Les playoffs NBA sont souvent qualifiés de marathon sur le plan sportif. Sur le plan émotionnel, on pourrait comparer les playoffs NBA à des montagnes russes, tant les joueurs, mais aussi les fans, subissent des ascenseurs émotionnels intenses.
Prenez les Minnesota Timberwolves.
Il y a deux semaines, après leur victoire contre le champion NBA en titre, les Denvers Nuggets, tout le monde les voyait comme l'équipe qui allait décrocher le titre cette année. Tout le monde pensait que l'heure de Anthony Edwards et de sa bande était déjà venue. Tout le monde louait le travail remarquable fait par Tim Connelly pour assembler une équipe dont l'objectif principal était de pouvoir battre les Nuggets de Nikola Jokic.
Sur ce dernier point, on ne peut nier que celui qui fut déjà l'artisan de l'assemblage à succès des Nuggets a réussi son coup. Faire venir Rudy Gobert en payant le prix fort était un choix audacieux, que beaucoup ont critiqué, mais qui a fait ses preuves. Rudy Gobert, désormais quatre fois DPOY, a totalement changé le visage défensif des Wolves. Malgré les critiques d'anciens joueurs ou de joueurs actuels comme Draymond Green, Gobert a été essentiel dans la superbe saison des Wolves.
Pour autant, ce roster coûte cher. Très cher même avec le nouveau CBA. Payer la luxury tax n'est pas quelque chose qui enchante le propriétaire des Wolves Glen Taylor. On peut aller plus loin en disant que les possibles nouveaux propriétaires Alex Rodriguez et Marc Lore avaient quant à eux projeté de casser le Big Three des Wolves afin de ne pas avoir à payer cette luxury tax. C'est d'ailleurs ce qui a poussé Glen Taylor à mettre en stand-by la vente des Wolves. Les propriétaires multi-milliardaires comme Steve Ballmer prêts à dépenser à tout va pour maximiser leur chance de remporter un titre ne sont pas si nombreux en NBA.
Si vous actez le fait que les Wolves pourraient vouloir faire des économies l'an prochain pour éviter de payer la luxury tax, vous n'avez pas des tonnes de solutions à envisager. Les Wolves doivent se séparer d'un membre de leur Big Three. C'est d'ailleurs en grande partie ce pour quoi le nouveau CBA a été conçu : éviter que ce type de Big Three puisse demeurer pérenne financièrement. Ou alors à un prix très élevé via la luxury tax.
Anthony Edwards est intouchable dans le Minnesota. C'est déjà une superstar capable de briller offensivement et défensivement. Il a en plus un charisme certain qui peut en faire un des visages de la ligue dans le futur. Les Wolves se doivent de bâtir leur futur avec Anthony Edwards au coeur de leur projet. Malgré ses détracteurs, Rudy Gobert est lui aussi intouchable. Son contrat est XXL bien sûr, et les Wolves n'arriveront pas à obtenir autant que ce qu'ils ont cédé pour le faire venir, mais surtout, il est le leader défensif des Wolves. Les Wolves ont décidé de gagner en misant sur la défense en le faisant venir, et cela est un succès malgré cette défaite en finale de Conférence Ouest contre les Mavs.
Il reste donc Karl-Anthony Towns. L'auto-proclamé meilleur big man à 3 points de l'histoire est le joueur vers lequel tous les regards se tournent au moment d'évoquer la possible fin de ce Big Three dans le Minnesota. Karl-Anthony Towns aura connu un ascenseur émotionnel incroyable en deux semaines. Il aura été aussi décevant contre les Mavs que phénoménal contre les Nuggets de Jokic. Cette inconstance à très haut niveau est probablement l'une des marques de fabrique de KAT depuis le début de sa carrière. Après sa superbe série contre les Nuggets, on pensait que KAT avait changé, mais cette série contre les Mavs nous a ramené ce bon vieux KAT.
Alors qu'il devait dominer PJ Washington par sa taille, KAT a été totalement absent sur les 3 premiers matchs de la série. Fini les efforts défensifs remarquables aperçus face aux Nuggets. KAT est tombé dans le piège des Mavs, symbolisant par la même toute la difficulté pour les Wolves de s'imposer à l'Ouest. Les Wolves ont l'effectif parfait pour battre les Nuggets, mais face aux Mavs, cet effectif montre ses limites.
Karl-Anthony Towns sait bien que sa place chez les Wolves est plus précaire que jamais. Dès la finale de Conférence Ouest terminée, il a tout de suite dit qu'il espérait être encore là dans le Minnesota pour la saison prochaine. Le coach Chris Finch aimerait que cette équipe ait une autre chance l'an prochain de prouver qu'elle peut remporter le titre NBA. Mais personne n'est dupe, et tout le monde comprend bien que KAT est déjà sur un siège éjectable.
Ce qui pourrait permettre à KAT de rester dans le Minnesota, c'est avant tout le manque d'options des Wolves pour le trader. En effet, il sera difficile de répondre simultanément aux 3 critères suivants qui feraient du trade de KAT une réalité :
- Trouver une équipe intéressée par payer KAT au supermax.
- Que cette équipe ait à envoyer des joueurs capables de renforcer les Wolves dans leur objectif de gagner maintenant.
- Que ces joueurs permettent aux Wolves d'économiser de l'argent.
Si vous faites un rapide tour des franchises NBA, vous vous apercevrez rapidement de la complexité de la chose. Tim Connelly risque fort de devoir se creuser la tête tout l'été si le propriétaire lui impose d'économiser de l'argent pour la saison prochaine.
Les chances de voir les Wolves repartir avec ce Big Three la saison prochaine sont donc plus importantes à mes yeux que certains ne l'imaginent actuellement. Avant tout parce que les Wolves auront du mal à trouver une solution permettant d'améliorer l'équipe via un trade de KAT qui amènerait en échange un ailier au profil défensif du type de Lu Dort, un autre role player, et des tours de draft, tout en économisant de l'argent. Si ce scénario se confirmait, les Wolves devraient faire avec une superstar inconstante, capable du meilleur comme du pire en playoffs.
Cette année aura encore une fois prouvé qu'avoir une superstar comme KAT qui shoote à 33/87 aux tirs en finale de Conférence Ouest tout en accumulant les fautes n'est pas quelque chose de viable pour remporter le titre. Les Wolves auront tout l'été pour réfléchir à ce problème et aux solutions potentielles.