Jerry West intronisé au Hall of Fame… pour la troisième fois

Le 13 octobre prochain, 13 personnages importants de l’histoire du basket vont intégrer le Naismith Basketball Hall of Fame. Cela donne l’occasion d’en présenter un par jour, et aujourd’hui place au joueur qui a inspiré… le logo de la NBA, Jerry West. En plus d’avoir été un joueur all-time, il est devenu l’un des meilleurs dirigeants de tous les temps, tous sports confondus, et c’est pour ce rôle qu’il intègre le Hall of Fame en 2024.

Un joueur formidable

On ne va pas tellement s’étaler sur sa carrière de basketteur, puisqu’il a déjà intégré le Hall of Fame pour ses qualités de joueur en 1980. Mais une petite piqure de rappel s’impose malgré tout, car il faut respecter les légendes qui ont fait évoluer le basket-ball.

Jerry West, c’est l’un des meilleurs guards de l’histoire, un homme qui a dominé son époque sous le maillot purple and gold, un scoreur qui a été sélectionné 14 fois au All-Star Game, et qui a remporté le titre en 1972. De plus, il est le seul joueur de l’histoire de la NBA à avoir été élu MVP des finales tout en… perdant les finales, c’est vous dire son niveau de jeu. Jerry West c’est un bonhomme de même pas 1m90 qui est parvenu à dominer une époque où des monstres comme Wilt et Bill Russell hantaient les parquets, c’est un meneur précurseur du dribble et du shoot extérieur, c’est un extérieur qui est à l’origine du terme de « combo guard » de par sa capacité de briller aussi bien à la mène qu’en tant qu’arrière, et c’est un angelinos surnommé « Mr Clutch » pour sa capacité à enquiller les points dans les moments décisifs.

Et après cette carrière couronnée de succès lors de laquelle il a terrorisé tous ses adversaires et atteint des moyennes de 27 points, 6 rebonds et 7 passes sur presque 1000 matchs joués, il a décidé de s’en prendre aux… dirigeants des franchises de la grande ligue, puisqu’il exporte ses talents dans les bureaux en 1979 après un court passage sur le banc de LA.

West, architecte du Showtime...

Et à ce nouveau poste de GM (General Manager), il ne tarde pas à montrer l’étendue de ses qualités. Il est tout d’abord à l’origine de l’ère du Showtime puisqu’il est l’architecte de la dynastie des Lakers qui a regné sur la ligue dans les années 80. Alors que Kareem Abdul-Jabbar est déjà dans l’effectif, il drafte un certain Magic Johnson en 1er choix de la draft 1979 et créer l’axe 1-5 le plus dominant de l’histoire. Alors que de très bons joueurs comme Norm Nixon et Jamaal Wilkes composent déjà l’équipe, Jerry la complète avec un défenseur élite en la personne de Michael Cooper, récupéré au 60ème choix de la draft 1979, avec une 3ème option offensive de niveau All-Star avec James Worthy à la Draft 1982, et en tradant pour récupérer Byron Scott dès sa draft en 1983. Il ne manque plus qu’un coach capable de gérer un tel vestiaire, et pour ce faire, il offre une promotion à un certain Pat Riley en 1981, qui fera de cet effectif une machine à gagner inarrêtable. Cette équipe, qui connaît bien évidemment quelques modifications d’effectif au cours du temps, accède 8 fois aux finales dans les années 80, et sort gagnant à 5 reprises (80, 82, 85, 87, 88), ce qui constitue l’un des plus beaux runs de l’histoire de la ligue.

… et du three peat.

Après quelques saisons passées dans le ventre mou de la conférence Ouest au début des années 90, Jerry va signer l’une des plus belles intersaisons de l’histoire… du sport. Alors que la Draft 1996 approche, West lorgne sur un jeune arrière de 17 ans, et il décide de trader son pivot titulaire, Vlade Divac, pour le récupérer avec le 13ème choix de la draft. Kobe Bryant rejoint les rangs de Los Angeles. Et pour combler le trou béant dans la raquette à la suite du départ du géant serbe, le GM des Lakers parvient trouver un nouveau pivot qui, à priori, devrait faire le taff, Shaquille O’Neal enfile la tunique purple and gold. En un seul été, Jerry West a fait venir deux des meilleurs joueurs de l’histoire, c’est simplement du jamais vu.

Malgré tout leur talent, deux joueurs ne suffisent pas, d’autant que Kobe est encore très jeune. Jerry va alors compléter son effectif avec des joueurs parfaitement complémentaire du duo (Glen Rice, Ron Harper, Dereck Fischer, Rick Fox, Robbert Horry), et avec un coach qui connaît le chemin de la victoire en la personne de Phil Jackson. Ces ajouts permettent aux Lakers de s’affirmer comme une locomotive de la ligue et propulsent la franchise dans les hauteurs de l’Ouest. Après s’être fait sweeper en 98 et 99, l’équipe arrive à maturité pour les play-offs 2000 et parvient à se frayer un chemin jusqu’au graal avec l’obtention du titre contre les Pacers. Ce titre est le moment choisit par Jerry West pour… quitter ses fonctions, le timing est discutable, mais l’équipe qu’il a façonné elle, reste très performante. L’année suivante, LA est encore plus fort et sweep… la conférence Ouest, avant de vaincre de valeureux Sixers en 5 matchs. En 2002, et malgré un scandale d’arbitrage en finae de conférence contre les Kings, les Lakers obtiennent leur 3ème titre consécutif contre les Nets et signent un three peat historique.

La découverte de nouveaux horizons

Alors qu’il était l’homme d’une seule et même franchise depuis 1960, West se lance le défi de (re)lancer les Grizzlies, qui ont connu des débuts plus que compliqué, ce qui a causé leur déménagement depuis Vancouver jusqu’à Memphis. Lorsqu’il arrive en 2002, la franchise truste les bas fond de l’Ouest, l’année d’après, elle participe aux premiers play-offs de son histoire, avant de se qualifier à la postseason les 2 saisons suivantes. Cette reconstruction express permettra à Jerry de remporter trophée de dirigeant de l’année pour la deuxième fois de sa carrière en 2004 (après 1995).

Après avoir quitté Memphis en 2007, il rejoint les Warriors en tant que membre de l’administration, et remporte deux nouveaux championnats de la NBA, en 2015 et 2017, avant d’exporter ses talents à Los Angeles, cette fois aux… Clippers jusqu’en 2024.

Premier joueur à être au Hall of Fame 3 fois

Alors qu’il a déjà rejoint le Hall of Fame en tant que joueur et en tant que membre de l’équipe olympique américaine de 1960, West s’apprête à y entrer une nouvelle fois. Il sera présenté par une liste de légendes longue comme les bras de Wemby, prenez votre souffle, c’est parti : Kareem-Abdul Jabbar, Magic Johnson, Shaquille O’Neal, James Worthy, Bob McAdoo, Pat Riley, Vlade Divac, Del Harris, et Paul Gasol.

Jerry n’assistera malheureusement pas à cette cérémonie en son honneur, puisqu’il a rejoint son ancien coéquipier Wilt Chamberlain dans les étoiles en juin 2024, mais il saura, à coup sûr, profiter de cette ultime récompense, qui vient embellir un palmarès déjà remarquable.