Le départ de Jerry West de Golden State pour Los Angeles n'est pas anecdotique. S'il ne sera pas forcément une figure "visible" des Clippers la saison prochaine, West agira dans l'ombre comme il l'a fait avec brio dans la Bay Area. Et du côté de LA, on attend quelques miracles de la part du "Logo", l'une des rares légendes du jeu à avoir réussi une superbe carrière dans l'exécutif après avoir raccroché. Le Three-Peat des Lakers au début des années 2000, c'est lui. L'harmonisation du projet Warriors, c'est de son fait.
Jerry West a 79 ans. C'est huit de plus que Phil Jackson. Pourtant, le premier a l'air nettement moins dépassé par le basket moderne que le second. Nettement moins aigri aussi... Si West a réussi à faire prospérer Golden State, c'est justement parce que dans ses conseils et son approche, il n'est pas resté bloqué 20 ou 30 ans en arrière. La génération actuelle le respecte plus que quiconque et accueille la moindre discussion avec lui avec délectation. Jerry West est l'un des seuls glorieux anciens à admirer la NBA et ses stars actuelles, sans constamment dire que telle ou telle équipe du passé était plus forte.
Sa relation avec LeBron James symbolise parfaitement cet ancrage dans le présent. A chaque désillusion de la carrière du "Chosen One", West est monté au créneau pour le défendre et l'encenser. Pas plus tard que cette saison face à la machine de guerre des Warriors qu'il a contribué à mettre en marche.
"Toute la négativité qui a toujours entouré LeBron est injuste. Enlevez-le de chaque équipe dont il a porté le maillot et observez ce qu'il s'y passe. Le gars emmène ses équipes en Finales chaque foutue saison ! [...] On en a parlé tous les deux après la défaite contre Dallas en 2011. Je lui ai dit : 'tu crois que tu es frustré ? Imagine que tu en perdes huit comme moi. J'avais envie de tout plaquer. Ça ne t'arrivera pas, tu en gagneras plus'. [...] LeBron est un joueur unique. Sans doute le plus intelligent que j'ai pu observer et assurément l'un des plus grands que j'aurai eu la chance de voir en action pendant ma vie. Je l'admire", a déclaré West sur ESPN.
Selon USA Today, Steve Ballmer, le propriétaire des Clippers, ne s'en cache pas en interne. S'il a tout fait pour convaincre West de signer un contrat de 5 millions de dollars annuels, c'est justement parce qu'il le croit capable de faire venir le "King" en ville. Et ce n'est pas un si "long shot" que ça...
Jerry West, un mentor pour LeBron James
Peu après "The Decision" en 2010, LeBron a téléphoné à West pour évoquer avec lui ce qui l'attendait. Une épaule bienvenue pour se préparer au bashing généralisé. L'an dernier, durant les playoffs, James passait le temps en lisant pour la troisième fois l'autobiographie du "Logo", "West by West", l'un de ses livres préférés. En privé, LeBron surnomme West, "The Godfather", le parrain, signe des liens particuliers qu'ils ont discrètement tissés pendant toutes ces années. Jamais il ne serait venu à l'esprit du vénérable West de critiquer LeBron et son "posse" comme un certain Zen Master.
Jerry West a un an pour préparer le terrain à la venue de LeBron James, en fin de contrat en 2018. S'il réussit ce tour de force, il ne s'en attribuera probablement pas le mérite et invoquera la compétitivité des Clippers, le cadre de vie à LA... Pourtant, il s'agira de l'un de ses moves les plus épatants.
"C'est la dernière aventure de ma vie", a-t-il lancé au micro lors de son intronisation lundi.
Ce serait beau qu'elle coïncide avec la dernière aventure du meilleur joueur de sa génération.