Nous sommes les 10 juin 2016. Sur le parquet de la Q-Arena, les Golden State Warriors mènent de 10 points à moins de 3 minutes de la fin du game 4 des Finales NBA 2016. Pendant que Stephen Curry, Harrison Barnes et Andre Iguodala font circuler le ballon, LeBron James et Draymond Green s'agrippent, s'accrochent et se pouillent. Green se retrouve au sol, James l'enjambe. Le Californien prend ça pour une injure et envoie deux petits coups de poing de dégagement sous les yeux de l'un des arbitres. Séparés et sanctionnés d'une faute chacun, les deux hommes en restent là et Golden State l'emporte dans la foulée pour mener 3-1.
http://www.dailymotion.com/video/x5odue5_lebron-james-et-draymond-green-s-embrouillent-dans-le-game-4-des-finales_sport
Le lendemain, la ligue attribue a posteriori une faute technique à LeBron James pour "provocation" et une faute flagrante à Draymond Green pour "contact et représailles superflus". Il s'agit de la troisième faute flagrante du All-Star dans ces playoffs, la deuxième sur Steven Adams contre OKC (un coup de pied dans l'entrejambe) lui ayant valu une "flagrante de niveau 2".
Avec 4 "points de flagrantes" cumulés, Green est automatiquement suspendu pour le match suivant.
Pas de complot pro-LeBron comme on a pu le lire et l'entendre ici et là. Draymond Green n'a pas su garder son calme et a payé son comportement global durant ces playoffs. La suite est pour les livres d'histoire. Les Cavs renversent la situation et ramènent un trophée sportif à Cleveland, 52 ans après le dernier.
On oublie souvent deux choses lorsque l'on évoque ces Finales 2016 :
- Draymond Green n'a manqué qu'un match et, à son retour, les Warriors avaient encore deux opportunités de plier l'affaire et de brandir un deuxième trophée Larry O'Brien consécutif. Ils auraient donc dû surmonter cet incident.
- S'il n'avait pas été suspendu et/ou si les Warriors avaient remporté le titre, Draymond Green aurait peut-être été élu MVP des Finales.
Son game 1 ? 16 points, 11 rebonds, 7 passes, 4 interceptions, +17 de différentiel. Homme du match.
Son game 2 ? 28 points, 7 rebonds et 5 passes, +20 de différentiel. Homme du match.
Son game 4 ? 9 points, 12 rebonds, 4 passes, 3 contres et 2 interceptions.
Son game 7 malgré la défaite ? 32 points, 15 rebonds, 9 passes et 2 interceptions.
Avec un Stephen Curry amoindri et irrégulier, l'ancien de Michigan State a été le moteur et le meilleur joueur de son équipe sur cette série, en dépit de sa bourde et de son manque de sang froid. L'histoire ne retiendra que le niveau de jeu hallucinant de LeBron James et le shoot légendaire de Kyrie Irving.
http://www.dailymotion.com/video/x4hfqjz_kyrie-irving-ultra-clutch-dans-le-game-7-des-finales-nba_sport
Draymond Green sera guetté, scruté
A deux jours du game 1 des Finales 2017, Draymond Green sait qu'il est l'une des figures centrales de ce troisième volet. Il sait que ses interactions avec LeBron James et ses éventuels accrochages et décollages de pieds seront scrutés. Que la moindre déclaration un peu clivante sera utilisée à charge. Le spectre de sa suspension de l'an dernier planera au-dessus de ses prestations. A l'affût de la moindre sortie de route.
Tout au long de la saison, il n'a pourtant pas cessé d'être lui-même. Franc, punchy, provocant. Parfois agaçant. Green a taclé tour à tour les anciennes gloires aigries, le niveau de jeu de la Conférence Est, Kelly Olynyk, les gens qui trouvent Curry soft "parce qu'il a la peau trop claire", les médias qui déforment ses propos, etc...
"Si on retrouve Cleveland, je veux les détruire"
Il n'y a finalement que les Cavs qui ont été épargnés. Comme si Draymond Green avait gardé de côté ses meilleures cartouches pour ne pas arriver la fleur au fusil face à LeBron et à sa bande. Avant le début de la saison, il avait néanmoins préparé le terrain.
"Si on retrouve Cleveland en Finales, je veux les détruire. Mais je sais qu'il y a beaucoup d'étapes à franchir avant ça", avait-il expliqué sur ESPN.
Les étapes ont été franchies et les adversaires balayés sans ménagement. Green est toujours ce all-around player acharné et insupportable pour l'opposition. Sur le terrain, sa production a évidemment baissé avec l'arrivée de Kevin Durant. Mais ça n'a strictement rien enlevé à son incroyable lecture défensive et à son agressivité sur l'homme. Dans n'importe quelle autre équipe moins fournie que Golden State et avec un statut d'option n°1 ou 2, Green ne serait sans pas si loin, lui aussi, d'un triple-double de moyenne à base de 10 points, 10 passes et 10 rebonds. Sauf que depuis cette incroyable mésaventure de 2016, son obsession n'est pas là.
S'il fait son job et garde son sang froid, le titre est presque assuré
"Dray" devra essentiellement tenir son rang en défense et rentrer les shoots ouverts qui lui seront inévitablement offerts par les Cavs, concentrés sur les trois snipers qui l'accompagnent sur le terrain. Depuis le début de cette campagne de playoffs, Green tourne à 50% d'adresse à 3 points en catch-and-shoot. S'il reproduit ces chiffres contre Cleveland, les Warriors ne seront pas loin du compte.
Si les Dubs en sont là aujourd'hui, c'est évidemment grâce à une politique globale audacieuse, mais aussi parce qu'ils ont pris le risque de drafter un intérieur undersized et d'apparence peu athlétique, là où les 29 autres équipes ont passé leur tour. Toute la ligue cherche à trouver le nouveau Draymond Green (l'article de The Ringer à ce sujet est remarquable). Un joueur capable de défendre sur les 5 positions, mais aussi d'être un playmaker et un catalyseur. Une perle rare, en somme.
S'il ne dégoupille pas et se concentre sur sa tâche herculéenne pour le commun des mortels mais d'apparence simple pour lui, Golden State sera champion. Ça ne fait pratiquement aucun doute.