"Tu m'as dit que tu allais devenir meilleur que MJ"
Shaquille O'Neal : Tu te rappelles ce que tu m'as dit la première fois qu'on s'est vu ? Kobe Bryant : Que j'allais être le meilleur joueur de tous les temps ? Je ne m'en souviens pas, mais ça ressemble fort à quelque chose que j'aurais pu dire (rires). Shaquille O'Neal : Tu m'as même dit que tu allais devenir le Will Smith de la NBA. Tu m'as aussi dit que tu allais être meilleur que Michael Jordan. Je sais que ça t'a guidé. Le jour où tu l'as dépassé [au classement des scoreurs] je suis sûr que tu t'es pavané dans ta voiture. Kobe Bryant : "Tu sais quoi ? Je pensais que ce serait le cas. Quand je suis arrivé dans la ligue, il avait tous ces surnoms, Black Panther, Black Jesus, je voulais voir ce qu'il en était en l'observant de près. Mais au final, le gars est devenu mon grand frère. Il a vu quelque chose en moi qui lui a rappelé ce qu'il était. Il m'a pris sous son aile. M'a montré et enseigné beaucoup."J'ai remarqué que tu ne respectais pas les gens que tu étais capable de victimiser.Kobe : A l'époque, j'étais allé voir un match à Orlando, vous jouiez contre les Pacers. Penny Hardaway était un peu mon modèle et j'étais allé le voir pour prendre une photo, mais il m'avait rembarré. Toi tu m'avais dit de venir en prendre avec toi, tu m'avais demandé d'où je venais, etc... C'est notre première rencontre. Shaq : Moi je me souviens de quelque chose, je ne sais pas si tu es au courant. Je jouais toujours à Orlando, on était à Atlanta. On reçoit un appel de Jerry West à 2 heures du matin avec mon agent, on était en soirée. Il me dit : j'ai ce que tu m'as demandé. J'avais demandé 150 millions et Jerry m'en a obtenu 120. Avant que je ne signe mon contrat dans la foulée, il m'a arrêté pour me dire : 'Ecoute, je viens de recruter ce gamin, Kobe Bryant, à Charlotte. Ensemble, vous allez décrocher trois ou quatre titres'. C'est la première fois que j'entendais parler de ton talent. Ce que j'aimais chez toi, c'est que tu en voulais déjà. A 18 ans, tu étais l'un de ceux qui en voulaient vraiment dans l'équipe. Le match contre Utah, où tout le monde t'est tombé dessus après ton airball, je ne t'en voulais pas. Sur les images, on peut voir que je suis le premier à venir te voir et à te parler. Je t'ai dit que les gens riaient aujourd'hui, mais qu'après ils auraient peur de toi dans les dernières minutes. Je sentais ça chez toi à 18 ans". Kobe : Moi je me rappelle du premier entraînement de Travis Knight avec nous. Tu as annihilé ce gamin avec du trashtalk, il avait peur de monter dans le bus. Et là j'ai remarqué que tu ne respectais pas les gens que tu étais capable de victimiser. Tu les testais et regardais ce qu'ils étaient prêts à laisser passer. Comment Kobe est devenu un leader grâce au compositeur de Star Wars
"Ce n'était pas encore mon moment, ce titre, c'était le tien"
Shaq : Mon moment préféré de Kobe Bryant, c'est le match où je me fais éjecter en Finales contre Indiana. Je me dis : 'Et voilà, j'abandonne encore l'équipe'. Tu as posé ta main sur moi et m'a dit : 'Ne t'inquiète pas grand, je m'occupe de tout'. Kobe : Ce n'était pas encore mon moment. Ce titre, c'était le tien. Tu avais bossé dur pour nous emmener jusque-là. Il y a un truc que tu ne sais pas sur ces matches contre les Pacers. L'été d'avant, j'avais tourné un truc sur le campus de UCLA et Reggie Miller était là. Je lui ai dit : jouons en un contre un. On l'a fait et je l'ai étudié à la loupe. En attaque, en défense, pour voir ce que je pourrais exploiter. Quand on a joué contre eux, je savais à quoi m'attendre, je savais quoi exploiter chez lui.Je t'ai dit : 'Qu'est-ce que tu vas faire ?' J'ai vu une grosse main venir dans ma directionShaq : Entre 96 et 99, c'était le pire point de frustration pour moi. Ça l'était peut-être un peu pour toi, mais pour moi, être considéré comme le meilleur big man mais ne pas réussir à gagner un titre... Je crois que ça nous a mis un coup à tous les deux. Je sais que tu voulais gagner et moi aussi. J'étais un peu fou. Je ne voulais pas qu'on ait ce statut de joueurs qui n'ont pas de titre. J'avais lu dans le journal que Kareem Abdul-Jabbar avait dit, quand on lui pointait mes stats, que je n'étais pas encore un grand puisque je n'avais rien gagné. Quand Kobe a dit merde au load management pour défier Vince Carter
"Pour moi, on allait se battre et ça allait être génial, même si j'allais me faire cogner"
Kobe : Je comprends ton point de vue de l'époque. On te disait, 'Sois patient avec ce gamin, sois patient'. Mais tu ne pouvais pas l'être parce que tu devais gagner maintenant, du coup le 'gamin' devait grandir maintenant. Notre première embrouille, c'était pendant la saison du lock-out. C'est là que tu as dû te dire : 'OK, ce mec est fou'. On jouait un pick up game à Southwest College, dans des équipes différentes, et on se parlait mal. Tu n'arrêtais pas de dire : 'prends ça petit bâtard, prends ça !' J'ai regardé autour de moi et me suis rendu compte que le bâtard c'était moi. Donc j'ai dit : 'Qu'est ce que tu vas faire, hein ?' C'est là que j'ai vu une grosse main venir dans ma direction et je me suis décalé pour l'éviter. Les autres sont venus pour arrêter ça. Je me suis rendu compte que tu recherchais ça, que ça te touchait, que ça te consumait. J'ai compris à cet instant qu'on parlait le même langage. Quels qu'étaient nos désaccords, on savait que l'on devait gagner. On devait trouver un moyen pour que ça fonctionne et on l'a fait. Quand il y a eu les déclarations dans la presse entre nous, j'ai roulé vite pour arriver à l'entraînement. C'était moi au max de ma folie. Pour moi, on allait se battre et ça allait être génial. J'allais me faire cogner, mais ce serait bon. Au final, Brian Shaw était déjà là sur place pour calmer les choses. [...] Je sais que j'ai allumé le feu. Je sais parfaitement ce que j'ai dit. Je me disais qu'on allait agir en adultes et se battre pour régler ça."Tu vois, c'est ça qui me rendait fou !"
Shaq : Après le premier titre, j'étais heureux. Dans ma tête, tout était terminé, j'allais pouvoir faire ce que je voulais. Mais les gens ont commencé à se demander si on pourrait le refaire, si on pouvait devenir une dynastie. Ça m'a agacé, mais je savais qu'avec toi j'aurais quelqu'un de toujours prêt. C'est pour ça qu'il y pas mal de fois où j'arrivais au training camp hors de forme. Je n'avais pas besoin d'être en forme pour dunker. Parce que je t'avais, je pouvais me la couler douce". Kobe : "Tu vois, c'est ça qui me rendait fou !" Shaq : "Je me prenais des coups, on me faisait du hack a Shaq, j'étais crevé mec ! J'étais à la maison, à la cool en train de nager et de boire des pina coladas. Je me disais : 'C'est bon, le gamin dans mon équipe peut marquer 40 points quand il veut". Kobe : "Moi pendant ce temps-là je passais 10 heures à la salle"."On était le duo le plus dominant qui ait jamais vu le jour"
Kobe : J'aurais adoré jouer contre les Bulls de Mike ou les Lakers de Magic à leur apogée. Mais c'est impossible, donc à quoi bon se demander si on était les meilleurs ? Mike et Scottie diront que ce sont eux. Magic et les autres aussi. Shaq : Ce qui fait que c'est nous, c'est qu'aucun autre duo n'a eu autant de controverses à gérer. On était les plus énigmatiques, personne n'arrivait à nous décrypter. On était le duo petit/grand le plus dominant qui ait jamais vu le jour. Kobe : Je me demande toujours ce que Phil Jackson et Johnny Bach auraient pu faire avec les Bulls pour nous stopper. C'était qui le pivot, Cartwright ? Shaq : C'est du gâteau. Kobe : Et les gens qui nous parlent du Showtime de Magic et de sa vitesse, du small ball qu'il y a pu avoir aussi, en disant qu'on n'aurait pas pu jouer à telle ou telle époque... Je crois qu'ils ne comprennent pas à quel point on contrôlait le rythme d'un match. Avec toi dans la raquette, le jeu s'arrêtait. Les mecs ne pouvaient pas bouger en défense, courir partout ou prendre des rebonds longs, etc...Quand on est arrivé, les gens nous montraient leur cul. Donc au retour, on a tous mis notre cul contre la fenêtre du busQuand Kobe a promis à Coach K de détruire tout le monde aux JO Kobe : Tu te rappelles ce match contre les Queens ? [...] J'ai toujours voulu demander à Vlade pourquoi il avait giflé le ballon sur le panier de Robert Horry. Si tu veux le faire, mets le ballon dehors, non ? [...] Bref, quand on est arrivé là-bas, tu te souviens ? Shaq : Quand on est arrivé, les gens nous montraient leur cul. Donc au retour, on a tous mis notre cul contre la fenêtre du bus ! Kobe : Heureusement que les gens n'avaient pas de téléphones pour filmer à l'époque ! C'est mon moment préféré. Shaq : Je savais qu'on allait gagner ce match. Pendant l'hymne, comme souvent, j'ai essayé d'établir le contact visuel avec Vlade Divac et je l'ai vu baisser les yeux. Pareil pour Stojakovic.