Miami Heat : un avenir radieux, des free agents en approche, mais est-ce suffisant ?

Finaliste valeureux, le Miami Heat a tous les ingrédients pour devenir l'équipe du futur de la NBA. Sauf peut-être un, le plus important de tous.

Miami Heat : un avenir radieux, des free agents en approche, mais est-ce suffisant ?
On ne voudrait pas tuer le semblant de suspense qui plane encore autour des finales NBA mais le Miami Heat ne réussira pas l’exploit de renverser les Los Angeles Lakers. LeBron James et sa bande seront probablement sacrés, soit vendredi soir, soit lors d’un éventuel Game 6. On peut toujours se griller le cerveau en imaginant ce que cette série aurait donné sans les blessures de Bam Adebayo et Goran Dragic. Une partie de nous tend à penser que les Angelenos finiraient quand même par gagner, juste autrement. Avec une impression différente qui se dégagerait de l’opposition. D’ailleurs, dans le Game 1, le seul disputé au complet, ils se sont baladés (même si le meneur Slovène est sorti assez tôt tout de même). (PS : Avec Bam sur le terrain, Anthony Davis ne fait jamais le mollasson dans le Game 3, just saying). Le Heat va donc perdre. Mais le Heat va aussi gagner. On sait qu’il n’y a pas de victoires morales à Miami. Parce que ça ne colle pas avec le discours et l’attitude des guerriers, ça ne colle pas avec l’image que veut renvoyer la franchise, fière de sa « culture. » Il n’y aura pas d’excuses. On vous le parie. Jimmy Butler et consorts seront les premiers à dire que les absences ne justifient pas le résultat. Vous verrez. On vous parie aussi que les membres de l’organisation insisteront sur le fait que l’objectif, c’était et c’est le titre. Rien d’autres. Et ce malgré le parcours tout de même très surprenant de South Beach au sein de la bulle Disney. Alors, oui, Pat Riley fera mine que c’est une défaite. Mais tout au fond de lui, le parrain de la mafia floridienne sait très bien que le visage affiché par ses ouailles pendant presque deux mois est la meilleure vitrine possible pour sa franchise. Une campagne de promotion XXL pour l’avenir. Tout le monde peut jouer au malin aujourd’hui, mais très rares sont ceux qui avaient vu venir la montée en puissance des hommes d’Erik Spoelstra. Replongez-vous dans vos souvenirs, sans tricher. Qui les voyait vraiment passer le deuxième tour ? Aller en finales NBA ? Avant même le début de la série, la plupart des analystes ou même tout simplement des fans optaient pour un 4-1 ou un 4-2 au mieux en faveur des Lakers.

La culture du Heat, bien connue mais plus exposée que jamais en 2020

Miami a perdu (enfin, non, pas encore mais suis on te présente le futur là) mais Miami a gagné. Parce que Miami a surpris tout le monde. Et surtout, Miami a séduit tout le monde. 4-1, 4-2, ça n’a même plus d’importance une fois que le dernier buzzer aura retenti pour cette saison 2019-2020 si particulière. Ce qui va compter, pour le Heat, c’est que la planète basket toute entière respecte cette équipe, ses accomplissements, sa mentalité, ses combats, ses exploits, son état d’esprit et son basket bien léché. Qui ne voudrait pas supporter le Heat ? Mais surtout, et c’est là le plus important : qui ne voudrait pas jouer au Heat ? Qui ne voudrait pas jouer avec des coéquipiers qui se défoncent sur le terrain ? Pour un excellent coach ? Pour une franchise qui peut gagner le titre ? Et en plus à South Beach ? Mise en avant pendant tous les playoffs, la « culture » du Heat est aujourd’hui le meilleur argument de vente de la franchise. Encore plus que les plages, les bimbos, l’absence de taxes, les boîtes de nuit et les bars (surtout à l’ère du COVID-19). Une manière de faire qui est différentes des autres organisations. Et un jeu collectif, avec du mouvement, des passes, qui rappelle – toutes proportions gardées – les Golden State Warriors de 2015. Même s’il n’y ni Stephen Curry, ni Klay Thompson dans l’effectif. TOUTES PROPORTIONS GARDEES, encore une fois. Ces Warriors, tellement cool, tellement plaisants, ont réussi à faire venir Kevin Durant via la Free Agency. Ils se sont construits en interne puis ils ont surfé sur leur structure très solide pour recruter un top-player. Riley va tenter la même chose. Et il ne s’en cache absolument pas. Tout comme Joe Lacob, le propriétaire de GS, évoquait « des années lumières d’avance. » Ces gars croient en leur vision et ils l’exploitent.

Miami, la nouvelle destination prisée des Free Agents ?

Rappelons aussi qu’avant Butler, Miami avait du mal à attirer les principaux clients de la Free Agency. Gordon Hayward a refoulé le Heat. Yep. Gordon Hayward. Après avoir longuement hésité. KD, lui aussi, n’a pas voulu rejoindre Miami en 2016. Justement. Et la liste est longue. La preuve, on se répète, que la ville de la jet-set et des soirées folles ne suffit pas à faire venir les meilleurs joueurs. La « culture » par contre, fait la différence. Ces playoffs 2020 l’ont plus que jamais mise en lumière. Parce qu’elle est considérée comme l’un des tout premiers facteurs de succès du Heat sur cette campagne. Et c’est, quelque part, la preuve que ce Heat n’était pas du tout favori, ni armé pour le titre. Parce que c’est soudainement cette « culture » qui expliquerait en partie le parcours mémorable du Heat. Riley a marqué des points. En plus de ses bagues, il a quelque chose d’autre à agiter devant les yeux de n’importe quelle superstar prête à changer de franchise : les playoffs 2020. « Avec toi, on est sûr de gagner. » Puis rejoindre le Heat, ça ne fait pas le même effet néfaste sur la popularité que de rejoindre les Warriors qui comptaient déjà trois All-Stars en 2016. Au contraire, ça ferait même décoller une grande partie du public. Alors tour d’horizon. Qui ? Qui pour rejoindre Miami ? Le premier nom, évidemment, c’est Giannis Antetokounmpo. Parce que le double-MVP est présenté constamment comme le prochain grand nom à bouger. Enfin, c’est ce que demande le peuple (ou une partie du peuple). Ou c’est ce que demandent les médias (ou une partie des médias) en tout cas. Le Grec est éligible à une extension au super-max pendant l’intersaison. S’il ne la signe pas, les rumeurs vont s’amplifier. Le Heat figure évidemment parmi les destinations potentielles. Miami serait même considéré – avec Toronto – comme le favori pour signer le « Greek Freak ». Sans que l’on sache s’il s’agit d’une vraie source proche du joueur ou juste une intuition journalistique qui fait lui aussi le rapprochement : « Giannis serait super au Heat alors ça doit le tenter vu la culture, blablabla, etc. » Bucks, Warriors, Heat… quelle est la meilleure destination pour Giannis ?

Mais qui pour venir au Heat ?

En réalité, si Giannis venait à se retrouver sur le marché en 2021, on doute que le Heat – qui a éliminé les Bucks cette année – soit sa première option. Changer d’équipe, ça ne ressemble pas au bonhomme. Aller chez l’adversaire ? Encore moins. Puis même si ça venait à être vrai : qui serait sacrifié ? Le Heat peut-il vraiment exister avec Butler, Adebayo et Antetokounmpo ensembles sur le parquet ? Difficile de trouver des espaces avec trois stars incapables de marquer régulièrement à trois-points. Bon, ça reste un problème de riches. On suppose que si l’occasion se présente, Riley et Spoelstra seront prêts à essayer. Logique. Et après Giannis – en 2021 encore une fois donc dans un an encore – il y a qui ? Victor Oladipo ? Pareil, même questionnement : quel spacing avec Butler et Oladipo ? Et quid de Tyler Herro dans ce cas ? Surtout qu’avec ses problèmes de santé, « Deepo » n’a plus le même impact. Plus la même explosivité. Pas sûr que ce soit très rentable d’aller céder des assets et de sacrifier l’équilibre du groupe (peut-être pas, mais le danger existe) pour Oladipo juste après avoir été en finales. Le même raisonnement s’applique pour John Wall et Russell Westbrook. Deux meneurs qui ne mettent pas un caillou de loin. Avec en plus des contrats massifs et dont les qualités athlétiques ne cessent de diminuer, même doucement, au fil des années et des blessures. L’option Chris Paul est intéressante – et ne nécessite pas trop d’assets – mais ça serait un « one shot ». Mais qui alors bordel ? Bradley Beal ? Il faudrait pour ça lâcher au moins l’un des jeunes très prometteurs. Ça a beau être les Wizards en face, ils ne se contenteront pas de Kendrick Nunn et d’un tour de draft. Tyler Herro minimum dans le deal. Et là, ça refroidit, hein ? Zach LaVine ? Pas sûr que ça suffise pour passer le cap. DeMar DeRozan ? Idem. Jrue Holiday serait top. Mais même là, est-ce que le Heat plus Holiday peut vraiment aller au bout ? (PS 2 – pas celle de Sony – : Damian Lillard contre Tyler Herro, des joueurs en pagaille et des picks. Miami refuse, à raison.)

Pas de superstar, pas de bague

Les résultats de cette année pourraient laisser penser que oui à ceux qui soulignent la manière dont Miami résiste contre Los Angeles malgré l’absence de deux de ses trois meilleurs joueurs. On comprend. On voudrait voir le Heat gagner. La récompense pour une vraie équipe, avec un collectif soudé et pas juste des contrats max empilés les uns sur les autres. Mais là, ça mène sur un autre débat. Le Heat a-t-il besoin d’une star en plus ou de joueurs de compléments encore plus forts ? C’est drôle, parce qu’il y a encore trois mois, quand le Heat était déjà cité comme une destination potentielle pour Free Agents, tout le monde jurait que c’était l’équipe parfaite… sans avoir de joueur numéro un. Et qu'un numéro un pourrait faire basculer la franchise dans une autre catégorie. Et ce n’était même pas une pique envers Jimmy Butler. C’est juste que les vrais boss absolus, les superstars ultimes, elles se comptent sur les doigts d’une main. Maintenant, avec le parcours du Heat et les performances de Butler en finales, ce raisonnement a été jeté aux oubliettes. Sans doute bien trop vite ! Oui, Jimmy « Buckets » est un super leader, un joueur clutch – même si sa maladresse et sa timidité à trois-points prouvent certaines limites ! – et un guerrier incroyable. Vraiment un joueur que l’on a envie d’aimer (là aussi c’est drôle, les commentaires à son sujet étaient différents quand il était à Chicago, Minnesota ou Philly… c’est fou comme ça va vite en NBA). Oui, il porte sa franchise. Mais jusqu’où ? Jusqu’où peut-il la mener ? En finales, OK, nous en avons la preuve. Plus haut ? C’est un cap très, très, très difficile à franchir. On va partir d’un postulat simple mais quasiment continuellement vérifié dans le temps : une franchise ne gagne pas sans un top-5 player. Jimmy Butler n’est pas l’un des cinq meilleurs basketteurs de cette ligue. La culture de l’instant – donc pas celle du Heat – fait que certains assureront que si, il fait partie de ce gratin si spécial. Mais c’est ne retenir que deux mois sur douze. Même si ce sont les deux mois les plus importants de l’année en termes de basket. Tout comme Jamal Murray n’est pas l’un des trois meilleurs meneurs de la NBA aujourd’hui.

Bam Adebayo en sauveur ?

Sur les vingt dernières années, seules deux (allez, peut-être trois) équipes ont gagné le titre sans disposer de l’un des cinq meilleurs joueurs du monde : les Pistons de 2004, la référence rabâchée constamment mais qui fait finalement figure d’exception très particulière, et les Spurs 2014 qui comptaient quand même quatre futurs Hall Of Famers et le coach le plus brillant de tous les temps. En plus d’affronter une équipe du… Heat à bout de souffle après quatre finales de suite. Les Mavericks 2011 peuvent entrer dans le lot mais ils défiaient une équipe du… Heat qui justement se cherchait encore. Surtout, Dirk Nowitzki restait peut-être, allez, le sixième meilleur basketteur de la planète à cette époque. Et il avait clairement haussé son niveau de jeu en playoffs. Une vraie superstar. L’idée, donc, c’est que pour aller au bout, il faut l’un des ces bijoux. Peu importe le nombre de bons joueurs, etc. Il faut une tête d’affiche. Un Stephen Curry 2015, un LeBron James, un Kevin Durant, un Kawhi Leonard. Un Kobe Bryant. Un Shaquille O’Neal, un Tim Duncan, un Hakeem Olajuwon, un Michael Jordan (évidemment). Butler n’est pas de ceux là. D’ailleurs, quand Pat Riley parle du successeur de Dwyane Wade, il n’évoque même pas Jimmy B. Il cite Bam Adebayo. Peut-être que le futur du Heat dépend surtout de lui. Si jamais aucune superstar ne venait à débarquer à South Beach. Miami peut-il gagner le titre dans les deux ou trois ans à venir ? Et bien ça dépendra éventuellement de son pivot. Il est devenu une star. Mais le fossé qui mène au statut de superstar – par la perception, mais bien le niveau de jeu – est encore plus grand. S’il le passe, ça peut le faire. Sinon, ça risque d’être plus compliqué. Parce qu’en gardant cet effectif, ou même en l’améliorant sur les marges, que peut vraiment viser le Heat sans recruter un géant ?

Quelle place en NBA l'an prochain ?

L’an prochain, le Heat sera en concurrence avec des Celtics sans doute encore plus forts – parce que Jayson Tatum continuera lui justement son ascension vers le statut de superstar. Des Clippers sans doute plus unis et qui auront plus de vécu. Les Nets débuteront avec KD. Et même des Lakers encore plus puissants. Car, oui, n’oublions pas, ce n’est que la première année commune de LeBron James et Anthony Davis à Los Angeles. On le sait, gagner la première année est extrêmement rare – et c’est pour ça qu’il faut relativiser l’échec des Clippers. Les Warriors de 2018 étaient bien plus forts que ceux de 2017, après la première année de Durant. D’ailleurs, ils ont sweepé les Cavaliers en finales. AD va continuer à entrer dans son Prime – seulement 27 ans !!!! – et à s’affirmer comme un monstre en NBA. Si James se maintient encore une fois au plus haut niveau, ces Lakers seront terrifiants. Quelle place peut vraiment revendiquer le Heat dans cet échiquier ? Sans un joueur plus fort individuellement que Butler, ça nous semble compliqué de vraiment aller chercher une bague. Et encore une fois, c’est sans manquer de respect à l’arrière du Heat qui est l’un de nos chouchous depuis bien longtemps (et oui, même à Chicago, Minnesota et Philly). Juste du réalisme. Si ce meilleur joueur devient Adebayo, pourquoi pas, il n’a que 23 ans, ça laisse le droit d’y croire. Mais avec Dragic, Butler, Herro et compagnie, sans oublier Spoelstra et la « culture », le Heat sera encore au rendez-vous l’an prochain. L’équipe telle quelle peut aller en finales. C’est peut-être ça le plus important pour l’instant. Parce qu’une fois en finales, qui sait ce qui peut arriver. Une blessure est si vite arrivée et peut redistribuer les cartes. demandez donc aux Warriors de 2019 ou au… Heat. En attendant, on va continuer de kiffer devant les matches de la franchise et à rêver d'un futur encore plus glorieux. Tout en sachant que ça n'arrivera peut-être pas avant un moment. Mais peu importe, parfois, ce qui compte, c'est justement de pouvoir rêver grand.