« Si j’étais en match, si je devais choisir - et j’adore Steph Curry et je sais que les gens vont aller sur internet parce qu’ils n’ont pas de vie - si je devais choisir entre Steph et Isiah, j’irais probablement avec Steph dans un scenario », a déclaré Charles Barkley dans le Dan Patrick Show.
Ce matin, je vois ce tweet, et on en discute avec Théo. On se dit qu’il faut voir la source, parce qu’on aimerait bien connaître son raisonnement, peu importe ce qu’on pense de la phrase en elle-même. Eh bah, pour le raisonnement, faudra repasser…
Et c’est pas la faute de Barkley. Non, c’est juste que Dan Patrick n’en a rien à secouer de l’argumentation de Chuck :
Certains journalistes me rendent vraiment ouf. Ils sont complices de la bêtise qu’exponentialisent les réseaux sociaux. Ok, ma phrase n’a pas vraiment de sens. Je veux dire par là que :
1. Certaines personnes et certains fans n’ont pas besoin des réseaux pour être fainéant en matière de réflexion, lâcher des conneries, privilégier les sentences sans argument.
2. Les réseaux sociaux démultiplie tout ça puissance 1000 a minima (pas besoin d’expliquer, il y a des documentaires excellents où des psy et neuro ayant bossé pour ses boites viennent se repentir en expliquant le fonctionnement de tout ça)
3. Et là, t'as donc Dan Patrick qui a l’occasion de demander à Charles Barkley POURQUOI il prendrait Isiah Thomas au-dessus de Stephen Curry. Mais non, ils préfèrent passer à « Isiah et la Dream Team ». Parce que vite, on n’a pas le temps, il faut générer la prochaine phrase qui se retrouvera sur les réseaux sociaux. Isiah plus fort que Curry, check, les gens vont s’en donner à coeur joie. Maintenant, il me faut ma phrase sur la Dream Team. « Michael ne voulait pas d’Isiah dans l’équipe », check. Allez vite, on passe à la suite.
Et le mec doit être satisfait, il pense avoir fait son taf. Il va être repris dans plein de tweets, dans plein de vidéos, sur plein de visuels. Et donc sur plein de sujets différents, car il a réussi à les enchaîner.
Peu importe que par sa faute, les commentaires sous sa vidéo, sous les tweets, se résument à « Putain, n’importe quoi les vieux ils comprennent rien au basket, Isiah Thomas il shootait pas à trois-points » versus « Bien sûr Thomas il défonce Curry qu’aurait rien pu faire à l’époque du vrai basket où c’était encore un sport d’hommes qu’avaient le short sévèrement rempli ».
Des commentaires débiles et sans nuance ? Oui, mais nombreux, très nombreux, sans fin, et ça génère de l’engagement et de la visibilité, ma brave dame ! Amen.
Et il y a bien sûr un troisième type de commentaire : « faut pas comparer les époques ». Comm’ que je comprends parfaitement vu les comm’ mentionnés plus haut malheureusement générés par ces débats. Mais avec lequel je ne suis pas d’accord, cf la suite.
Le mec avait juste à demander « Pourquoi ? ». « Pourquoi ? » c’est la question la plus simple au monde, la question des enfants. Barkley a l’air d’avoir envie de parler, il est tranquille chez lui, pas dans son costard sur le plateau de TNT à être payé à faire le con avec Shaq et à sortir lui aussi le plus de punchlines possibles.
Simplement poser la question « pourquoi ? » et ouvrir la réflexion. Peut-être que la réponse sera nulle. Mais peut-être que Barkley essaiera de se demander ce qu’aurait donné Curry dans les 80s (un immense joueur, bien sûr, mais quel profil, quel type de domination dans le contexte où il aurait grandi dans les 70s ?). Qu’il essaiera de se demander ce qu’aurait donné Thomas dans les années 2020 (un immense joueur, bien sûr, mais quel joueur serait-il devenu s’il avait été formé au début des 2000s, est-ce que ce serait un Chris Paul amélioré, ou plutôt un Kyrie encore plus fort ? Ou moins fort ?).
Peut-être qu’il donnera d’autres raisons et qu’il ouvrira d’autres champs de réflexion. Peut-être que la conclusion sera que « non Curry est au-dessus de Zeke », ou que « oui Isiah peut être choisi au-dessus de Stephen », ou qu’en fait il n’y a pas de conclusion. Et c’est très bien, car au final, le résultat on s’en fout. L’important c’est le type de réflexion que devrait générer ces débats dans un monde idéal, dans un monde où la posture, brosser sa commu dans le sens du poil et faire de l’engagement ne seraient pas les choses les plus importantes.
Ces réflexions obligeraient à aller plus loin dans l’analyse de notre sport. Mais non, la majorité des fans, observateurs et journalistes sont à la recherche d’un « « « moment car peu importe la question, peu importe la réponse » » » comme le dit si dégueulassement Léa Salamé :
Elle ne se cache même pas, c’est une dinguerie. pic.twitter.com/faIApGrVev
— Thierry Normandie (@TitiNormandie) May 3, 2024
Heureusement qu’il reste des gens qui veulent encore réfléchir. C’est pour ça et pour vous qu’on a fait cette nouvelle version du site, d’ailleurs.
Après les journalistes qui font du sensationnalisme sans chercher plus loin le pourquoi du comment, ça a toujours existé. Au hasard, Thierry Ardisson...
Et bravo pour cette nouvelle mouture du site, ça faisait longtemps que je ne commentais plus rien sur les Internets, vous m'avez donnez envie ;)