On utilise l’expression « briser des carrières » à tout bout de champ aujourd’hui. Et c’est plutôt amusant. Un cross, un poster, et hop, son auteur brise des carrières. Michael Jordan, lui, le faisait véritablement, au sens propre. Y compris à ses équipiers. Et Dennis Hopson en est la preuve vivante.
Pourtant, cet arrière avait un vrai potentiel. All-American avec Ohio State, il est drafté en numéro 3 par les New Jersey Nets en 1987. Il réalise un début de carrière solide et tourne à 15,8 pts lors de sa 3ème saison. Echangé contre des choix de draft, il débarque aux Chicago Bulls à l’été 1990. Son rôle, apporter du scoring extérieur en sortie de banc.
Malheureusement pour lui, Dennis Hopson n’a jamais su se mettre à la hauteur des standards d’intensité exigés par Michael Jordan. Et il était d’autant plus exposé qu’il était le matchup de sa majesté à chaque entraînement.
Pour pousser ses équipiers à s’endurcir et être prêts à jouer au plus niveau, MJ pouvait aller très loin. Certains avaient la dureté nécessaire pour se mettre au niveau. A l’image d'un Scott Burrell qui a apprécié le management tyrannique de son leader. Ou d’un Steve Kerr, que la star des Chicago Bulls a réellement respecté qu’à partir du moment où l’actuel Warrior l’a frappé. En revanche, ceux qui n’étaient pas capables de l’accompagner dans sa quête d’excellence sombraient.
Pour un excellent papier de Ric Bucher sur Bleacher Report, Scott Williams raconte le calvaire vécu par le joueur.
« Ça a détruit Dennis Hopson », raconte Scott Williams. « A chaque exercice, chaque 5-5, chaque 3-3, Hopson se faisait maltraiter par Jordan. C’était un tabassage mental. Il y a un jour où Hop lui a répondu et on a fini par gagner ce scrimmage. On a porté Hopson jusqu’au vestiaire comme si on avait gagné le titre. Mais le jour suivant, c’est redevenu comme avant. »
Au bout de deux matches dans sa deuxième saison, il était envoyé aux Sacramento Kings. Et ce n’est pas nécessairement Jordan qui a demandé son départ. En général, il n’avait pas besoin de le faire :
« Il faisait en sorte que les mecs aillent vite voir leur agent pour lui dire ‘Tu dois me trouver un trade’ », note Jud Buechler.
Dennis Hopson, lui, ne s’est donc jamais vraiment remis de ce traitement. Même s’il a planté 10,7 pts en sortie de banc aux Kings pour finir l’année, c’était sa dernière saison en NBA.
Il a bien réalisé quelques belles saisons en Europe, avec notamment 21,8 pts à Cholet puis 19,8 au Mans. Mais on est bien loin des rêves que pouvaient nourrir le numéro 3 de la Draft. Et de la carrière qu’il aurait peut-être faite s’il n’avait pas croisé la route de Michael Jordan.