Il n’y a pas si longtemps que ça, Bradley Beal et John Wall avouaient à demi-mot qu’ils ne pouvaient pas se piffrer. Ou, dans des termes plus polis, qu’ils avaient du mal à cohabiter. C’était il y a plusieurs années maintenant. De l’eau a coulé sous les ponts. Mais il faudrait être aveugle ou naïf pour penser que les deux All-Stars des Washington Wizards s’apprécient réellement. Le clash n’est jamais très loin. Pris dans une embrouille avec Wall – qui a quand même le chic pour se glisser dans des incartades en douce – J.J. Barea avait balancé tout haut ce que tout le monde pensait/sentait/savait tout bas : « même ses coéquipiers ne l’aiment pas. »
Ces derniers ont presque donné raison au lutin des Dallas Mavericks quand leur meneur a rejoint l’infirmerie pendant plusieurs semaines. Les déclarations plus suspectes les unes que les autres se sont multipliées dans la presse. Avec du message à peine dissimulé : en ce moment ça joue en équipe, la balle circule plus, etc. Sous-entendu : quand l’autre n’est pas là, l’équipe s’amuse. Jean Mur a fini par prendre les sorties publiques de certains de ses partenaires de manière personnelle. Au point où il a été poussé à régler son différend avec Marcin Gortat. Assez loufoque comme situation.
Les deux premières défaites des Washington Wizards en playoffs n’ont pas arrangé les choses. On a vu un Gortat se prendre le bec avec Wall pendant que Beal enveloppait sa tête dans une serviette. L’image et les résultats laissaient prévoir la suite : une explosion de ce groupe miné par des querelles récurrentes. Puis l’attitude a changé depuis l’arrivée de la série à D.C. L’équipe de Scott Brooks a gagné deux matches avec à chaque fois une grosse performance de son duo d’arrières. Wall et Beal sont en train de prendre le dessus sur Kyle Lowry et DeMar DeRozan. Plus intéressant encore, les joueurs des Wizards ont vraiment rendu hommage à la prestation de leur maestro après le Game 4. Ça a commencé avec Gortat, auteur de 12 points à 6/8 aux tirs.
John Wall (enfin ?) adoubé par les Washington Wizards
« C’est grâce à John Wall. Je suis content qu’il soit en bonne santé. Il me nourrit à la cuillère. Je deviens gras maintenant. Quand il joue de la bonne manière, c’est le meilleur meneur en NBA. S’il fait attention à ses coéquipiers, il est le meilleur. »
Les mots du Polonais ne sont pas choisis au hasard. Lors de leur précédent clash, Wall avait pointé du doigt le fait qu’il « nourrissait » Gortat en paniers « à la petite cuillère ». On peut lire entre les lignes et insister sur la notion de « jouer de la bonne manière ». En gros, quand la star ne pense pas qu’à sa gueule, tout le monde va mieux. Mais il y a quand même un hommage au bonhomme derrière le message. Et inversement. Beal a lui aussi eu quelques mots doux pour son partenaire du crime. Fou de rage – mais vraiment – après avoir été exclu à cinq minutes du buzzer (six fautes), il se serait calmé en pensant à JW.
« Je me suis dit que l’on allait de toute façon gagner parce qu’on avait John sur le terrain. »
Une façon de reconnaître le talent de son camarade. Et son rôle de chef de file, statut convoité par Beal pendant des années (et encore aujourd’hui). Wall a effectivement été impliqué dans dix des quatorze derniers points de son équipe. Il a terminé avec 28 points et 14 passes décisives. Quand ils sont unis comme ça, les Washington Wizards ont tout de même une toute autre allure. Et ils sont donc revenus à 2-2 sans la série.