"Lorsqu'il était en high school, plusieurs recruteurs m'ont dit que Harry Giles était le lycéen le plus fort qu'ils aient vu depuis... LeBron James".
Le meilleur joueur de sa génération et l'un des plus formidables basketteurs de tous les temps. Rien que ça. La suite n'est pas moins surprenante."Un évaluateur de talent très respecté est venu me voir pendant une séance d'entraînement des U19 américains à Colorado Springs, quelques jours avant la Draft 2015. Il m'a dit que s'il y avait encore la possibilité de drafter des lycéens en NBA, il choisirait Harry Giles devant Karl-Anthony Towns".
Towns n'est ni plus, ni moins, que le pivot le plus doué et mature que la NBA ait vu sortir depuis très longtemps. Comment peut-on donc passer d'un talent comparé à ceux de LeBron et de "KAT", à une saison énigmatique à Duke et une place hors des lottery picks à la Draft ? Les blessures n'aident pas, bien entendu. Entre 2013 et 2016, Giles a connu plus de problèmes aux genoux que la plupart des joueurs durant toute leur carrière. Les ligaments croisés du gauche et le ménisque d'abord, puis ceux du droit ensuite, avant deux nouvelles interventions de chaque côté. Kyrie Irving, Joel Embiid ou plus récemment Dennis Smith Jr, drafté en 9e position par Dallas, ont toutefois prouvé que la cote d'un joueur pouvait rester élevée malgré de sérieux problèmes physiques. Giles a davantage "glissé" qu'eux dans la hiérarchie. Sans doute parce que Coach K n'a jamais vraiment eu l'occasion de montrer au monde que son protégé pouvait avoir un impact similaire à celui de Irving à l'époque ou d'Embiid avec Kansas avant sa blessure au pied. Harry Giles n'a joué que 26 matches avec les Blue Devils (6 titularisations), pour 11 petites minutes de moyenne. Un bilan qui aurait poussé plus d'un prospect à attendre une saison supplémentaire avant de faire le grand saut. Avant la Draft, Mike Krzyzewski a apporté son soutien à Giles et a tenté de se montré optimiste quant à son avenir."Je pensais qu'il reviendrait la saison prochaine, mais c'est un choix qui peut se comprendre. Harry a une belle énergie en lui. C'est un gamin super. Avant ses blessures, c'était vraiment le meilleur joueur de sa classe d'âge et les gens doivent s'en souvenir. J'espère qu'il rejoindra une bonne équipe qui lui permettra de poursuivre le processus que l'on a débuté. Quand il prendra confiance en son corps et en lui, il pourra devenir un joueur NBA de très bon niveau", a prévenu Coach K sur GoDuke.com.
Maintenant que Giles est un joueur NBA ou presque, on peut se demande de quelle manière il pourra s'y exprimer. Sacramento est une équipe où les jeunes auront a priori le temps de se développer et de construire une alchimie collective pendant quelques saisons. Parfait pour le produit brut u'est le natif de Winston Salem. On devrait le voir en action en Summer League, mais voilà ce que l'on sait déjà sur lui et la manière dont son jeu peut être transposé en NBA. Pour l'heure, son shoot n'est pas assez fiable pour en faire un power forward moderne. Un profil dont les teams les plus ambitieuses raffolent dans le jeu sur demi-terrain. Son utilisation devrait donc se limiter dans un premier temps à des sorties de banc pour jouer les dynamiteurs, possiblement sur le poste 5. Giles est doué des deux côtés du terrain, un avantage certain aujourd'hui. Mais s'il veut prétendre à davantage de temps de jeu, il devra montrer que ses qualités de maniement du ballon et de playmaker n'ont pas complètement disparu. Elles ont été en tout cas mises en sommeil depuis sa deuxième blessure au genou. C'est sur sa mobilité et son explosivité que le nouveau joueur des Kings a excellé dernièrement lorsqu'il en a eu l'opportunité. https://www.youtube.com/watch?v=028Dj1XvAMc Avant sa dernière blessure, certains osaient encore des comparaisons plutôt flatteuses. Kevin Garnett pour le côté longiligne. Chris Webber et Amar'e Stoudemire pour l'impact offensif. Pour l'heure, Harry Giles affiche surtout les même propriétés que Bobby Portis, l'intérieur des Chicago Bulls. De l'énergie, de l'agressivité et une panoplie pour briller sur quelques séquences en attaque comme en défense, notamment au large où leur longueur et leur agilité est un atout. On ne dit pas que Giles ne sera jamais plus fort que Portis, loin de là. Mais à ce jour, il est plus réaliste pour lui de viser cet objectif en termes de contribution. Surtout que Portis, utilisé avec parcimonie par Fred Hoiberg jusque-là, devrait se mettre davantage en évidence cette saison vu la redistribution des cartes à Chicago. On vous conseille en tout cas de surveiller attentivement ses premiers pas dans la ligue. Sacramento a peut-être réussi son premier gros coup depuis bien longtemps. Ou confirmé ses difficultés à effectuer des choix payants...