Avia 855, la méconnue
Avant de se faire ferrer par Nike sur les conseils avisés de His Airness, Scottie Pippen débarquait en NBA avec des Avia aux pieds. Ne rigolez pas, la marque était à l’époque assez populaire, et pas mal de joueurs en portaient. Clyde Drexler et Kevin Duckworth à Portland, et même John Stockton un peu plus tard. Le rookie des Bulls a lui opté pour une low, la 855, ce qui était assez rare pour un joueur de sa taille. Avec son cuir blanc et rouge et son tag très 80s « For The Fast Game », cette Avia est pourtant loin d’être la plus moche sneaker de cette période.Nike Enterprise Tennis, la surprise
Que tous les sneakerheads purs et durs qui lisent cette page l’avouent : c’est LA paire qui nous a fait bondir de notre canapé en visionnant ce second épisode de The Last Dance. Portée par MJ lors de sa convalescence suite à sa blessure au pied (avec l'autre dans un vilain plâtre), cette Enterprise est une pure chaussure de tennis en cuir et mesh qui préfigure la future Court Challenge. Le tennis, un des sports favoris de Phil Knight, grand boss de la toute jeune marque au swoosh, n’était pas certain de vouloir l'emmener durablement sur les terrains de basketball. Pour beaucoup Nike était une niche, principalement dédiée au running. Pourtant dans les années 80 les joueurs de tennis sont des stars mondiales, notamment aux US un certain Jimmy Connors, que le VP Rob Strasser rêve de faire signer. Le Phil part le rencontrer à Wimbledon, mais personne n’a de nouvelles du deal. Trois jours plus tard Gloria Connors, la femme de Jimmy, appelle très agacée pour demander des explications sur le fait qu'on ait pu oser annuler le rendez-vous avec son illustre mari. Strasser demande à Knight ce qu’il a foutu, et ce dernier lui répond : « ah oui Connors, bah non j’ai trouvé un petit jeune bien mieux qui s’appelle McEnroe ». Alors que depuis toujours seule la performance des athlètes permettait de faire vendre des chaussures, on se rend compte qu’un autre facteur peut entrer en compte : la personnalité, et un putain de swag.Jordan 1, l'incontournable
Dans notre premier recap des sneakers de The Last Dance, nous vous avions invité à la cérémonie de mariage entre le pied de Mme Jordan et le fessier de son prodige de fils qui ne voulait pas aller à Portland rencontrer les pontes de Nike malgré leurs nombreuses invitations. Qu’à cela ne tienne, les gars sont têtus et sur les conseils d'un certain Sonny Vaccaro, vont à Washington discuter avec David Falk, agent historique de Jordan. Ce dernier avait de grandes idées pour son poulain, et voulait surtout qu’il soit associé entièrement à la technologie Air, qui en était à ses balbutiements (la Air Max 1 était encore à l’étude et la Air Force 1 sans grand succès commercial). En prononçant les mots « Air Jordan », Falk ne convainc pas. Les commerciaux de Nike ont immédiatement pensé à un nom de compagnie aérienne du Moyen Orient, et ont moyennement aimé. Mais Strasser est à fond les ballons. Dans l’avion du retour, le designer Peter Moore griffonne sur une serviette en papier ce qui sera le futur logo Wings, un ballon de basketball entouré d’ailes et d’une bannière. MJ prend donc son coup de latte et se présente devant la team Nike (qui n’avait, aussi incroyable que cela puisse paraitre, jamais fait de présentation vidéo et chiadée) avec une impatience et une mauvaise volonté à peine dissimulées. Les arguments sont forts : développement d’une « marque Jordan » à travers une collection sneaker et textile, le tout autour d’une personnalité qui va au-delà du basketball. Mouais… Ok, on continue : Jordan voulant jouer avec des chaussures aux couleurs d’UNC, il faut lui expliquer que la NBA n’allait pas être d’accord, et que du coup il fallait rester sur le rouge et noir des Bulls. On en revient à la fameuse Rule 51 sur le code couleur dont nous avions parlé pour la Air Ship.« Ok, mais je veux quelque chose de simple, proche du sol, pas un de ces modèles avec plein d’amortis ».
Le kid sait ce qu’il veut. Et il l’aura. Avec plus encore. Les publicités ( «la NBA l’a interdit, mais rien ne vous empêchera de porter les nouvelles Air Jordan»), la mythe de la 1 bannie et source d’amende alors qu’elle ne sera portée pour la première fois qu’en février 1985 pour le All-Star Game, … Mais surtout Nike devient soudain une marque estampillée basketball dont les jeunes Américains raffolent. La 1 et son coloris Chicago seront portés plus d’une année par Jordan, le temps qu’il revienne de sa blessure et atomise les compteurs de la Ligue en playoffs. Marrant qu’on le compare alors à Dieu, pour quelqu’un qui ne voulait pas les chaussures du diable… https://www.youtube.com/watch?v=zkXkrSLe-nQ