Aujourd’hui, visualiser Zion Williamson, débarrassé de ses problèmes bien entendu, et Ja Morant auteur d'une saison fabuleuse avec Memphis, ensemble sur le parquet est un fantasme rendu possible uniquement par les matches de gala du All-Star Game. Mais il fut une époque où c’était la réalité. Il faut remonter plusieurs années en arrière, quand les deux jeunes hommes n’étaient encore que des adolescents. Des lycéens. Deux coéquipiers de la même formation AAU, les South Carolina Hornets.
« C’est marrant parce que si j’avais su qu’ils deviendraient des stars j’aurais pris beaucoup plus de photos », plaisante Ricky Taylor, agent immobilier qui a mis sur pied le programme où évoluaient les deux futurs NBAers.
« On essayait juste d’envoyer ces gars-là à l’université pour qu’ils puissent profiter d’une éducation gratuite. »
De toute façon, à part leurs familles et leurs proches, peu sont ceux qui les imaginaient un jour se hisser au plus haut niveau. Il y avait d’autres têtes d’affiche dans leur équipe. Notamment un joueur, Devontae Shuler, figure du programme.
« J’ai joué avec Ja quand on était encore personne. On était des ‘role players’ », révélait Zion Williamson à un J.J. Redick abasourdi lors d’un podcast réalisé pour The Ringer.
« Il y avait ce gars qui joue aujourd’hui à Ole Miss, Devontae Shuler. En Caroline du Sud, c’était lui qui était au-dessus. Je le regardais jouer et je me disais : 'Wow, ce mec fait des coast-to-coast, dégaine en transition comme s'il était Stephen Curry.
J'étais juste un gamin de 14 ans. Personne ne savait qui j'étais. Lui était dans le top-30 des prospects du pays et c'était un scoreur né. »
Joueurs de devoir… c’est vite dit. En réalité, ils étaient tout de même un peu plus que des simples porteurs d’eau.
« C’est comme s’ils formaient un ‘Big Three’ où Shuler jouait le rôle de LeBron », confie par exemple le père de Ja Morant.
Chacun avait ses moments de gloire. Et ils formaient donc une escouade terrifiante pour le reste de la région. Zion était un peu plus jeune que ses camarades. Freshman, il a été surclassé avec les sophomores après avoir claqué un 360 à l’entraînement. C’est alors qu’il a rejoint Shuler et Morant.
« C’était un homme parmi les enfants, même s’il n’était pas aussi grand qu’aujourd’hui. Ce qui était incroyable, c’est que c’était l’un des meilleurs manieurs de ballons malgré sa taille. Il allait au cercle à volonté », poursuit Taylor.
« Mais l’un des trucs dont je suis sûr c’est que je ne l’ai jamais vu prendre un mauvais tir. Ni avec nous, et pareil à la fac et en pro. Il a un pourcentage de réussite très élevé parce qu’il ne prend pas de mauvais tirs. »
Un été puis Zion Williamson s'en va
Et ça, ça illustre la personnalité de la jeune star des Pelicans. Williamson est humble. Presque trop poli. Bien éduqué et soucieux de faire ce qui est bien. Ce qui est juste. Ça se ressent dans son jeu. Mais ça ne l’empêche pas de rouler sur ses adversaires lorsque son corps lui permet. Et ce depuis un moment maintenant. Parce que c’est lors de cet été passé avec Ja Morant et les Hornets qu’il s’est révélé avec des envolées plus spectaculaires les unes que les autres. De quoi attirer les regards d’autres équipes, plus prestigieuses. Il a donc changé de programme la saison suivante. Sans rancune.
« Je me demande toujours à quel point ils auraient pu être spéciaux s’ils étaient restés ensemble une ou deux années de plus », confie le père de Ja.
Les deux ex-coéquipiers sont restés en contact. Chacun a continué sa route, toujours en montant en puissance, au point d’être drafté en première (pour Zion) et deuxième (pour Ja) position de la draft 2019. Ils sont les deux premiers joueurs issus du même état à être pris en 1 et 2 depuis Isiah Thomas et Mark Aguirre (Illinois) en 1981. Une grande fierté pour la Caroline du Sud.
« On aurait jamais cru qu’on serait là à jouer l’un contre l’autre, s’échanger nos maillots en étant les premiers et deuxièmes choix de la draft », commente Zion Williamson.
Le plus fou, c’est que le meilleur reste à venir.
Pourquoi le journaliste qui a préféré Zion à Ja Morant a tout faux