« En Argentine, très tôt on t'enseigne ce côté vicelard, rusé, un peu pute. »REVERSE : Il y a une culture du sport en Argentine assez fascinante quand on compare avec la France par exemple. Omar Da Fonseca : Le sport est magnifié, on le met presque trop en évidence. En France, on te parle d'éducation scolaire, d'apprendre des concepts, l'histoire du pays et des autres... En Argentine, on est dans une société où, à la télévision, dès le matin, tu as les entraînements de toutes les équipes de foot comme River ou Boca sur cinq chaînes différentes. Le nombre d'abonnés aux chaînes de sport est impressionnant. C'est comme en Espagne ou beIN Sports a dix millions d'abonnés ! Très tôt, on t'endoctrine presque pour que tu fasses du sport. Tu peux regarder mon carnet de santé. A huit mois, j'étais déjà socio (des supporteurs-actionnaires – ndlr) du club de Velez Sarsfield. On t'oblige à te sentir concerné. Les femmes, les grands-mères, c'est pareil. Et c'est omnisport, puisque beaucoup de clubs majeurs ont des sections foot, basket, volley, tennis... REVERSE : A l'école aussi c'est donc très axé sur le sport ? Omar Da Fonseca : Tu peux faire du sport du matin au soir dans certains cas. On pense différemment. Les sports de réflexion sont aussi intégrés à l'éducation. Les échecs et les dames sont considérés comme une matière. On accepte presque plus que tu sois ignorant de l'histoire du pays que de l'histoire du sport. Très jeune, il y a une compétitivité, de la concurrence. Tu es galvanisé pour accomplir une performance. On t'enseigne rapidement ce côté vicelard, rusé, un peu « pute ». C'est là qu'est parfois la limite... Aujourd'hui encore, on continue de valoriser la main de Maradona, « la main de Dieu ». Comment veux-tu expliquer à tes enfants que c'est bien alors que le gars a dérogé à la règle et entubé l'arbitre ? REVERSE : Quelle a été la portée du titre olympique de 2004 ? Omar Da Fonseca : Les basketteurs et cette génération avec Manu Ginobili, Luis Scola ou Andres Nocioni sont une fierté là-bas. Les gens et les fans de basket aiment rappeler qu'ils ont battu Team USA. Ce n'est pas comparable à ce que provoque un sacre en football – et on l'attend depuis longtemps – mais ça a eu un bel écho. Surtout qu'ils ont gagné avec de la classe, du génie et de la grinta. C'était plaisant pour les puristes, mais aussi pour ceux qui suivaient moins avant. Le fait qu'ils aient renvoyé une belle image de l'Argentine joue aussi là-dedans évidemment. En tout cas, personnellement, j'ai beaucoup de respect pour les basketteurs argentins.
Da Fonseca : « Ginobili, c’est l’élégance, la beauté »
Voix inimitable et passionnée du football sur beIN Sports, Omar Da Fonseca connaît évidemment l'amour qu'ont les Argentins pour le basket. On a parlé avec lui du rapport unique et passionnel entre ses compatriotes et le sport.
Exprimez-vous