Un problème de fond (amentaux)...
[caption id="attachment_4616" align="alignleft" width="318"] Sam Mitchell n'hésite pas à être très dur envers Zach LaVine.[/caption] Et c'est même son coach qui le dit. Sam Mitchell, c'est de lui dont il s'agit, a accordé un grand entretien au Minnesota Post. L'interview est passionnante. Succulente. Vous êtes grandement invité à la lire (seule la première partie a pour l'instant été publiée, disponible ici). Sans langue de bois, et bordel, c'est rare, le coach des Timberwolves revient en détails sur les difficultés rencontrées par ses jeunes loups. Il raconte. Il explique. Il illustre. Et il n'y est pas allé de main morte sur le cas LaVine et son manque criant de fondamentaux. Trois anecdotes. Trois situations différentes. Le même constat."Contre Philadelphie, j'ai sorti Zach car il n'a pas réussi à se démarquer pour recevoir la balle trois possessions de suite. C'est lui le meneur, non ? Il marchait sur le parquet. Pourquoi ne pas reculer de deux pas, foncer vers son vis-à-vis puis 'boum', changer de direction pour demander la balle ? Il devrait le faire naturellement. Mais qui l'a coaché ? Je ne sais pas qui le coachait au lycée. Je ne sais pas qui le coachait en AAU. Ces trucs-là [les fondamentaux], je les ai appris quand je faisais des camps de basket. Des coaches professionnels nous apprenaient ça. Pas un gars qui possède une station de lavage et qui se décide à ouvrir une équipe AAU parce qu'il a vu du basket à la télévision et qu'il s'est mis en tête qu'il était coach. Ici [à Minnesota], on doit apprendre tout ça aux gars." [superquote pos="d"]"Contre Denver, Jameer Nelson s'est retrouvé en défense sur Gorgui Dieng après avoir switché. Zach était en tête de raquette. Il lui a fait une passe à terre."[/superquote]"Contre Denver, Jameer Nelson s'est retrouvé en défense sur Gorgui Dieng après avoir switché. Zach était en tête de raquette. Quelle passe est la plus appropriée lorsqu'un meneur d'1,83 m défend sur un intérieur de 2,11 m ? Il lui a fait une passe à terre. Et moi je suis là, à me dire que ce gars est un joueur NBA. Le treizième choix de la draft. Gorgui a un meneur de 34 ans sur lui et notre meneur sophomore lui envoie une passe à terre au lieu de balancer la balle en l'air. Les gens se disent qu'il devrait savoir ça. Mais on ne peut rien prendre acquis. Il a prouvé lors de ce match qu'il ne savait pas. On doit tout leur apprendre." "Encore aujourd'hui à l'entraînement. On met en place un système. Il reçoit la balle. Il pose un dribble et ensuite il fait la passe. J'ai arrêté la séquence. Il me dit 'coach, je n'ai pas fait ça'. Je lui ai répondu : 'Zach, tu penses vraiment que j'aurais sifflé si tu n'avais pas dribblé ?'. 'Qu'est-ce que tu fais si le gars à qui tu veux faire la passe n'est pas ouvert ? En posant le dribble, tu as déjà donné l'indication que tu allais faire la passe. Tu es mon meneur, tu as posé la balle et maintenant tu es bloqué si le gars n'est pas ouvert."[superquote pos="d"]"On demande à Zach de jouer à un poste qu'il ne connaît pas."[/superquote]Les mots de Mitchell consternent. Ils sont durs, froids mais réalistes. Ils font immédiatement réfléchir. Mauvaise sélection de tir, mauvais choix, mauvaise lecture du jeu. LaVine n'est pas prêt. Il est pourtant bien là. Et Sam Mitchell doit composer avec. Un coach NBA n'est pas censé enseigner les fondamentaux. Il exploite le meilleur de son effectif. Il a presque un rôle de manager. A Minneapolis, Mitchell est un professeur. Il doit aussi trouver des solutions pour aider ses jeunes pousses à s'épanouir tout en apprenant les ficelles du métier. L'une des solutions pour LaVine consiste à le laisser évoluer arrière afin de le décharger des responsabilités incombées au meneur de jeu. Mais là encore, les lacunes du natif de Renton compliquent la donne.
"On demande à Zach de jouer à un poste qu'il ne connaît pas. Mais regardez la liste des arrières. Demain (entretien réalisé le 7 janvier), J.R. Smith, 1,98 m. 103 kilos (LaVine est mesuré à 1,96 m et surtout pesé à 83 kilos). Zach n'a pas encore compris qu'il doit utilisé sa vitesse lorsqu'il est plus petit que son adversaire. Il ne sait pas quoi faire dans cette situation. La plupart des sophomores NBA ne savent pas quoi faire dans cette situation."
... Dans une ligue qui mise tout sur la forme
[caption id="attachment_303729" align="alignleft" width="318"] Zach LaVine est à l'image de la jeune équipe des Timberwolves.[/caption] Mitchell n'épargne pas son jeune joueur mais il faut aller au-delà de la critique. LaVine est-il vraiment coupable ? Le coach donne des éléments de réponse. Comment demander à un joueur de réciter des gammes qu'il n'a jamais apprises ?"Zach essaye juste de jouer. Il faut savoir jouer et réfléchir en même temps. C'est là que vous tenez quelque chose. Et quand je dis jouer et réfléchir, je ne dis pas qu'il faut être hésitant."Zach LaVine est un symbole. Le symbole de cette jeunesse des Timberwolves douée, prometteuse mais qui a tant à apprendre. Le symbole d'un groupe de joueurs qui ont pris de mauvaises habitudes depuis leurs premiers pas dans le basket. Le symbole d'une franchise séduisante et spectaculaire qui a les atouts pour atteindre les sommets de la hiérarchie NBA si elle parvient à développer le potentiel de ses stars en herbe. Elle aura besoin de temps. Car il faut du temps et beaucoup de pratique pour casser le formatage AAU de ses champions. Il s'appelle Zach LaVine mais il peut aussi très bien se nommer Andrew Wiggins, Shabazz Muhammad ou Alex Len ou encore Emmanuel Mudiay. Car, finalement, Zach LaVine n'est qu'un cas alarmant parmi tant d'autres en NBA.