Courage. Sueur. Fierté. Sang. Force. Larmes. Respect. N’en déplaise à Steve Smith, Glen Rice ou Rony Seikaly, la première superstar du Heat fut Alonzo Mourning. C’était lui le général d’une équipe dont les batailles féroces en playoffs contre les Knicks sont entrées dans la légende NBA. Duels de titans contre Patrick Ewing. Hoya contre Hoya. Riley contre Van Gundy. Mentor contre petit scarabée.
Certes, il avait d’autres joueurs talentueux autour de lui (Tim Hardaway, Jamal Mashburn…) mais Mourning était l’âme et le cœur de cette équipe. Joueur intense, meilleur défenseur de la ligue par deux fois, il jouait souvent (presque toujours) blessé. L’anti Carlos Boozer, quoi.
L’ironie de l’histoire veut qu’il aura fallu attendre que Shaq, rival universitaire détesté, rejoigne le Heat pour qu’il gagne son seul titre NBA, en 2006. Dans un rôle diminué mais essentiel, à 20 minutes mais avec encore 2,7 contres par match. Mais ce qu’on retient du parcours incroyable de Mourning est qu’il jouait encore ! Car ce soldat était passé par d’autres combats entre-temps, bien plus éprouvants.
Une guerre dont on ne revient jamais indemne
Le diagnostic qui tombe. Telle une bombe. La mort en face, en pleine force de l’âge. L’horreur de l’hôpital quotidien. La peur. Les dialyses. Diminué. Ne même plus prendre plaisir à manger. Ne plus voyager. Affaibli. Puis, la greffe de rein. Des tonnes de médicaments à vie. Un système immunitaire dépressif. L’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Le regard de ses enfants. Les millions de dollars qui ne valent plus grand-chose. L’échelle de valeurs qui reprend pied dans la réalité.
Au moment de soulever le trophée de champion NBA, un journaliste lui avait d’ailleurs posé cette question : « Vous avez travaillé très dur pour revenir à ce niveau, vous attendiez ce titre depuis très longtemps. Est-ce que c’est le plus beau jour de votre vie ? ». La réponse de Zo, sobre et pleine de sens : « Pas tu tout, le plus beau jour de ma vie, c’est la naissance de mes enfants ».
Les commentateurs utilisent l’expression « il sacrifie son corps » dès qu’un joueur prend un passage en force. Que dire de Mourning qui a refusé que la maladie lui dicte son destin ? Que de travail et de douleur. Quel amour du jeu. Quel goût a eu ce titre ? On ne revient pas de l’enfer sans être un peu une tête de con, demandez à Toronto (tradé contre Vince Carter, il n'a jamais voulu jouer pour les Raptors et s'est même inventé une blessure pour ne pas venir au Canada...). Mais quelle volonté !
Si vous deviez choisir un coéquipier pour aller au combat, vous voudriez une armée d’Alonzo à vos côtés.
Alonzo Mourning #33
- Pivot/2,08 m
- Teams : Georgetown, Charlotte, Miami, New Jersey, Miami
- Choisi en 2ème position de la draft 1992 par Charlotte
- Stats en carrière : 17,1 pts à 52,7%, 8,5 rbds, 1,1 pd et 2,8 ctrs
- Palmarès : 7 fois All-Star, 2 fois élu meilleur défenseur de l’année (1999 et 2000), 1 fois élu dans la 1st Team All-NBA (1999), Champion NBA en 2006, Champion olympique en 2000, Champion du Monde en 1994, médaillé de bronze au Championnat du Monde 1990, médaillé d’argent aux Goodwill Games 1990, 11ème meilleur contreur de l’histoire avec 2 356 ctrs