Wemby et Gobert se marchent dessus, et peinent à se trouver à l'exception de quelques fulgurances. Les lignes arrières sont aussi impuissantes qu'un nourrisson face à un pitbull. Physiquement, ca peine.

Et en defense, le panier au buzzer des Australiens résume à lui tout seul les errances des Bleus : ca ne communique pas, ce n'est pas en place, on sent du potentiel mais on commence à s'impatienter de le voir se réaliser.

Autant je vois de grandes chances de médaille chez les femmes que j'ai suivi avec bonheur, autant les mecs me paraissent tristement à la ramasse, et j'ai eu l'impression de voir toutes les équipes jouer avec, comme un chat avec une souris : tester des équipes bis, le fond du banc, et contrôler quoi qu'il en soit le cours du match face à des Francais perpetuellement fébriles.

Alors oui, c'est un temps de chauffe la prépa. Mais ca montre pas mal de choses quand même. Et même l'envie de se sortir les tripes, je ne l'ai pas senti. J'ai plus eu l'impression jusque là de voir un groupe de benjamins balbutier leur basket, et ne même pas savoir quoi faire de l'arme atomique qu'ils comptent dans leurs rangs.

Pire : j'ai presque trouvé que les passages les plus encourageants (si pas suffisant pour espérer grand chose à terme) ont eu lieu sur certains matchs... Quand ni Gobert ni Wemby n'étaient sur le terrain. Fort de tout ça, j'aimerais les voir aller loin oui. Mais je n'y crois pas des masses je dois bien dire !
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Une autre lecture de votre analyse c'est que depuis 20 ans nous n'avons pas de systèmes et comptons sur le coeur des joueurs. Essayons un nouveau coach !
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Je pense que c'est plus profond que ça. Dans le sens où une équipe nationale ne se gère pas comme un club, mais se retrouve uniquement quelques semaines par an. Si bien que ce n'est pas à ce niveau là que ça se joue vraiment, mais plutôt tout au long de la formation des joueurs. Les Espagnols ou les Serbes, on sent qu'ils ont une académie de jeu depuis le plus jeune âge, une manière de joueur, et une fois en équipe nationale, ça marche comme sur des roulettes.

J'ai l'impression qu'on n'a pas cette culture au sein des équipes de France jeunes, d'inculquer un style de jeu collectif qui sera ensuite reproduit aux étages supérieurs.
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Ce que je trouve vraiment étrange, c'est le nombre d'écrans mal posés ou mal utilisés.
Avec des joueurs de ce niveau, ça ne devrait pas être le cas.
Et au final, ces écrans ne permettant pas de faire une différence et rendent le jeu stérile.
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Je pense que o faiblesse de nos porteurs de balle, engendre cette impression d'écrans pourris. Comme nos créateurs ne font peur ni en pénétration ni à 3 pts les défenses adverses peuvent flotter, gérer, passer en dessous, changer y a pas de mauvaises solutions fassent à nous.
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"Je ne compte plus le nombre de fois où Heurtel dribblait à 10 mètres du panier avant de mettre une attaque toute brinquebalante en place." => complètement d'accord avec vous, et chaque fois ça m'horripile. Ensuite ça finit avec Evan Fournier qui prend un tir chelou, et le pire c'est que ça nous as parfois permis de gagner !
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Je trouve ça dommage de devoir se dire qu'on ne peut pas avoir des résultats et du beau jeu, les eux ne sont pas antinomiques. L'exemple de l'Espagne est d'ailleurs très bon de ce point de vue.
C'est d'ailleurs triste que les EDF n'aient pas une vraie identité de jeu qui permettent à ceux passés par les EDF en jeune puissent s'intégrer plus facilement.
Et le problème est que quels que soient les résultat, il n'y a pas de vraie remise en question.
Si on gagne, la victoire suffit à négliger les lacunes et quand on perd (voire quand on se ridiculise comme l'an passé), rien ne change ...
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C'est sans doute dommage, mais j'ai l’impression qu'en regardant froidement ce qui se passe depuis des décennies, c'est le cas.

On lie souvent ce point à la question de la formation et la construction d'une culture dès les sélections de jeunes. Avoir des systèmes et des principes de jeu cohérents aux différents échelons des sélections nationales par exemple.
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Effectivement, ça part de la détection et de la formation si on vuet avoir un peu plus de cohérence et de continuité
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Tu ne peux pas prétendre faire quelque chose aux JO avec Strazel, Albicy et Ntilikina... A ce poste on est pas loin d'être l'équipe la plus faible ... Depuis le départ de Parker je trouve que c'est très compliqué offensivement, les bonnes perfs ont été faites grâce à une défense de fer, mais quand ça défend moins bien.....
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C'est clair que le poste de meneur est problématique. Petit moment auto-promo, j'en parle ici :): https://www.basketsession.com/edf-quel-meneur-pour-nous-conduire-a-la-medaille-698361/

Cependant, déjà à l'époque Parker, c'était très compliqué. Bien sûr il avait la capacité individuelle de sortir l'équipe de l'ornière un paquet de fois, mais très souvent aussi, il était bousculé, chalengé et on peinait à trouver des relais.
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Par contre depuis 15 ans on a toujours eu (sauf 2016 et 2023):
-une défense de fer sur 40 min
-du jeu rapide pour atténuer la pauvreté de notre jeu placé
-un ascendant athlétique sur la plupart de nos adversaires
-un mental à toute épreuve et un état d'esprit exemplaire

4 certitudes disparues depuis la CDM 2023...
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C'est pas l'attaque qui me gêne, c'est la défense qui est loin de ce qu'on proposait encore en 2022...
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Je suis sûr que si tu retrouves les articles de fin de prépa 2022, tu trouveras aussi ce genre d'inquiétude. En matchs de prépa, c'est sur des séquences qu'on peut juger de la défense, qui n'est à 100% que par période, idem pour la concentration et l'état d'esprit.

C'est sûrement en partie inconscient de la part des joueurs, mais ça me semble particulièrement prégnant pour l'équipe de France. ça fait aussi partie de ce que j'essaye de souligner: les sautes d'humeur et de concentration, il y en a toujours eu un paquet.

C'est pourquoi je pense que la seule grosse question qui se pose, c'est sur la capacité de l'équipe à rentrer dans le dur dès le début de la compétition, à enclencher cette grosse défense sur longue période.

Je ne dis pas que ça va être le cas d'ailleurs, je pense juste que c'est complètement imprévisible et que cette incertitude fait partie de l'ADN de l'équipe depuis 20 ans.
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