Donovan Mitchell est un joueur à part dans la NBA actuelle. Un arrière bondissant dans le corps d'un meneur (1,85 m au mieux) qui s'est fait une solide réputation de machine à highlights au début de sa carrière du côté du Jazz. Scoreur ultra doué, doté d'un solide tir à 3 points, Donovan Mitchell a rapidement été élevé au rand de superstar. C'est peut-être là son plus grand problème.
Quand tout le monde vous élève si rapidement à ce rang, surtout après ses cartons offensifs en playoffs dans la bulle d'Orlando en 2020, les attentes en deviennent parfois trop grandes trop rapidement. Tout le monde s'attendait à ce que le duo Donovan Mitchell - Rudy Gobert permette au Jazz de Utah d'atteindre les sommets en playoffs.
Malheureusement pour eux, Donovan Mitchell et Rudy Gobert n'ont jamais été capables de porter le Jazz aussi haut, se contentant au mieux d'une demi-finale de conférence perdue contre les Clippers en 2021. Toujours très chauvins (tout comme nous autres Français remarque ...), les Américains ont évidemment tout de suite pointé du doigt Rudy Gobert mettant en avant ses problèmes en défense en playoffs pour justifier les limites du Jazz.
Donovan Mitchell est passé assez longtemps entre les gouttes en Amérique, mais en France, nous avions tous compris qu'il avait sa part de responsabilités dans les échecs de ce duo. Donovan Mitchell n'a jamais été capable de se comporter en leader sur le terrain, ni de développer une relation suffisamment forte avec Rudy pour que le Jazz en bénéficie. La différence est criante sur ce point avec un Anthony Edwards qui malgré son jeune âge a rapidement compris tout l'intérêt qu'il avait à chercher à développer sa relation avec Rudy Gobert pour que les Wolves passent un cap.
Lorsque Danny Ainge est arrivé dans l'Utah, il a rapidement compris qu'il fallait casser le noyau de cette équipe pour passer en mode reconstruction. Au cours du même été, Danny Ainge s'est donc débarrassé de Rudy Gobert et de Donovan Mitchell. Donovan Mitchell rejoignait une équipe des Cavaliers jeune et prometteuse avec l'objectif de prouver qu'il pouvait être un véritable franchise player. Pas uniquement par ses statistiques, mais surtout en faisant gagner son équipe.
La première saison régulière de Donovan Mitchell avec les Cavs fut une réussite puisque sous son leadership l'équipe a atteint le top 4 de la Conférence Est avec un bilan de 51 victoires pour 31 défaites. Les Cavaliers n'avaient jamais dépassé les 50 victoires en saison régulière au cours des années 2000 sans la présence de LeBron James dans l'effectif. La preuve que quelque chose de spécial semblait se mettre en place dans l'Ohio.
Cette saison 2022-2023 permit également à Donovan Mitchell d'obtenir enfin la reconnaissance individuelle qu'il recherche avec une sélection dans la All-NBA Second Team, mais aussi le titre honorifique de Clutch Player of the Year, tout comme une jolie 6ème place au vote du MVP. Ses statistiques parlaient pour lui, tout comme son match à 71 points contre les Bulls en Janvier 2023 qui restait encore dans tous les esprits.
Très attendu en playoffs, Donovan Mitchell et les Cavs allaient décevoir contre les Knicks en perdant 4 à 1. Donovan Mitchell perdit de sa superbe et la jeunesse des Cavaliers les rattrapa dans cette première expérience en postseason pour la majorité de l'effectif. Donovan Mitchell était retombé dans ses travers et tout le monde ne manqua pas de pointer du doigt ses défauts. C'est un peu la même rengaine qui revient encore et encore le concernant : ce n'est pas un leader, il force trop en jouant trop d'isolations, il ne se fait pas violence en défense en mettant à profit ses immenses qualités athlétiques ...
Comme souvent avec les superstars ultra douées offensivement, rien ne leur est pardonné lorsqu'elles ne peuvent faire gagner leur équipe en playoffs !
Cette saison 2023-2024 fut plus compliquée physiquement pour Donovan Mitchell, puisqu'il a du manquer de nombreux matchs du fait d'un genou gauche qui grince. Les Cavaliers ont tout de même tenu la baraque pour atteindre à nouveau le Top 4 de la Conférence Est mais avec un bilan légèrement inférieur de 48 victoires pour 34 défaites. En léger retrait statistique sur le plan offensif, Donovan Mitchell aura soufflé le chaud et le froid tout au long de la saison. Les rumeurs n'ont d'ailleurs cessé de se multiplier tout au long de la saison sur sa volonté quasi certaine de forcer un départ de l'Ohio à l'été ...
Pour autant, les Cavaliers se retrouvaient à nouveau au premier tour des playoffs avec un Donovan Mitchell de retour en pleine forme physiquement au meilleur des moments. Pour lui, toujours le même défi alors que le Magic d'Orlando se profilait en premier adversaire des Cavaliers : prouver qu'il peut être un leader capable de faire gagner une équipe en postseason. Vaste programme !
A 3-2 pour les Cavaliers, Donovan Mitchell voulait frapper un grand coup dans le match 6 sur le terrain du Magic. Il a donc sorti le grand jeu offensivement en scorant 50 points, chose à ne pas banaliser en playoffs à mon sens, mais pour un résultat à nouveau décevant : une défaite qui permettait au Magic d'égaliser à 3-3 et s'offrir un match 7 dans l'Ohio.
Comme toujours, les détracteurs de Donovan Mitchell sont ressortis du doigt pour pointer du doigt que malgré son génie offensif, il n'est pas capable de faire gagner son équipe en postseason car il abuse de l'isolation et a tendance à transformer ses coéquipiers en spectateurs. Ce fut évidemment le cas lors de ce match 6, je ne vais pas vous mentir en tentant de vous faire croire autre chose. Malgré tout, il faut voir que Donovan Mitchell s'est senti obligé d'endosser ce costume en voyant que ses coéquipiers étaient incapables de rentrer leurs shoots. Il a malheureusement eu du mal ensuite à les remettre dans le match en les impliquant plus.
De retour dans l'Ohio, Donovan Mitchell avait une pression énorme sur ses épaules pour ce match 7. Une nouvelle élimination au premier tour des playoffs pour les Cavs auraient signifié un nouveau déferlement de critiques le concernant. Le début de match ne plaidait d'ailleurs pas en faveur des Cavs qui accusaient un débours de 18 points sur un Magic qui s'appuyait sur le talent de Paolo Banchero. Les Cavaliers sauvaient leur peau en rentrant aux vestiaires à la mi-temps à -10. Un moindre mal compte tenu de leur maladresse !
Maladroit en attaque en première mi-temps (3/13 aux tirs), mais bien plus impliqué en défense qu'habituellement, Donovan Mitchell décidait d'enfiler à nouveau son costume de super héros dans le troisième quart-temps au cours duquel il allait scorer 17 de ses 39 points. Mais contrairement au match 6, Donovan Mitchell faisait en sorte de ne pas oublier ses coéquipiers. On l'a vu notamment haranguer à plusieurs reprises son jeune coéquipier Darius Garland qui passait totalement à côté de ce match décisif.
Après un 3-points plein de confiance déclenché en tête de raquette pour lancer le dernier acte, Donovan Mitchell a laissé plus de place à des coéquipiers qui commençaient enfin à sortir la tête de l'eau. On a alors vu Darius Garland commencer à mettre enfin quelques paniers, Max Strus trouver la mire à 3-points, tout comme l'inattendu Sam Merrill, ou encore Evan Mobley venir valider son double-double solide (11 pts, 16 rbds, et 5 blk).
Les Cavs remportent finalement ce match 7 et envoient cette jeune équipe du Magic en vacances. La gestion de ce match 7 aura permis à Donovan Mitchell de montrer qu'il peut être un leader lorsqu'il prend les choses de la bonne manière. En utilisant ses super qualités offensives au bon moment, tout en gardant ses coéquipiers impliqués, mais également en mettant à profit en défense ses immenses qualités athlétiques.
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Interrogé à la fin du match, Donovan Mitchell a tout d'abord répondu sobrement suite à cette qualification pour la demi-finale de Conférence Est des Cavaliers :
"C'est pourquoi je suis ici. C'est mon job."
Relancé pour savoir ce que cette qualification représentait pour lui, Donovan Mitchell a donné plus de détails sur son état d'esprit :
"Je ne veux pas manquer de respect, mais cela ne veut pas dire grand-chose. Nous ne sommes pas venus ici pour gagner le premier tour. Nous avons accompli un objectif, maintenant nous devons le refaire. C'est notre état d'esprit."
Pas le temps de savourer le plus grand comeback de l'histoire de la ligue dans un match 7 des playoffs pour Donovan Mitchell, les Celtics se profilent déjà à l'horizon dans une série qui commence dès mardi. Même si les pronostics ne sont pas en faveur des Celtics, Donovan Mitchell sait bien qu'il devra faire bien plus encore pour faire taire définitivement ses détracteurs. Cette demi-finale de Conférence Est lui en offre une magnifique opportunité. A lui et aux Cavaliers de la saisir !
Mitchell a tout pour plaire (les PO dans la bulle VS Murray, un régal) mais c'est un trou noir collectivement, on avait eu de sérieux indices avec Utah et Gobert.
S'il sauve l'équipe sur ce coup, il ne pourront rien faire de plus que de passer tant bien que mal une jeune équipe comme Orlando.
Un exemple frappant ; en 1ère mi-temps alors que les Cavs sont complètement à la ramasse, Caris Levert tente de dynamiser le jeu en pénétrant et cherchant les décalages. De son côté, Mitchell faisait le plot derrière la ligne en tendant les bras pour recevoir le ballon, sans même chercher à se démarquer ou créer du mouvement.
Un trou noir...