Personne ne veut défendre sur un zigoto de 2,21 mètres, une bonne centaine de kilos de muscles, aux bras tentaculaires. Pas vraiment la soirée rêvée pour un basketteur. Avec ou sans tir fiable, peu importe, Giannis Antetokounmpo est un cauchemar. Il faut être constamment attentif, mais surtout costaud et mobile, un équilibre difficile à trouver, pour se coltiner le MVP. Sous peine de vite se retrouver avec 30 points, 18 rebonds et 6 passes sur la tronche. Ainsi que 20 longueurs de retard au tableau d’affichage. C’est la mission bien particulière – pour ne pas dire bien casse-bonbons – qui attend le Miami Heat sur ce deuxième tour de playoffs contre les Milwaukee Bucks.
Et après un match, le constat est à la faveur des Floridiens : une victoire (115-104) sous l’impulsion des 40 points de Jimmy Butler, héroïque, notamment dans le dernier quart temps. Avec le Grec au bord du triple-double (10 rebonds, 9 passes) mais limité à 18 unités et 6 sur 12 aux tirs (4 sur 12 aux lancers-francs).
Bousculé, Giannis va devoir montrer qu’il est le patron
Difficile de ne pas voir un lien évident entre le succès du Heat et la « contre-performance » offensive de Giannis. Erik Spoelstra semble avoir un plan pour contrer la superstar des Bucks. Pour preuve, Miami est la seule équipe de la Conférence Est à avoir battu Milwaukee à deux reprises. La stratégie est simple. La même qu’Orlando au premier round. Pas de grands schémas. Plutôt un mur. Un mur qui se dresse devant le « Greek Freak » à chaque fois qu’il veut se rendre au cercle.
Miami Heat : les joueurs parfaits pour contenir le Greek Freak ?
La différence avec le Magic, c’est que le Heat dispose des bons piliers pour renforcer ce fameux mur. Bam Adebayo – qui avait été excellent sur Antetokounmpo lors d’une victoire de l’équipe de South Beach en mars dernier – Jae Crowder, qui s’est coltiné Giannis une bonne partie de la rencontre, Butler, bien entendu, mais aussi Andre Iguodala et même… Kelly Olynyk. Une armada de joueurs solides sur leurs appuis, robustes et néanmoins suffisamment rapides pour ne pas se laisser déborder. Résultat, seulement 6 points marqués dans la raquette pour le géant, pourtant le plus prolifique de la ligue dans la peinture.
Ça reste de la défense individuelle mais avec une forte notion collective : tous les autres joueurs de Miami doivent se tenir prêts à chaque fois que l’ennemi numéro un fonce dans le tas. Parce que ça reste – sans critiquer – l’axe majeur de son jeu. Foncer dans la peinture, tenter de profiter de sa vitesse pour passer l’épaule, résister aux contacts, faire un petit spin pour se dégager de son vis-à-vis, et finir près du cercle avec ses longs bras. D’ailleurs, 12 passages sur la ligne pour lui. Sa maladresse aux lancers était justement l’une des clés de la rencontre.
« C’est évident qu’ils vont essayer de construire un mur à chaque match de la série », commente l’intéressé. « Je dois continuer à faire les bons choix. »
Sans faire des prises-à-deux systématiques, les défenseurs du Heat n’hésitaient pas à venir gêner Giannis Antetokounmpo sur chacun de ses drives, quitte à laisser leur adversaire direct démarqué pendant un court instant. Ils recouvraient ensuite. Ça demande des efforts et de la rigueur. Des points forts de la maison Miami. Ça pousse aussi les autres joueurs des Bucks à tuer le match. Ce qui, pour le coup, n’est justement pas leur point fort à eux. En bégayant devant le mur, les Bucks ont perdu beaucoup de ballons. 19 au total, dont 6 pour leur star, et 28 points marqués par les hommes de Spo’ suite à un TO. Là aussi une statistique très importante au moment d’analyser ce Game 1.
Le repli défensif de Miami a été parfait pour ralentir Giannis Antetokounmpo
Mais là où les Floridiens ont vraiment fait du bon travail, c’est sur le repli. Giannis est un bulldozer en transition. Une arme de destruction massive. Une machine infernale qui sème la terreur et la mort. Là où il passe, l’herbe ne repousse plus. Le parquet se fissure. Bref, vous avez compris. En restant bien appliqué sur cet aspect très simple, et tellement primordial de la défense, le Heat s’est ainsi évité de devoir se manger un TGV grec dans la tronche action après action. Ses accélérations ont tout simplement été parfaitement limitées.
C’est dans cette situation que l’absence d’Eric Bledsoe, touché aux ischios, se fait ressentir. Les Bucks ne possèdent qu’une seule superstar, Giannis. Et quand l’adversaire le coupe de ses coéquipiers ou l’encercle, ce sont aux autres joueurs de Milwaukee d’hausser leur niveau de jeu. Et d’apporter de la création. Du drive. Pour punir la défense et la forcer à donner de l’air à Antetokounmpo, sous peine d’en prendre 35 de Bledsoe et Middleton. Les simples shooteurs alignés à côté du joueur de 25 ans ne suffisent pas. Il faut du talent offensif, balle en main, pour vraiment briser le verrou de la défense. Parce qu’à force de foncer tout droit, les Bucks vont se prendre le mur en pleine tronche.