« Je revois la ville en fête et en délire… »
J.R. Smith a du talent plein les doigts, mais de l’hélium plein la tête. C’est peut-être même ce qui lui a permis de claquer tous ces alley-oops insensés sur des passes dégueulasses qui lui arrivaient dans les chaussettes. Et de planter tous ces buzzer-beaters (certains hyper-clutchs) dans des positions et des angles impossibles. J.R. Smith fait partie de ces rares arrières qui sont tout autant capables de rentrer sept ou huit tirs à trois-points dans un bon jour que de placer un méchant cross sur leur défenseur pour aller lâcher un poster vicieux sur le pivot adverse. https://www.dailymotion.com/video/x5n24qr [caption id="attachment_386263" align="alignright" width="300"] Cet article sur J.R. Smith et JaVale McGee est extrait du REVERSE #62[/caption] Sur la seule foi de son arsenal offensif et de sa capacité à se créer son tir, il aurait pu facilement devenir la première ou la deuxième option en attaque d’une équipe acceptable et marquer une bonne vingtaine de points par match. En gros, J.R. Smith aurait pu (dû !) être une version améliorée (et titulaire) du joueur qu’il a été pendant la meilleure saison de sa carrière, à New York en 2012-13, où son rôle de 6ème homme scoreur avait permis aux Knicks de gagner plus de 50 matches pour la première fois en seize ans et de passer leur premier tour de playoffs depuis 2000. Ou de cet autre remplaçant explosif qui, à 23 ans, avait grandement aidé les Nuggets cuvée 2009 à… gagner plus de 50 matches pour la première fois en 21 ans et à atteindre leur première finale de conférence depuis 1985. En d’autres termes, il est déjà arrivé à J.R. Smith de jouer un rôle décisif dans une saison réussie. Mais rarement. Trop rarement. Il n’a jamais été réellement mauvais, mais il a toujours été frustrant. Trop erratique pour qu’on puisse réellement compter sur lui. Trop fêtard et tête brûlée pour ne pas être erratique. Mais tellement talentueux que tout ça ne l’a jamais empêché de se faire une place de choix dans toutes les équipes par lesquelles il est passé. J.R. Smith a malgré tout quelques regrets sur la tournure que sa carrière a prise. Interrogé à ce sujet par le magazine GQ il y a deux ans, il avait formulé la métaphore parfaite pour comparer ce qu’il avait réellement accompli à ce qu’il espérait accomplir en arrivant dans la ligue :« C’est comme à Noël. Tu fais ta liste de Noël. Et tu vas TOUT avoir. Et ensuite tu reçois des vêtements. Où est mon sabre laser ? Où est mon G.I. Joe ? Et ce n’est même pas emballé dans du papier-cadeau, c’est emballé comme quand tu emballais tes livres d’école. »
Bon, c’était en décembre 2015 et les Cavs ont depuis gagné le titre NBA. Mais en gros, lorsqu’il regarde ses (déjà !) treize ans de carrière, il est dégoûté. Et il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Qui d’autre que lui, par exemple, irait, en plein match et alors que son équipe est en DÉFENSE, saluer un joueur adverse (en l’occurrence Jason Terry, dont il n’a jamais été le coéquipier et à qui il avait collé un vilain coup de coude en playoffs avec New York qui lui avait valu un match de suspension) en-dehors du terrain, laissant ainsi son vis-à-vis (Tony Snell) dunker sans la moindre opposition dans un match finalement perdu ? Qui d’autre serait assez taré pour s’amuser à détacher les lacets de ses adversaires, puis à le refaire une deuxième, puis une troisième fois, jusqu’à se prendre une amende de 50 000 dollars ? Qui serait assez déconnecté pour prendre un tir à trois-points en première intention à 20 secondes de la fin d’un match à égalité juste après un rebond offensif, alors que son équipe était ainsi assurée d’avoir la dernière possession, pour finalement déclarer « honnêtement, je pensais qu’on était à -2 » ? Une vraie spécialité pour J.R. Smith... https://www.youtube.com/watch?v=9h7x3qtl4-s Dans le gymnase municipal de La Queue-en-Brie, passe encore, mais dans une salle NBA où le score et le chrono sont littéralement affichés partout, il faut le faire exprès ou avoir un déficit d’attention monumental. Qui serait assez abruti pour se faire livrer trois mille dollars de bouffe dans sa chambre d’hôtel en Chine, sans y toucher, « juste pour voir s’ils allaient le faire », pour ensuite donner gentiment la facture à son équipe ? Qui, enfin, serait assez perdu pour récupérer la gonfle après un airball (de Tyreke Evans), penser que c’était un swish et sortir du terrain pour faire une remise en jeu, offrant ainsi le ballon à l’équipe adverse ? Qui à part lui ou… JaVale McGee ?