Dès sa première année, Devin Booker a franchi la barre des 1000 points en NBA. Seulement trois joueurs l’ont fait plus rapidement que lui : Kobe Bryant, Kevin Durant et LeBron James… Casting prestigieux. Un peu moins de deux mètres sous la toise, un visage juvénile, la coupe bien taillée, Devin Booker est une gâchette foudroyante au visage d'ange. Il y a bien un nouveau « Baby Face » dans le pays.
Avec un canon à la place des mains, le jeune arrière a allumé quelques records dans l’Arizona. Entre autres, : premier rookie de la franchise à réaliser un match à plus de 30 points, le plus jeune également à effectuer un double-double sous le maillot des Suns et déjà dans le classement des 10 meilleurs pourcentages aux lancers-francs de l’histoire du club (84% de réussite). Pour une grande partie des fans, c'est déjà le chouchou - en même temps vous me direz, pas trop le choix... Et c’est assez logiquement qu’il a été sélectionné pour la NBA’s All-Rookie first team en compagnie de Karl-Anthony Towns, Jahlil Okafor, Nikolas Jokic et Kristaps Porzingis. En bref, Devin Booker est certainement le rookie le plus excitant du côté des cactus depuis la saison 2002/2003 et un certain… Amar’e Stoudemire.
La tête sur les épaules… c’est déjà ça
[superquote pos="d"]"Je veux transformer les Suns"[/superquote]Car cette saison, l’équipe de Phoenix a fait tristement honneur à son désert, seulement 23 matches gagnés et une piteuse avant-dernière place de la Conférence Ouest. Pire, les Suns établissent leur nouveau record de saisons passées sans disputer les playoffs - la sixième. Même pour une équipe qui évolue à l’Ouest, ça fait tâche. Devin Booker a débarqué plus ou moins sur la pointe des pieds à Phoenix, drafté assez haut en 13ème position mais seulement sixième homme à Kentucky, il n’était pas vraiment question de lui flanquer une pancarte marquée « SAUVE NOUS » dès son arrivée. À l’entame de la saison dernière, avec Eric Bledsoe et Brandon Knight, les « soleils » disposaient d’un backcourt de qualité - certes peu complémentaire - mais au moins talentueux, et l’opportunité pour Booker en sortie de banc d’apporter un second souffle au shoot et prendre ses marques dans la ligue. Sauf qu’Eric et Brandon, et bien comme on dit, ça n’a pas passé l’hiver ! Blessure et encore blessure et voilà que, fin décembre, Devin Booker est propulsé dans la fosse aux starters, alternant entre le poste 2 et 1 par intermittence, voire 3 en dispositif small ball:
« Être le seul arrière ici, c’était quelque chose d'important pour moi » explique-il dans un entretien à SLAM. « Cela montre que je suis sur la bonne voie, mais pour beaucoup de joueurs qui ont fait partie de la First-Team All Rookie dans l'histoire, on ne sait même plus où ils sont actuellement. Donc je vais devoir exploiter ma motivation pour continuer à grimper, parce que je sais que ça implique (cette récompense) d’avoir une plus grande cible dans le dos désormais. »
Puis sans trembler, Devin décoche même une flèche de charme en plein cœur des fans. Précis jusqu’au bout, même dans la séduction :
« J’aime être à Phoenix et je veux devenir l’un de ses joueurs draftés par une équipe et qui y font toute leur carrière. Vous voyez, ceux qui transforment la franchise, et reçoivent de l’amour en retour de la ville, comme s’ils en étaient le maire… Les gens portent encore le maillot de Steve Nash ici. C’est quelque chose que je veux vivre. »
Les jerseys floqués Booker vont fleurir du côté de l’Arizona…
http://www.dailymotion.com/video/x4n7gt0_devin-booker-is-the-future_sportDevenir plus qu’une simple gâchette
[superquote pos="d"]"Il n’a que 19 ans ? Il ne joue pas comme si c’était le cas" Klay Thompson[/superquote]Pour l’instant, en phase offensive, le jeune homme accumule les bons points. Shooteur pur sang, élégant, l’attitude de compétiteur qui va avec, les éloges de ses pairs ne manquent pas. À commencer par son coach Earl Watson :
« Il a 19 ans et n’a jamais peur. C’est ce que j’adore chez lui. Il en veut. Beaucoup de jeunes joueurs joueurs dans la ligue disent qu’ils en veulent, mais quand la chance se présente ils n’en veulent plus vraiment. Vous pouvez le voir. Vous pouvez le ressentir. Ce gamin en veut vraiment. »
Parmi les admirateurs, Klay Thompson, l’un des plus gros snipers de la ligue - si ce n’est le - n’a pas caché sa stupéfaction après avoir croisé la route du rookie à la mi-saison :
« Il n’a que 19 ans ? Il ne joue pas comme si c’était le cas. Il joue avec beaucoup de contrôle. Magnifique shoot. Un athlète sous-estimé. Il va devenir un très bon joueur de la ligue et pour longtemps ».
Un Klay Thompson que Devin Booker a justement croisé avec son Splash Brother Sephen Curry en finale du concours de trois-points en février dernier, et remporté par Klay.
Autre témoignage édifiant, celui du neo-retraité Kobe Bryant, à qui Devin avait eu le culot d’essayer de lui « voler » son move pour lui marquer sur la tête lors du dernier match de Kobe à Phoenix :
"Il est fantastique. Il a la bonne attitude, le bon état d'esprit. Ses fondamentaux et ses appuis sont très solides (...) La première action où je défendais sur lui, il a essayé de me passer sur mon propre move. Mec, tu ne vas pas me battre sur mon move ! Mais c'était marrant parce que j'ai fait exactement la même chose contre MJ », en rigolait Bryant en conférence de presse.
Mais bien sûr tout n’est pas parfait, s’il rêve d’une destinée à la Steve Nash, il faudrait commencer déjà par ne pas l’imiter sur sa défense aléatoire. Le site arizonasports.com lui avait même dédié tout un article sur le sujet après une défaite face à Milwaukee où ses carences défensives étaient plus que jamais apparues évidentes. Khris Middleton, que Devin Booker devait contenir, lui avait alors fait la chanson toute la rencontre. Prise de la ligne de fond, défense sur l’écran porteur, non porteur… Le rendement défensif de Booker est insuffisant, même pénalisant pour l’équipe, en témoigne son "Real Plus-Minus Wins" négatif lorsqu’il est sur le terrain, le cinquième plus mauvais en NBA. Dans une équipe où en termes de défense, c’est un peu le No Man’s land, il est certes difficile d’élever son niveau de jeu. Mais Devin doit commencer par là pour être meilleur en défense individuelle avant d’espérer insuffler un nouvel élan de défense collective.
Ce sera un point primordial pour se rapprocher d’un Klay Thompson - toutes proportions gardées, notamment par rapport au niveau des deux équipes - par exemple, remarquable des deux côtés du terrain, sans pour autant s’oublier complètement en attaque, au contraire. Ce serait dommage d’être réduit au simple rang de pistolero unidimensionnel pour le reste de sa carrière. Et puis, c'est pour l'instant difficilement vérifiable vu les prestations de Phoenix, mais reste encore à savoir quelle attitude adopterait Devin dans une ambiance de matches couperets, quand le cœur bat plus fort et les mains tremblotent...
Avec Earl Watson qui a pris le relais de Jeff Hornacek à la tête des Suns, le retour au bercail de Leandro Barbosa, on espère au moins que Phoenix ne fera pas pire que la saison passée, sinon cela va commencer à devenir compliqué pour Booker d’accepter l’idée d’être en vacances en avril chaque année…