Manu Ginobili a fêté ses 46 ans cette semaine. L'occasion de vous proposer cet article signé Antoine Pimmel en 2018, au moment de la retraite du génie argentin.
Lui, on peut l’appeler Manu. Pourtant, on ne le connait pas. Mais on le veut un peu pour nous. Parce qu’il fait partie de notre histoire. De nos nuits blanches. Lui qui nous maintenait éveillé avec son instinct de génie, sa vista… pour le meilleur et pour le pire. Des paniers décisifs au buzzer à en sauter d’excitation à 4 heures du matin et des balles perdues cruciales à s’en arracher les cheveux. Il n’a d’ailleurs plus un poil sur le caillou ou presque. Signe du temps qui passe. Et donc de l’inévitable qui s'est matérialisé l'été dernier, Manu Ginobili a annoncé sa retraite. Cette nuit, les San Antonio Spurs retireront son numéro 20 en marge du match contre les Cleveland Cavaliers. Le moment pour se poser sur son immense carrière. Pour les anciens, des moments de nostalgie. Pour les plus jeunes, une séance de découverte. For the culture.
2004, L’odyssée de Manu Ginobili
Ce n’est pas le commencement. Le virtuose avait déjà fait saliver les passionnés de basket européen sous les couleurs de Bologne. Il était même déjà champion en NBA dès sa première saison dans la ligue ! Mais 2004 a marqué un tournant. Un changement. Une libération, peut-être. On veut croire que tout était différent s’il n’y avait pas eu Athènes. Déjà, ça a clairement bouleversé la donne pour Team USA. Si les Américains dominent – à nouveau – sans partage le basket aujourd’hui, c’est quelque part à cause (grâce ?) à Ginobili. Et à l’Argentine bien sûr. L’un n’allant pas sans l’autre.
Le visage emblématique de la génération dorée du pays a mené sa nation à l’exploit en 2004. Et quel exploit. L’Or Olympique. L’Or Olympique bordel ! Mais avant d’aller chercher une breloque – peut-être le plus bel accomplissement de la carrière du quadruple champion NBA – il a d’abord roulé sur le corps d’une sélection US mise K.O. En face, du Tim Duncan, du Stephon Marbury, Allen Iverson. Des LeBron James, Carmelo Anthony et Dwyane Wade fraîchement sortis de leur saison rookie. Un mix glorieux mais finalement peu coordonné explosé par les 29 points du maestro. L’Albiceleste ira chercher sa breloque dorée en battant L’Italie en finale. Tandis que le Team USA, déjà humilié à domicile deux ans auparavant, remettra en question son programme avec notamment la future nomination d’un certain Mike Krzyzewski.
2005, ses 48 points – record en carrière – contre les Phoenix Suns
L’envol. Rookie fantasque mais limité (par Gregg Popovich) en 2003, remplaçant important en 2004, Gino est devenu une star en 2005. Et même un All-Star. De 7,6 à 12,8 à 16 points par match avec donc une première invitation à taper la gonfle avec le gratin de la NBA en février 2005. Quelques jours plus tôt, fin janvier, il enterrait sa candidature avec un match d’anthologie contre Phoenix. Pas n’importe quelle équipe de Phoenix. Les « seven seconds or less » Suns. Ceux de Steve Nash, Amar’e Stoudemire, Shawn Marion et compagnie drivés par Mike D’Antoni.
Ce match reste aujourd’hui la plus grande performance chiffrée de Manu Ginobili en NBA. 48 points à 16/22 aux tirs, 5/7 à trois-points, 5 rebonds et 6 passes. Mais encore une fois avec lui, ça va au-delà des numéros. Des stats. C’est toute l’atmosphère. Des passes dans le dos, des drives. Du grand art. Tout lui. Avec un déficit de 17 points remontés dans le dernier quart temps par les Spurs pour finalement s’imposer en prolongation (128-123). Un mot de Pop ? « Remarquable. »