Saluons ce que fait OKC avant que la réalité, et possiblement un lifting hivernal, ne viennent ramener le Thunder à une place plus conforme aux attentes de début de saison. Après avoir réussi un deuxième comeback retentissant en deux matches (26 points de retard contre Chicago, puis 24 la nuit dernière face à Memphis), l'équipe qui a subi la saignée la plus violente de l'intersaison pointe à la 7e place de la Conférence Ouest. Il reste 55 matches à jouer. C'est énorme et il peut se passer beaucoup de choses d'ici la fin de la saison régulière. En attendant, il est assez prodigieux de voir ce que sont capables de faire les joueurs de Billy Donovan depuis la mi-octobre.
On parle d'une équipe qui a perdu Russell Westbrook, MVP 2017 et machine à tracter un groupe à la force du poignet, et Paul George, troisième du dernier classement du MVP et two-way player d'élite. En retour, le Thunder a récupéré un meneur vétéran frustré, Chris Paul, un ailier de 31 ans efficace mais souvent blessé, Danilo Gallinari, le très prometteur Shai Gilgeous-Alexander, et une palanquée de tours de Draft. De superbes atouts pour reconstruire via des trades à moyen ou long terme, mais pas pour performer immédiatement dans la plus difficile des deux Conférences. Surtout avec un banc aussi limité d'apparence, où Dennis Schröder fait office d'unique pétard ambulant au côté de basketteurs inexpérimentés (Darius Bazley), plus habitués à des rôles au bout du banc (Abdel Nader), ou des éléments à la trajectoire en berne (Nerlens Noel).
Le meilleur défenseur de l'équipe, Andre Roberson, est toujours incapable de jouer au basket, un cadre comme Steven Adams est sur le trading block depuis 2 mois et Billy Donovan a vu ses compétences remises en cause après les échecs répétés depuis le départ de Kevin Durant. Bref, tout était réuni pour une bonne grosse saison de transition ou même de tanking, volontaire ou non. Au lieu de ça, Donovan est en train de regagner ses lettres de noblesse acquises à Florida. L'ancien coach de Joakim Noah chez les Gators s'appuie sur le leadership de Chris Paul, moins passeur, mais bien plus prolifique (16.3 points contre 15.6 la saison dernière) et adroit (47.1% contre 41) à la finition. Plus à l'aise, aussi, dans la peau du chef de meute exclusif, sans autre superstar à ses côtés.
"Chris se soucie de tout le monde et il est particulièrement attentif aux jeunes joueurs. C'est génial de pouvoir s'inspirer d'un joueur comme lui", a expliqué Shai Gilgeous-Alexander au micro de FranchiseOK.
La menace d'un nouveau lifting à OKC
Avant ce match contre Memphis, "CP3" avait d'ailleurs décidé d'offrir des costumes haut de gamme à tous ses coéquipiers pour arriver à la salle. Les sourires étaient de mise et on a pu voir, comme le veut le cliché, que "le groupe vit bien". Même Steven Adams, qui n'avait sans doute plus revêtu un tel accoutrement depuis sa Draft... Sur le terrain, tout va pour le moment à merveille ou presque. Le Thunder n'est bien classé dans pratiquement aucun classement statistique majeur - 21e moyenne de points marqués, 13e moyenne de points encaissés - mais compense par un partage du ballon et de l'effort. Une ombre plane toutefois depuis des mois sur ce groupe dont la durée de vie a presque déjà dépassé les attentes : un nouveau lifting avant la deadline des trades le 6 février.
- Danilo Gallinari, en fin de contrat l'été prochain, est typiquement le genre de pièce qui peut manquer à une équipe pour passer un cap en playoffs. A 22.6 millions de dollars la saison et avec son historique de blessures, il est peu probable qu'il se fonde dans le décor d'OKC très longtemps. Un trade contre des picks ou un sign and trade à la fin de la saison sont des options crédibles.
- Chris Paul, que l'on n'était même pas sûrs de voir porter les couleurs d'OKC un jour, est parti pour rester au moins jusqu'à l'été prochain. Son contrat gigantesque et le manque de marge de manoeuvre des équipes potentiellement intéressées devraient pousser le Thunder à l'immobilisme. Avoir un futur membre du Hall of Fame comme mentor pendant une ou deux saisons est un luxe pour cette équipe.
- Steven Adams ne sera en fin de contrat qu'en 2021 et son salaire (25 millions cette année, 27 la saison prochaine) est un peu élevé pour beaucoup de monde. Très populaire à OKC, le Néo-Zélandais semble pouvoir au moins finir la saison à la Chesapeake Energy Arena sans être bradé comme on l'a cru un temps.
- Dennis Schröder a encore deux ans de contrat à un tarif raisonnable (15.5 millions la saison) pour un 6e homme à 17.5 points par match. L'Allemand sort du banc mais a visiblement des envies de retrouver une place de titulaire. Terry Rozier, qui est dans des moyennes similaires, est titulaire à Charlotte et gagne 8 millions de plus par an. Si une équipe sans un starter indiscutable à la mène veut discuter - on pense à Orlando - OKC pourrait là aussi récupérer des choses intéressantes.
Si le Thunder continue de faire la nique à des formations initialement plus ambitieuses - Sacramento, Portland, San Antonio et Minnesota pour ne citer qu'elles, Sam Presti attendra sans doute un peu avant de presser à nouveau le bouton reboot. L'exemple des Los Angeles Clippers 2018-2019, chouchous du public la saison dernière sans superstar et avec un effectif que tout le monde pensait précaire, est inspirant. Oklahoma City n'est pas le même marché que L.A., c'est une évidence, mais le chemin emprunté peut tout de même servir de blueprint. Les Clippers avaient perdu tour à tour Blake Griffin, Chris Paul et DeAndre Jordan, se renforçant quasi uniquement avec des joueurs considérés alors comme en transit. Ce sont pourtant les Montrezl Harrell et autre Lou Williams qui ont permis aux Californiens de rester compétitifs et d'accélérer le processus de reconstruction. Il n'est évidemment pas dit qu'OKC soit en mesure d'attirer un Kawhi Leonard ou un Paul George. Mais la compétence et le professionnalisme sont des valeurs de plus en plus appréciées en NBA, que l'on soit sur un marché dominant ou non. Sam Presti continue de travailler à merveille et avec audace dans cette direction.