Anthony Davis et DeMarcus Cousins ensemble aux Pelicans ? Juste dingue !

Analyse du transfert le plus fou de ces dernières années. Les Sacramento Kings ont envoyé DeMarcus Cousins jouer avec Anthony Davis aux Pelicans.

Anthony Davis et DeMarcus Cousins ensemble aux Pelicans ? Juste dingue !
Dan Woike, journaliste au Los Angeles Times, était comme nous tous en apprenant le transfert de DeMarcus Cousins aux New Orleans Pelicans d'Anthony Davis : stupéfait. Et encore, c’est un euphémisme. Il se trouve que le reporter était en compagnie d’un dirigeant NBA à ce moment-là. Il lui a indiqué qu’il ne comprenait vraiment rien à la stratégie des Kings. La réponse du manager est la parfaite illustration de la gestion de Sacramento : « Personne ne pige rien à ce qu’ils font. »

Mais à quoi jouent les Sacramento Kings ?

Un départ de "DMC", c’était dans l’air depuis plusieurs saisons. Il n’y a pas eu une année sans que son nom circule dans les rumeurs avant que la franchise finisse par publiquement déclarer qu’elle « n’avait aucune intention de se séparer de son meilleur joueur. » Le pivot All-Star était couvert et soutenu par le patron. Le propriétaire. Le très impliqué, très extravagant et souvent à côté de la plaque Vivek Ranadive. [caption id="attachment_312750" align="alignleft" width="318"] Vivek Ranadive s'invente une vie de GM et décrédibilise terriblement sa franchise.[/caption] Voilà un fait : les Kings n’ont jamais gagné avec DeMarcus Cousins. Ils ont remporté 24, 22, 28, 28, 29 et 33 matches au cours de ses six premières saisons. Reste à savoir si c’était vraiment la faute du joueur, parfois détesté par plusieurs de ses coéquipiers, du staff ou des dirigeants. Malgré son caractère de cochon, la cote du natif de l’Alabama est restée virtuellement assez haute jusqu’à cette saison. Sacramento se cherchait en vain un nouveau départ – nouvelle salle, nouveaux dirigeants, nouveau coach – mais l’organisation n’a jamais pressé sur la détente pour un transfert de sa star capricieuse. Jusqu’à hier soir. [superquote pos="d"]Le timing du transfert est incompréhensible [/superquote]Le timing est vraiment étrange. C’est encore un euphémisme. Il y a quelques semaines, même quelques jours, les Sacramento Kings juraient – EN PUBLIC ET EN PRIVE – qu’ils comptaient conserver leur meilleur joueur et même lui offrir un contrat autour des 200 millions de dollars. Cousins évoquait lui son rêve de devenir une légende à Sactown. Encore mieux : l’équipe, neuvième à l’Ouest, était encore en course pour les playoffs. Tout s’est accéléré brutalement. Les rumeurs d’une offre refusée par le Magic – et donc initiée par les Kings – pour DeMarcus Cousins étaient un premier signal. Nous y avons finalement prêté peu d’attention, emballés par le All-Star Weekend ou simplement habitué à ces spéculations qui n’aboutissent à rien de concret. Puis Adrian Wojnarowski s’est mis à tweeter. Et la « Woj Bomb » a fini par tomber : Nous reviendrons sur le transfert quelques lignes plus bas mais concentrons-nous un instant sur le processus : Vlade Divac a donc proposé DMC, ou fait comprendre aux autres GM qu’il était disponible. Le Serbe a alors compilé les meilleures offres et il les a transmises… à son propriétaire. Encore une fois, la décision finale est revenue à Ranadive. Il est compréhensible qu’un milliardaire soit impliqué dans la vie de sa franchise. Il est presque normal qu’il ait son mot à dire lors du transfert de la figure emblématique de l’équipe. Mais dans ce cas-là, celui des Kings, cela donne l’impression que Divac est juste le pantin du patron. Vivek Ranadive a trouvé le moyen de s’inventer une vie de GM NBA en nommant des pions à qui il ne laisse d’autre choix que de l’écouter sous peine d’être renvoyés. Il n’a pas seulement un droit de regard, il est le décisionnaire SUR LE PLAN SPORTIF. https://www.youtube.com/watch?v=jEK_d-SFfCQ

DeMarcus Cousins échangé contre rien... ou presque

Il faudrait plus qu’un article pour résumer toutes les cagades des Kings depuis l’arrivée de Ranadive. Ce transfert de Cousins est le bouquet final d’un feu d'artifice de conneries. Encore une fois, ce n’est pas tant l’idée de le transférer qui choque. C’est le timing, les mensonges permanents, les déclarations dans la presse et surtout la contrepartie tellement déséquilibrée. Les Kings ne pouvaient pas l’échanger à sa juste valeur. Il est l’un des quinze meilleurs joueurs du monde. Mais il est fortement probable – très fortement probable – que la franchise a eu de BIEN MEILLEURES OFFRES lors des saisons précédentes. [caption id="attachment_368011" align="alignleft" width="318"] Le fait d'arme de Buddy Hield cette saison : avoir agrippé les burnes de DMC.[/caption] La franchise n’a même pas mis la main sur un joueur ou un asset susceptible de faciliter le processus de reconstruction. Le rookie Buddy Hield a déjà 23 ans ! Il n’était même pas éligible au sein de notre classement des meilleurs jeunes NBA. Malgré son âge, il n’est même pas mûr pour la ligue. Pourtant, les Sacramento Kings ont l’air de l’apprécier et de lui accorder beaucoup plus de valeur que les autres organisations NBA. Alors soit les scouts de toutes les autres équipes sont aveugles, soit Sacramento se met une fois de plus le doigt dans l’œil. Choisissez votre camp. New Orleans avait proposé un pick et Tyreke Evans – selon les dernières rumeurs, Alexis Ajinça avait lui aussi été évoqué dans un premier temps – en l’échange de Jahlil Okafor. Les Philadelphia Sixers ont refusé. Les Pelicans ont simplement ajouté le décevant Hield, l’inexistant Langston Galloway et un second tour de draft pour obtenir DeMarcus Cousins. Et il y a des années lumières d’écart entre Okafor et DMC. [superquote pos="d"]Le trade ne facilite même pas complètement la reconstruction des Kings [/superquote]En parlant de Galloway, il devrait être coupé par les Kings. « T-Rex », quant à lui, retrouve la Californie et son ancienne équipe. Il y a joué la meilleure saison de sa carrière… lorsqu’il était encore rookie (20-5-5). Il se remet doucement d’une blessure, il a 27 ans et son contrat expire cet été. Il ne devrait donc pas s’éterniser. Techniquement, Sacramento a donc misé son avenir sur Hield et un pick. Un choix protégé dans le top 3. Si les Pelicans finissent par jouer les playoffs, les Kings auront donc obtenu un pick au-delà de la quatorzième place d’une draft chargée… surtout dans le top 10. Leur pick 2019 reviendra aussi aux Sixers. Il est non protégé. Vu la tendance actuelle, il y a des chances que ce choix soit intéressant. Les Kings peuvent toujours se targuer de compter sur leur pick. Ils peuvent encore tanker. Ils n’ont que six succès d’avance sur les Phoenix Suns, derniers à l’Ouest. La perte de Cousins devrait s’accompagner de nouvelles défaites. Les Kings marquaient à peine 97 points sur 100 possessions sans lui, contre 108 quand il était sur le parquet. C’est tout le système offensif qui est à repenser maintenant qu’il est parti. D’autant plus qu’avec Rudy Gay out pour la saison sur blessure, Dave Joerger n’a pas de vrai scoreur à sa disposition. La franchise va finir la saison en roue libre, tenter de choper une belle place à la Draft et espérer que les Sixers fassent de même. Pourquoi Philly ? Parce que le génial Sam Hinkie a négocié un droit de swap des picks des deux équipes avant son départ. Si Sacramento se maintient et obtient un choix au-delà de la dixième place, il est automatiquement envoyé à Chicago. Si les Kings mettent la main sur le first pick, ils devront le swaper avec celui des Sixers. Philadelphie peut choisir le meilleur pick entre le sien et celui de Sactown. En conséquence, il y a très peu de chances que Sacramento obtienne un choix dans le top 3 mais plutôt autour de la cinquième, sixième ou septième place. La cuvée de rookies à venir est chargée et il y a donc toujours la possibilité de choper un jeune prometteur. Mais pas un Markelle Fultz, favori pour être top pick à l'heure actuelle.

Anthony Davis - DMC : les Pelicans ont la raquette la plus folle de la NBA

C’est les New Orleans Pelicans qui peuvent se frotter les mains avec ce deal. Déjà vernies d’avoir accueilli le All-Star Game après la relocalisation – l’événement était initialement prévu à Charlotte – la ville et la franchise peuvent continuer à faire la fête à l’approche du carnaval. Avec Anthony Davis et DeMarcus Cousins, les Pelicans disposent de la raquette la plus terrifiante de ces dernières années. [caption id="attachment_343515" align="alignleft" width="318"] Quelle belle soirée pour Anthony Davis : MVP du All-Star Game et Cousins en renfort.[/caption] A première vue, cette association est à contre-courant : toute la ligue évolue vers du « small ball » avec des intérieurs fuyants et les Pels se retrouvent avec deux géants dans leur cinq majeur. Mais c’est simplement la première vue. Car en analysant de plus près, NOLA a maintenant l’occasion de marcher sur la ligue. Déjà, les ailiers convertis en poste quatre auront bien du mal à stopper un Davis mobile, puissant et agile. Les pivots actuels ont déjà toutes les peines du monde à contenir Cousins. Physiquement, le tandem est impressionnant. Mais les deux All-Stars sont des joueurs modernes. Pas seulement des brutes ou des phénomènes athlétiques. Anthony Davis a développé un tir à mi-distance dévastateur. Il peut étirer le jeu, même depuis le poste quatre. DeMarcus Cousins a lui aussi un face-up game intéressant. Il a planté 95 tirs primés (c’est déjà plus que Buddy Hield, considéré comme un sniper en NCAA) cette saison. A 35% de réussite. Non seulement ils sont plus grands, mais leur duo a la capacité d’étirer suffisamment le jeu pour ne pas souffrir de problèmes de spacing. Les Pelicans doivent désormais trouver deux shooteurs sur les ailes pour former un cinq dévastateur avec Jrue Holiday. [superquote pos="d"]Sur le papier, DeMarcus Cousins et Anthony Davis peuvent briller ensemble[/superquote]Le meneur a d’ailleurs maintenant d’autant plus de raisons de prolonger en Louisiane en juillet prochain. L’adaptation d’un joueur comme DMC peut évidemment prendre du temps. Mais sur le papier, son arrivée n’est pas illogique d’un point de vue sportif. Il y a de la matière pour travailler. Le coaching d’Alvin Gentry n’a pas fait ses preuves jusqu’à présent et il devra step-up, comme le reste de l’équipe. A lui de trouver des solutions pour faire fonctionner un système avec deux des meilleurs joueurs du monde. New Orleans dispose aussi d’une « assurance » en cas de blessure d'Anthony Davis. Avec Cousins, l’équipe a une autre star autour de laquelle elle peut axer son attaque en l’absence d’Unibrow. Les Pelicans n’ont de toute façon pas cédé « grand-chose » vu le talent acquis. Le pick est peut-être l’asset le plus intéressant du transfert. Mais si la franchise était prête à s’en séparer pour Okafor ou Brook Lopez, elle peut se satisfaire d’avoir pris le risque avec Cousins. La franchise n'a sans doute pas fini de faire des transferts. Elle a désormais un effectif déséquilibré avec au moins sept intérieurs et une vraie faiblesse sur les ailes (cf. Les effectifs ci-dessous). Cela devrait donc encore bouger d'ici la deadline. Les observateurs noteront la Free Agency à venir de DMC. Il a une option pour tester le marché dès 2018. Il sera sans doute tenté de jouer avec John Wall ou Eric Bledsoe, ses deux amis en NBA. Mais Anthony Davis est lui aussi un ancien de Kentucky – une notion plus importante qu’il n’y paraît. Et il est plus fort que les deux autres joueurs cités. Même s’il reste, les questions autour de l’attitude du bonhomme demeurent. Va-t-il changer au sein d’un nouvel environnement ? Les Kings le tiraient-ils vers le bas ou était-il responsable de tout le bordel ambiant à Sacramento ? Les deux équipes auront des réponses assez rapidement. Et ces réponses définiront le véritable vainqueur de cet échange incroyable.

Les rosters après le transfert

New Orleans Pelicans : Jrue Holiday, Tim Frazier, E'Twaun Moore, Quincy Pondexter, Omri Casspi, Solomon Hill, Dante Cunninghamn, Terrence Jones, Donatas Motiejunas, Anthony Davis, DeMarcus Cousins, Alexis Ajinça, Cheick Diallo, Omer Asik Sacramento Kings : Darren Collison, Ty Lawson, Buddy Hield, Malachi Richardson, Langston Galloway (en attendant d'être coupé), Garrett Temple, Ben McLemore, Arron Afflalo, Matt Barnes, Rudy Gay, Anthony Tolliver, Kosta Koufos, Willie Cauley-Stein, Georgios Papagiannis, Skal Labissière