« Le mécontentement de Paul envers Rivers est grimpé en flèche quand Doc a eu l’opportunité de faire venir Carmelo Anthony. New York a offert Melo et Sasha Vujacic en échange de Jamal Crawford, Paul Pierce et Austin Rivers. Un deal refusé par Doc. Pour Paul, ce transfert avorté a prouvé que Doc était plus motivé par l’idée de garder son fils que de faire progresser l’équipe… selon un dirigeant, ‘Chris méprise Doc’. »
Impossible pour l’instant de savoir s’il s’agit d’un simple ragot fabriqué de toutes pièces par un journaliste souhaitant attirer l’attention sur lui ou si le comportement de Doc Rivers envers son fiston a vraiment créé une scission au sein de son effectif. Eaves a peut-être des sources bien placées. Ou alors, il s’est simplement inspiré d’une ancienne déclaration de Glenn Davis pour faire le buzz. « Big Baby » n’a été le premier à rapporter le favoritisme du coach-GM des Clippers envers son fils Austin Rivers. Mais il a donné du poids à une rumeur persistante. En mars dernier, le Bleacher Report notait que la présence du rejeton du coach pouvait susciter de la jalouse dans le vestiaire. Davis est allé plus loin, en adressant directement un message Instagram à son ancien coéquipier.« Ton père t’as donné ton argent pour que tu t’achètes tes jeans qui te serrent le cul », balançait notamment l’ancien champion NBA, furax.
A l’époque, Austin Rivers avait déjà démenti des spéculations, véhiculées notamment par Davis, au sujet de tensions provoquées par l’attitude de son père. Il a aussi immédiatement tapé sur son téléphone pour casser en bloc la théorie concernant le départ de Chris Paul hier soir. L’atmosphère du vestiaire, seuls les joueurs, les coaches et leur entourage la connaissent vraiment. Mais certains faits méritent d’être remis dans le contexte. En 2015, alors que la carrière de Rivers ne décollait pas et qu’il se dirigeait tout droit vers une sortie prématurée de la NBA, Doc a mis en place un transfert pour faire venir son fils aux Clippers. Il lui a donné du temps de jeu. Surtout, il l’a signé pour 35 millions sur trois saisons un an plus tard. Il l’a prolongé avant même que Jamal Crawford, membre encore plus important de la rotation, soit signé. Les Californiens ont fini par offrir 42 millions sur la même période à leur sixième homme. Se mettant du même coup dans le rouge financièrement, une fois de plus. Austin Rivers a progressé. Il compilait 12 points à 37% derrière l’arc l’an passé. Pas extraordinaire mais solide. Mais il jouait quand même plus de 27 minutes par match. Un sacré temps de jeu, pour un septième homme. Il porterait peut-être même déjà l’uniforme des Knicks si Doc Rivers n’était pas à la fois coach ET Président de l’organisation. De toute façon, cette double-casquette fonctionne rarement. Il suffit de regarder où en sont les Detroit Pistons malgré le talent de Stan Van Gundy. Ou les Atlanta Hawks, pourtant drivés par un homme doué comme Mike Budenholzer. Atlanta a d’ailleurs préféré nommé un nouveau GM en laissant à Budenholzer le soin de se concentrer sur le coaching. Et uniquement sur le coaching. Doc Rivers est un mauvais GM. C’est incontestable. Ou, du moins, toutes ses décisions en tant que dirigeant ont, paradoxalement, pourri sa vie en tant que coach. Il a commencé en lâchant le prometteur Eric Bledsoe, ainsi que plusieurs choix du second tour, pour récupérer Jared Dudley et J.J. Redick. Il a offert des contrats sur plusieurs saisons à tout un tas de vétérans qui n’ont jamais eu d’impact au sein de l’équipe, de Byron Mullens à Hedo Turkoglu en passant par Danny Granger. Il n’a pas su faire confiance à JaMychal Green, aujourd’hui titulaire aux Memphis Grizzlies. Dudley est resté à peine une saison avant d’être envoyé à Milwaukee en l’échange de Carlos Delfino et Miroslav Raduljica. Les Clippers ont aussi sacrifié un premier tour de draft dans l’échange. Les deux joueurs récupérés n’ont finalement jamais joué pour Los Angeles. Aujourd’hui, ils ne sont plus en NBA, à l’inverse de Dudley. Après avoir laissé filer Green, Doc a aussi coupé Joe Ingles, membre important de la rotation du Jazz l’an dernier. Il a signé Lance Stephenson pour finalement l’envoyer à Memphis en l’échange de Jeff Green. Dans l’affaire, les Clips ont encore dû sacrifier un premier tour de draft. Il n’a pas souvent eu l’occasion de drafter, étant donné que la plupart des choix ont été échangés, mais aucun des jeunes joueurs sélectionnés n’a eu un impact. Même constat avec les vétérans choisis tout au long des quatre dernières années. Doc Rivers ferait clairement mieux de se concentrer sur le coaching. Mais est-il même vraiment un bon coach ? La question peut surprendre, surtout qu’il est l’un des rares entraîneurs titrés en activité. Il y a encore quelques années, il était considéré comme l’un des meilleurs sur le circuit. Peut-être à tort, justement. Déjà, il y un constat qui picote : il n’a pas fait mieux que Vinny Del Negro, son prédécesseur sur le banc, malgré des moyens plus importants. Et Del Negro ne jouissait pas d’une bonne réputation… Lors de sa dernière saison, l’ex-entraîneur des Clippers menait sa franchise à 56 victoires. Rivers a à peine fait mieux : 57 victoires en 2014. Et c’est tout. Comme lui, il n’a jamais passé le second tour. Alors, la gloire du Doc serait-elle usurpée ?« Doc a été un putain de chanceux en 2008 (l’année du titre). Il avait un groupe spécial. Et il a vraiment été chanceux. L’année précédente, tout le monde voulait le virer… puis il gagne et tout le monde pense que c’est l’un des meilleurs coaches de tous les temps ? Je ne pense pas. Il faut donner beaucoup de crédit à Paul Pierce, à Kevin Garnett et à Ray Allen. Ces gars s’assuraient que tout soit fait », pestait Glenn Davis, encore lui.
« Et il faut donner du crédit à Danny Ainge. Il venait dire à Doc d’être plus tranquille avec nous. »
Il a aussi eu la chance de pouvoir compter dans son staff des assistants brillants comme Tom Thibodeau en 2008. Ainsi que l’un des meilleurs GM de la ligue, comme le souligne Davis. Doc Rivers est sans doute un formidable orateur mais il n’a jamais su développer des jeunes joueurs. Ses systèmes de jeu ne sont pas non plus révolutionnaires et sa capacité à s’adapter en plein match est loin d’être sa plus grande qualité. Avec un nouvel effectif et une franchise plus ou moins dirigée dans l’ombre par Jerry West, il est temps de couper les ponts avec le coach et de prendre une autre voie.