Le licenciement de Michael Malone a mis en lumière sa relation conflictuelle avec le GM Calvin Booth depuis plusieurs années. C'est à dire que la personne qui choisit les joueurs de l'équipe déteste cordialement la personne qui manage cette même équipe. N'importe quel employé de n'importe quelle entreprise sait très bien que deux choses sont essentielles au bon fonctionnement de celle-ci : une bonne organisation et une bonne communication. Dans le cas de Denver, on a aucun des deux. Mais le plus surprenant, c'est que c'est loin d'être la seule franchise NBA dans ce cas.
Toutes les franchises NBA ont un head coach et un GM. Chacun a son rôle. Le GM choisit le staff et les joueurs. Le head coach manage les joueurs. On va encore prendre l'exemple d'une entreprise lambda. C'est comme si le processus de recrutement se faisait via le N+2 (GM) et les RH (scouting department) et que l'employé rencontrait son N+1 (head coach) lors de son premier jour en entreprise. Avouons que c'est pas la meilleure solution pour limiter les erreurs. Ce qui est fou, c'est que ce qui semble inconcevable ailleurs est monnaie courante en NBA.
Un manager est un humain avec ses qualités et ses défauts. En tant que tel, il a probablement plus de facilités à gérer certains joueurs avec tel profil psy plutôt qu'un autre, ces profils qui doivent s'adapter à la vie de groupe. De plus, il a une certaine idée de la manière dont il veut voir évoluer son équipe par rapport aux joueurs qui sont déjà en place. Les réunions head coach-front office doivent avoir pour but de déterminer quel est la meilleure option pour améliorer l'équipe. En travaillant main dans la main. Il est évident que ce n'est pas toujours le cas et que certains GM décident unilatéralement de trader tel joueur, de recruter tel autre ou de drafter tel prospect.
J'ai été très surpris cette saison par exemple de voir un numéro 3 de draft passer toute l'année en G-League. Je ne remets pas en question les compétences de Sheppard, qui est un très bon basketteur, mais de la manière dont Ime Udoka voit son équipe, un Stephon Castle ou un Donovan Clingan lui aurait peut-être mieux convenu. Dans la même veine, Minnesota a envoyé deux premiers tours de draft pour récupérer un Dillingham qui n'a pas joué de l'année. Pas sûr que Chris Finch soit fan du joueur. Et inutile de revenir en détail sur le trade de Luka pour appuyer mon propos...
Je n'arrive pas à comprendre où est la difficulté. Le head coach est au courant des obligations économiques imposées par les propriétaires au GM et a conscience qu'il ne peut pas lui offrir l'équipe parfaite. Cependant, il suffit, pour tel poste, de lister les qualités qu'il recherche chez un joueur de la plus importante à la moins importante. Ensuite c'est au scouting staff de jouer. Et tout ce petit monde essaye de faire au mieux avec les moyens à disposition.
La seule explication que je puisse trouver sur la raison pour laquelle autant de franchises sont dysfonctionnelles c'est l'ego mal placé de certains qui pensent tout savoir mieux que tout le monde et préfèrent avoir raison ou tort seul plutôt que de travailler en équipe. Là encore, c'est plutôt facile à éviter au moment du recrutement mais pour cela il faudrait des propriétaires intelligents qui mettent tout en œuvre pour que leur franchise marche bien. Ça n'a pas l'air d'être toujours le cas. Et certains d'entre eux devraient remercier tous les jours David Stern hier et Adam Silver aujourd'hui pour le travail effectué car je me demande comment des entreprises qui pèsent des milliards de dollars peuvent être gérées de manière si incompétente.
Un coach veut gagner tout de suite, ils peuvent rarement se projeter à plus de deux ans, donc le développement des jeunes par exemple leur paraît plus accessoire (cf Udoka)
Les journalistes US blaguent souvent sur le fait que la meilleure façon pour un GM de se maintenir c'est d'accumuler des TDD et de promettre que la team sera meilleure plus tard et qu'il faut leur laisser le temps de mettre le projet en place. Sam Presti a très bien réussi à convertir l'essai à OKC, mais quand même pendant plusieurs années c'était un peu la strat du Thunder. C'est aussi celle de Danny Ainge à Utah en ce moment par ex.
Résultat le GM peut préférer bazarder du joueur compétent maintenant contre des TDD ou des jeunes, c'est bien une façon de maximiser la valeur des assets de la franchise sur le long terme (son job) sans forcément aider à gagner sur le court terme (le job du coach).
Même remarque sur le tanking d'ailleurs, le GM cherche un tour de draft haut (pour maximiser les assets), le coach les victoires, y'a clairement un non-alignement.