Comme tout le monde depuis quelques semaines, LeBron James a donné son avis sur la mode du load management (la gestion du nombre de minutes et/ou de matches pour un joueur en saison régulière). Le "King" s'est placé du côté de ceux qui ne peuvent manquer un match que s'ils sont blessés. Un son de cloche similaire à celui de pas mal de glorieux anciens comme Michael Jordan, qui en tant que propriétaire des Charlotte Hornets rappelle fréquemment à ses joueurs qu'ils sont "payés pour jouer 82 matches". Même si on aimerait évidemment voir les joueurs en action sur tous les matches d'une saison, on peut comprendre que Kawhi Leonard, par exemple, adopte une prudence extrême au vu des résultats positifs pour lui la saison dernière à Toronto. Réduire le nombre de matches ou étendre la durée de la saison sont des options que la NBA ne semble malheureusement pas envisager pour le moment. L'idée n'est pas de dire que l'un ou l'autre point de vue n'est pas valable. Simplement, dans le cas de LeBron James, ses affirmations sont un peu... inexactes.
"Si je suis blessé, je ne joue pas. Si je ne suis pas blessé, je joue. Il s'agit de mon fonctionnement depuis le début de ma carrière. Si LeBron est en bonne santé, LeBron va jouer. C'est tout ce que je dis. Je ne parle de personne d'autre que de moi, a prévenu LeBron James pour ESPN, sentant les questions sur Kawhi Leonard arriver. Il suffit de parler à mes anciens coaches. Si vous saviez combien de fois je me suis pris la tête avec Tyronn Lue à Cleveland quand il voulait me reposer et que je voulais jouer... Tant que je le peux, je veux jouer. Je vais probablement avoir 45 bonnes années sans jouer au basket après ma carrière, donc..."
LeBron ne dit que partiellement la vérité et voici pourquoi.
Décembre 2014, LeBron James refuse de jouer contre Atlanta
La longévité du "Chosen One" et sa régularité dans l'excellence sont des arguments majeurs pour faire de lui l'un des meilleurs joueurs de tous les temps. Dix-sept saisons à ce niveau de performance avec une seule absence sur blessure supérieure à un mois l'année dernière avec Los Angeles, c'est tout simplement fantastique. Mais qu'il ne vienne pas nous dire qu'il n'a jamais eu recours à un petit break salvateur pour reprendre des forces en cours de route ou ménager sa monture. C'est d'ailleurs, peut-être, le choix le plus intelligent qu'il ait fait lors de la deuxième partie de sa carrière.
En 2015, Bill Simmons recevait Brian Windhorst d'ESPN dans son podcast sur Grantland. Windhorst est l'un des plus grands spécialistes de LeBron James, l'a suivi pendant des années et a même écrit des ouvrages le concernant. Lors de son passage, le journaliste avait alors révélé pour quelle raison le quadruple MVP s'était absenté deux semaines au beau milieu de la saison 2014-2015, sans blessure officielle à déplorer si ce n'est un genou douloureux. Le staff médical des Cavs n'a d'ailleurs rien diagnostiqué d'autre que de la fatigue à ce sujet.
"David Griffin, le General Manager, trouvait que LeBron n'était pas à 100% depuis quelques semaines et semblait déprimé. Le 30 décembre 2014, c'était son anniversaire. Les Cavs jouaient à Atlanta, juste avant que les Hawks n'entament leur série de 20 victoires consécutives. Ce n'était donc pas encore considéré comme un gros match. Tout le monde pensait que LeBron jouerait. A la dernière minute, il leur a dit : 'Je ne joue pas ce soir'. Il n'est pas sorti du banc et s'est simplement assis en retrait. C'était la première fois depuis le début de sa carrière qu'il ne se sentait pas de jouer. Il avait toujours joué malgré la douleur. Juste après ce match, les Cavs lui ont dit de prendre deux semaines de repos".
Un repos et un coup de pression salvateurs ?
LeBron James a alors passé une partie de ses "vacances" à Miami, pour souffler et laisser reposer un genou douloureux. Puisqu'il n'avait aucun pépin physique concret à signaler, il aurait théoriquement pu ou dû être activé. A son retour, le 13 janvier, celui qui allait guider les Cavs vers le premier titre de leur histoire un an plus tard, a semblé métamorphosé. De meilleure humeur et plus explosif, LeBron a immédiatement signé son match le plus prolifique depuis son retour dans l'Ohio l'été précédent, avec 33 points, 7 rebonds et 5 passes malgré la défaite. Derrière, Cleveland a enregistré 29 victoires en 36 matches et une campagne de playoffs uniquement stoppée par les Golden State Warriors en Finales NBA.
D'aucuns considèrent que LeBron James était mécontent de la manière dont les Cavs avaient constitué l'effectif autour de lui et que ce refus de jouer contre vents et marées était aussi une forme de coup de pression pour que Griffin passe à l'action. Le GM avait fini par recruter trois joueurs pendant le break du "King" : les deux Knicks JR Smith et Iman Shumpert, ainsi que Timofey Mozgov en provenance de Denver. Trois hommes finalement importants pour décrocher le titre en 2016, avec le plus incroyable comeback de l'histoire des Finales NBA. Depuis cette pause inopinée, on a effectivement plus jamais revu LeBron James manquer un match sans raison apparente ou valable. Si à bientôt 35 ans il venait à souffler un ou deux matches pour ne pas arriver cramé en playoffs ou aggraver une blessure, absolument personne ne lui en voudra pourtant...