"Les Golden State Warriors vont être champions et il n'y aura pas photo. Personne ne pourra les prendre. C'est fini. C'est déjà fini... Ce serait un gain de temps pour tout le monde si on leur donnait le trophée dès maintenant".
Jeff Van Gundy affichait un fatalisme assez désarmant le 13 avril dernier dans le podcast The Lowe Post. La saison régulière venait de prendre fin. Les Golden State Warriors n'avaient pas encore passé de gigantesque coup de balai sur la Conférence Ouest. Pourtant, l'ancien coach des Knicks et des Rockets pressentait déjà ce que l'on est en mesure de confirmer aujourd'hui. Ce serait un échec immense si les Californiens ne remportaient pas leur deuxième trophée Larry O'Brien en trois ans. A vrai dire, avec tout l'immense respect que l'on a pour l'extraterrestre qu'est LeBron James, il y a très peu de chances pour que les Warriors ne soient pas sacrés à la mi-juin.
Evidemment, l'argument principal n'est pas compliqué à avancer. Steve Kerr dispose sans doute du meilleur groupe jamais assemblé dans l'histoire de la NBA. Mais au-delà de ça, lorsque l'on entre dans le détail, le back-to-back semble impossible pour les Cavs en dépit de leur bilan immaculé à l'Est en post-saison.
Stephen Curry est en mode full-force
Depuis le début de l'épopée des Dubs, Stephen Curry est absolument injouable en saison régulière. Ce n'est pas pour rien que les médias lui ont donné deux fois de suite le trophée de MVP.
Mais en 2015, où Andre Iguodala avait été l'homme fort des Finales, comme en 2016, où une blessure l'avait privé d'une partie des playoffs avant que Draymond Green ne soit le vrai élément-moteur du groupe, Curry a éprouvé de sérieuses difficultés.
Pour la première fois depuis cette fenêtre de trois ans, le meneur All-Star est à 100% et au top de sa forme. Depuis le début de la campagne, Curry tourne à 28.6 points, 5.6 passes, 5.5 rebonds et 2 interceptions par match, le tout à 50.2% d'adresse globale et 43% à 3 points.
On peut toujours dire que l'opposition a été médiocre et souvent amputée de ses meilleurs éléments. Toujours est-il que le "Baby-Faced Assassin" paraît sûr de sa force et un peu moins écrasé par la pression que lors des deux saisons précédentes.
Kevin Durant, une équation impossible à résoudre
Autant en termes de personnalité que sur le strict plan sportif, Kevin Durant a été parfait pour sa première saison avec les Warriors. "KD" n'a pas cherché à jouer les alpha-dogs et il s'est fondu à merveille dans le collectif californien. Comme on pouvait s'y attendre, il a davantage exploré son effrayant potentiel défensif et sans sa blessure en deuxième partie de saison, sa candidature pour le titre de MVP aurait fait sens.
Qu'il décide d'être un two-way player, un scoreur exclusif ou un simple facilitateur, Durant est une plus-value absolument inouïe pour Golden State par rapport à la saison dernière.
Si Stephen Curry passe à côté pendant un ou deux matches, il prendra le relais. Si sa tâche doit être de gêner LeBron James et Kevin Love grâce à sa longueur, il s'en chargera sans rechigner tant son objectif est clair : éviter de rejoindre le club des génies sans bague. On n'arrête pas Kevin Durant, on le limite et on s'en accommode. Le problème, c'est qu'il en va de même pour Stephen Curry et, dans une moindre mesure de Klay Thompson. Ça risque de faire un peu beaucoup ce coup-ci pour Cleveland.
Draymond Green a une revanche à prendre
Si Golden State a dilapidé une avance de 3-1 et subit encore aujourd'hui de douloureuses moqueries à ce sujet, c'est évidemment une responsabilité collective. Mais comment ignorer l'importance de la suspension de Draymond Green avant le game 5 ? Psychologiquement, c'est sans doute à cet instant que la série a basculé.
En plus d'être le meilleur couteau-suisse de la ligue, Green est l'âme de cette équipe. Sans lui, elle se serait probablement reposée plus d'une fois sur ses lauriers et n'aurait probablement pas engrangé autant de victoires ces dernières années.
Pas fou, l'ancien de Michigan State sait parfaitement que son absence de self control l'an dernier s'est payée au prix fort. On ne peut pas imaginer une seconde qu'il n'ait pas envie de prendre sa revanche et de défendre le plomb sur les cinq postes s'il le faut pour éviter un game winner de Kyrie Irving, de trop gros cartons de LeBron James ou une montée en régime de Kevin Love.
Ces Finales peuvent, doivent même, être les siennes pour faire oublier cet épisode qui, dans le cas contraire, fera tâche sur son CV une fois qu'il aura raccroché.
Cleveland n'a pas les armes défensives
Le parcours des Cavs en playoffs cette saison est remarquable. Surtout quand on se souvient de l'inquiétude générale lorsqu'ils ont lâché prise et laissé Boston finir en tête de la Conférence Est. Là aussi, on peut souligner la relative faiblesse de l'opposition, mais le fait est que LeBron James a joué à un niveau stratophérique et que tous les joueurs ont fait leur boulot. Offensivement, leur jeu a frisé la perfection à plusieurs reprises, notamment contre Boston lors des deux premiers matches de la série.
Cela dit, et c'est important de le souligner, les joueurs de Tyronn Lue ne sont toujours pas suffisamment dissuasifs en défense. Du moins, ils n'ont pas encore montré qu'ils étaient capables de tenir une équipe aussi offensivement surpuissante que Golden State. Tous leurs adversaires jusqu'à présent dans cette campagne n'ont pas perdu à cause de l'intensité défensive des Cavs, mais tout simplement parce qu'ils ont été surclassés en attaque.
Ils vont devoir faire leurs preuves face à Stephen Curry. Ah oui, et Kevin Durant aussi. Sans oublier Klay Thompson. Et éventuellement Draymond Green. Voir même JaVale McGee et Zaza Pachulia dans d'autres registres. Bref, on leur souhaite bien du courage.