La prophétie s'est donc accomplie. Le travail de forceur sape de LaVar Ball a payé. Lonzo Ball a été drafté par les Los Angeles Lakers et va pouvoir vivre son rêve à quelques kilomètres seulement de chez lui.
La hype déroutante qui a accompagné sa saison universitaire et son processus de Draft n'a pas empêché Magic Johnson de faire le choix de la raison. On peut penser que le garçon a des défauts et des lacunes. Mais il est certain que les Angelenos ne l'ont pas recruté pour rien.
Lonzo Ball, plus altruiste que son frère
La fratrie Ball a fait parler d'elle ces derniers mois et pas forcément en bien. Le petit dernier LaMelo, est apparu comme un individualiste forcené pourri gâté par le coaching hasardeux de son paternel. Ce n'est pas le cas de Lonzo, dont la personnalité plus placide ne colle pas avec celle d'un soliste croqueur de feuille de match. Depuis toujours ou presque, le jeune Californien a un sens inné de la passe et, plus intéressant, de l'orchestration du jeu et des déplacements de ses coéquipiers. Sur le plan psychologique, il a souvent cherché à faire briller d'autres joueurs avant lui. Une anecdote racontée par l'un de ses anciens coaches en AAU dans un podcast de Sporting News illustre bien cet état d'esprit.
"L'équipe était menée d'un point avec 10 secondes à jouer. Il a drivé aurait pu finir en lay-up. Il a finalement servi un coéquipier qui se trouvait sous le panier, encore mieux placé. Le gamin a manqué son coup. Par chance, l'équipe adverse a manqué ses lancers derrière et le scénario s'est répété. Lonzo a drivé et s'est trouvéen position de scorer, mais le gamin qui avait raté l'occasion juste avant était encore démarqué. Il lui a redonné la balle et ils ont remporté le match. Quel garçon de 12 ans ferait ça ?"
Meilleur passeur parmi les programmes phares en NCAA l'année dernière, Lonzo Ball a cet altruisme en lui et on peut imaginer que les Lakers en bénéficieront.
Plus "floor general" que D'Angelo
On se demandait jusque-là comment les Lakers allaient faire cohabiter Lonzo Ball et D'Angelo Russell. La question ne se pose plus, puisque le #2 de la Draft 2015 a été envoyé à Brooklyn après deux premières saisons mitigées et un poil tumultueuses. Malgré ses qualités de ball handling et de scoreur, Russell n'a jamais réussi à être le leader de ce groupe. Ce dont ont besoin les Lakers, c'est justement d'un joueur capable d'organiser le jeu, d'être un "floor general". C'est en tout cas ce que souhaitait Magic Johnson à son arrivée.
Si les Californiens arrivent à monter la grosse team dont ils rêvent d'ici un an ou deux, il faudra quelqu'un à la baguette, prêt à faire en sorte que tout se goupille bien. Lonzo Ball a une qualité rare : on a toujours l'impression que le rythme global d'un match dépend entièrement de lui. Adversaires et coéquipiers sont comme happés par le tempo qu'il décide de donner à une rencontre.
Plus de personnalité que ce que l'on croit
Jusqu'ici, il était impossible d'évoquer Lonzo Ball sans parler de l'ombre envahissante et exubérante de son père LaVar. On a longtemps cru que Lonzo était tétanisé par son géniteur et qu'il validait passivement tous ses excès. "Mon fils est meilleur que Steph Curry". "Mon fils mérite une chaussure signature". Etc, etc... Qu'il s'agisse d'un coup de com' ou non, Lonzo Ball est sorti de sa réserve ces derniers jours.
Entre sa participation à un spot hilarant pour la fête des pères où il se moque ouvertement de LaVar, sa lettre touchante pour le même LaVar dans le Player's Tribune, son fou rire devant un Game of Zones où sa famille est un peu chatouillée et sa gestion habile de l'intérêt médiatique autour de ses workouts, le jeune meneur a montré qu'il avait de l'auto-dérision et une personnalité différente de celle de son père.
A Los Angeles, il sera confronté à une exposition et une attente de tous les instants. Ce qu'il a vécu jusqu'ici devrait probablement lui servir et il semble mentalement prêt à relever le défi.