Un fiasco. Le flop. Pendant des semaines, les responsables NBA se sont rongés le cerveau pour trouver une solution afin de reprendre la saison tout en trouvant un format qui assurait la participation des New Orleans Pelicans. Selon de nombreux insiders, dont les mieux renseignés, c’était clairement l’une des conditions du retour à la compétition – ce qui écartait d’office le passage direct aux playoffs. Un traitement de faveur rarement, voire jamais, accordé à la franchise de Louisiane. Mais celle-ci a changé de dimension depuis l’arrivée de Zion Williamson à « Crescent City ».
Le phénomène est un produit marketing devenu indispensable pour une ligue qui cherche absolument à limiter ses pertes et à faire remonter ses audiences en berne. Il est jeune, a joué moins de 50 matches chez les pros mais déjà tellement populaire. Sa simple présence a contribué à ce que la NBA mette au point une bulle avec 22 équipes et 8 matches de classement – même si ce n’est évidemment pas l’unique raison ou motivation.
Les Pelicans se voyaient donc offrir une chance d’accrocher le grand huit à l’Ouest. C’était l’équipe à suivre. Et au final, c’est l’une des premières éliminées. Mise hors course avec seulement deux succès en six manches et descendue à la douzième place de sa Conférence. Ça va secouer.
La fête est finie pour Zion et les Pelicans
Parce qu’il y aura forcément du changement au sein de l’organisation d’ici décembre prochain, date à laquelle est censée débuter la saison 2020-2021. Du changement sur le banc notamment. Les jours d’Alvin Gentry aux commandes sont comptés. Il devrait prochainement être renvoyé après cinq années passées à la tête du groupe. L’entraîneur est (malheureusement) une cible facile en cas d’échecs et malgré des circonstances atténuantes, le tacticien a fait son temps. Une seule qualification pour les playoffs en cinq saisons.
Qui pour coacher les Pelicans ?
Tout n’est évidemment pas de sa faute. Loin de là. Mais le langage corporel des joueurs des Pelicans à Disney témoigne d’une formation sans motivation, dépassée par les événements, qui manque de rigueur et n’applique pas toujours les consignes. Bref, le discours ne passe plus. Comme s’il ne tenait plus ses troupes. Le fameux cliché de l’entraîneur qui a perdu ses joueurs. Mais parfois vrai. Pire, cette équipe ne donne pas forcément l’impression de bien vivre ensemble. Même Zion a perdu son sourire.
« Notre attitude était inacceptable », soulignait le rookie après la défaite des siens contre les San Antonio Spurs, synonyme d’élimination. « Notre manque d’état d’esprit a dicté l’issue de la deuxième mi-temps. »
Cette rencontre décisive, Gentry l’avait pourtant présenté « comme un Game 7 » à ses hommes. Avec donc l’obligation de défendre avec acharnement et de ne pas se relâcher. Résultat ? 122 points encaissés et un Brandon Ingram – il n’est pas le seul – qui errait sans âme de ce côté du parquet. CQFD.
Les Pelicans doivent et vont changer de coach mais pour nommer qui ? Les premières rumeurs citaient Jason Kidd et Tyronn Lue… deux noms, mais rien d’emballant. David Griffin, le GM, est lié aux deux : Kidd jouait à Memphis quand il était dans l’encadrement tandis que Lue squattait le banc des Cavaliers lorsqu’ils ont mené Cleveland au sacre en 2016. Rien d’emballant parce que ces deux entraîneurs ne semblent pas avoir le bagage tactique pour vraiment maximiser le potentiel de l’équipe. En revanche, ils peuvent se rapprocher des joueurs.
Un groupe jeune, plein de potentiel
C’est juste qu’avec autant de jeunes talents – Zion, B.I. mais aussi Lonzo Ball ou Jaxson Hayes – on aimerait voir un gars capable de les faire progresser et franchir des paliers. Un Kenny Atkinson par exemple.
L’effectif doit aussi être repensé. Pas nécessairement dans les grandes largeurs. Mais avec des ajustements plus ou moins importants. Déjà, il est temps de laisser Williamson se mettre au cœur du système, un peu comme le font les Dallas Mavericks avec Luka Doncic. Pas les mêmes postes ni les mêmes styles mais la même idée. Les Texans ont très vite construit autour de leur prodige avec des coéquipiers qui collent parfaitement à son jeu. Si le corps de Zion tient, il faut faire de même. Ça implique donc de trouver des partenaires capables d’étirer les lignes.
Lonzo Ball (catastrophique dans la bulle) forme un duo excitant avec le premier choix de la draft 2019. C’est autour que ça doit bouger. On aimerait proposer l’idée de tester la valeur de Brandon Ingram, devenu All-Star cette saison mais on sent que ça ferait bondir et hurler une majorité de fans. Puis, même, c’est sans doute trop risqué de se séparer d’un ailier de 22 ans au potentiel très intrigant qui plante 24 points par match. Pas sûr de trouver une contrepartie vraiment intéressante.
Une nouvelle star en approche ?
Il se murmure que New Orleans songe à se pencher sur les dossiers des deux arrières All-Stars susceptibles de se retrouver sur le marché. Bradley Beal et Victor Oladipo. Le premier nommé serait intéressant au côté de Zion mais pas sûr que les Pelicans soient en mesure de remporter les enchères. En revanche, le cas Dipo mérite réflexion. En envoyant Jrue Holiday rejoindre ses frères dans l’Indiana, les Pelicans peuvent prétendre récupérer le deuxième choix de la draft 2013.
Mais y gagnent-ils vraiment au change ? Revenu d’une longue rééducation après une blessure au genou, Oladipo n’est plus le joueur qu’il était… il y a déjà deux ans. Ce serait un slasheur de plus dans une équipe qui a besoin de shooteurs. Au final, peut-être que les Pelicans ont intérêt à ne pas reproduire avec Williamson les erreurs déjà faites dans le passé avec Davis : ne pas brûler les étapes.
L’envie de mener rapidement l’équipe en playoffs, en structurant mal l’effectif et en brisant toute flexibilité, pour instaurer un semblant de succès dans la tête de Zion, n’est pas une bonne idée. Les éliminations successives au premier tour ne font pas toujours bon effet. Autant accepter la situation. Comprendre que ça peut prendre du temps tout en réalisant qu’un contrat rookie, ce n’est que quatre ans. Ne pas se jeter sur la moindre opportunité. Axer l’équipe autour de lui et espérer qu’il ait le même impact qu’un Doncic à Dallas justement. Pour l’instant, c’est tout ce qui compte à New Orleans.