Pourquoi Thunder - Spurs est une finale de rêve

Le Thunder et les Spurs sont deux équipes complètement différentes. Mais elles nous offrent un basket total. Une confrontation de rêve, tout simplement.

On peut parler de stratégie, de systèmes de jeu respectés à la lettre et mettre en lumière la mécanique fluide et la coordination parfaite des San Antonio Spurs. On peut évoquer l’absence d’une « vraie » organisation du jeu à Oklahoma City et émettre des doutes sur les tactiques offensives de Scott Brooks. On peut reprocher à Russell Westbrook de ne pas être le meneur de jeu idéal, formé dans l’éternel moule « classique » du parfait gestionnaire. On peut même aller jusqu’à critiquer Kevin Durant et estimer qu’il ne s’impose pas TOUS les soirs comme le meilleur joueur sur le parquet. Ou alors, on peut simplement s’asseoir, contempler les deux stars dans leurs œuvres et apprécier la chance d’observer deux jeunes joueurs aussi talentueux évoluer dans la même équipe, se battre pour le même objectif et la même passion. Tout comme on peut s’extasier devant la beauté du basket en mouvement des joueurs de Gregg Popovich, un groupe de vétérans chevronnés et revanchards, déterminés à conquérir une nouvelle bague.

Thunder - Spurs, le choc des cultures

Cette finale de Conférence entre le Thunder d’Oklahoma City et les San Antonio Spurs nous permet d’apprécier l’art du basket dans toutes ses formes. L’art, justement, est une notion abstraite qui peut se représenter de nombreuses façons différentes. Selon les goûts, certains pencheront pour la symphonie rythmée et méticuleuse du collectif texan et d’autres pour les prestations scéniques hors du commun des stars du Thunder. Les hommes de Gregg Popovich pratiquent un basket bien léché. Chaque joueur est à sa place. Chacun met ses capacités techniques au service du groupe. Chacun à un rôle précis et chacun contribue au succès de son équipe du chef d’orchestre, Tony Parker, au dernier homme du banc. Les clips en hommage aux performances collectives et « beau » jeu des Spurs se multiplient sur YouTube. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=-6NbJMq-QfU[/youtube] Mais comment définir ce qui est beau ? Peut-on vraiment estimer que le Thunder ne pratique pas du « beau basket » ? A l’inverse, ce ne sont pas les vidéos en l’honneur du collectif de l’équipe d’Oklahoma City que l’on retrouve sur internet mais essentiellement des highlights des performances exceptionnels et des actions époustouflantes de Kevin Durant ou Russell Westbrook. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=J98AaWUF9kM[/youtube] Et il arrive parfois que le talent « pur » fasse la différence, comme ce fut le cas cette nuit. On peut décortiquer l’impact – même psychologique – du retour de Serge Ibaka sur l’ensemble des acteurs de la série. Mais ce sont bien Kevin Durant et Russell Westbrook qui font plier les Spurs depuis deux matches. On dit souvent que l’équipe qui compte le meilleur joueur sur le parquet finit par remporter une série. Le Thunder, aussi imparfait soit-il, dispose des deux meilleurs acteurs sur le parquet. Quand les joueurs des Spurs s’en remettent à des systèmes de jeu maîtrisés sur le bout des doigts et à la force de leur collectif, Oklahoma City s’appuie sur le talent de ses deux superstars pour faire la différence. Hier soir, les capacités athlétiques, l’énergie et les qualités intrinsèques de « KD » et « RW » ont pris le dessus. C’est la réalité d’un match, d’une soirée. On aime souligner la dépendance d’OKC au tandem Durant-Westbrook mais on oublie trop souvent de noter à quel point ces deux joueurs sont capables de prendre une série à leur compte.

Le goût de l’imparfait

Dans son dernier livre Eleven Rings, Phil Jackson nuance l’importance des systèmes de jeu et préfère mettre en avant la synergie et l’entente entre les membres d’un groupe. San Antonio comme Oklahoma sont deux équipes unies. Mais cette union se traduit juste différemment sur le terrain. On peut estimer que les « talents » des stars du Thunder seraient certainement mieux exploité au sein d’un système offensif plus strict, mieux organisé avec une meilleure répartition des rôles. Mais cela ne nous empêche pas de bondir de notre siège ou d’avoir le souffle coupé lorsque Westbrook claque un dunk ahurissant ou lorsque Kevin Durant enchaîne trois tirs primés consécutifs. On peut refaire dix fois le monde en imaginant ce qu’aurait donné le Thunder si James Harden avait été conservé au sein du groupe. On peut reprocher à Scott Brooks sa gestion des jeunes et son manque de stratégie offensive. On peut regretter l’impact fluctuant du banc. Le Thunder est une équipe imparfaite mais c’est justement ce qui fait son charme. A l’image de Russell Westbrook, elle est imprévisible. Frustrante par moment, éblouissante la fois suivante. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=kxVAOoQeNJ8[/youtube] On peut penser que son meneur supersonique doit driver sa propre franchise. Que Durant et Westbrook sont amenés à se quitter un jour ou l’autre. Mais le constat saute pourtant aux yeux : ces gars-là savent jouer ensembles et ils peuvent gagner ensembles. Avons-nous tous déjà oublié discours du MVP ? « Russell, tu es mon frère, je sais que les gens critiquent ta façon de jouer mais j’assurerai toujours tes arrières. C’est grâce à toi que j’en suis ici aujourd’hui. J’ai toujours voulu te battre à l’entraînement mais tu mets la barre très, très haute. Je t’aime Russ. » Comment peut-on penser après une telle déclaration – et Durant était sincère – que les deux stars ne sont pas capables de cohabiter ensembles ? Rien ne dit que le Thunder sera champion NBA. Rien ne garantit non plus que la franchise parvienne à éliminer les Spurs. L’équipe qui a les meilleurs joueurs peut l’emporter, tout comme l’équipe avec la meilleure cohésion collective peut prendre le dessus malgré un « déficit » de talents –ce qui évidemment est à nuancer dans le cas des Spurs, l’une des meilleures équipes de la ligue depuis plus d’une décennie. Peu importe qui sortira vainqueur de cette finale de Conférence entre le Thunder et les Spurs. Nous avons de la chance de pouvoir assister à un tel spectacle, avec autant de joueurs talentueux et de caractéristiques différentes des deux côtés. Que le meilleur gagne.

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