Au Basket Center de Strasbourg, plusieurs joueurs professionnels sont réunis et bien entourés pour la première édition du camp "Upsilon". Autour de Yacine Aouadi, chargé du développement des joueurs du Limoges CSP, une équipe savamment composée travaille avec les athlètes sur leur développement physique, technique et cognitif.
L’événement, "unique en son genre", assume une approche qui se veut la plus complète possible. Alors, aucun aspect n’est mis de côté : psychologie du sport, préparation physique, entrainement individuel, nutrition, soins... Les joueurs viennent ici pour une progression pérenne, qui s’appuie sur le travail réalisé par les clubs et qui ne s’arrêtera pas à la fin du camp.
Un groupe d’entraîneurs et de professionnels en tout genre fonctionne ainsi main dans la main pour assurer cette démarche. Parmi eux, Alain Digbeu, ancien joueur bien connu des championnats français et espagnol. Il a notamment pu partager son expérience avec Nadir Hifi, Milan Barbitch, Mam Jaiteh et Jacques Alingue, entre autres, venus mettre leur été à profit.
On a pu discuter avec Yacine Aouadi, à l’initiative du camp, à propos de l’évènement, sa particularité et sa philosophie.
BasketSession : Comment se passe cette première édition du camp "Upsilon" ?
Yacine Aouadi : Il y a une très bonne atmosphère sur le camp. Je suis très content, voire surpris. Je savais que ça allait très bien se passer, je n’avais aucun doute là-dessus. Il y a une forme de confiance, on se connaît, on connaît les compétences de chacun, donc ça ne pouvait que bien se passer. Mais c’est encore mieux que ce que j’attendais. Beaucoup de personnes autour de nous apprécient l’initiative, que ce soient des joueurs, des entreprises ou des partenaires.
Le camp est décrit comme "unique en son genre". Qu’est-ce qui fait, concrètement, cette particularité ?
Yacine Aouadi : La particularité du camp, c’est que notre approche n’est pas seulement technique ou physique. On a essayé de tout combiner, notamment avec le cognitif. On a une personne présente pour l’aspect médical, on a un chef cuistot au quotidien, on n’a rien mis de côté.
Même sur l’approche culinaire, on essaie d’être là. On a même pris une option végétarienne pour cette semaine, car je trouvais ça intéressant de le proposer aux joueurs. Tout le monde y a été totalement sensible. On bénéficie d’une superbe structure, le Basket Center de Strasbourg. J’ai l’impression que l’on coche pas mal de cases. Sans trop m’étaler là-dessus, quand je dis « unique », c’est que je pense qu’on a pensé à tous les aspects.
Dans ce camp, il y a également une partie très marquée sur le développement cognitif et la psychologie de sport. C’est quelque chose qui est encore assez peu discuté aujourd’hui. Quelle place occupe le mental ici et dans le basket en général selon toi ?
Yacine Aouadi : Dans le basket en général, il n’y en a pas. Je dirais que cela n’occupe aucune place aujourd’hui dans les clubs. Un joueur peut totalement travailler sur les aspects cognitifs, mais ce sera avec des consultants extérieurs au club dans lequel ce joueur évolue. Aujourd’hui, ça reste à l’initiative des joueurs.
Ici, Julien Southon intervient sur le camp. J’ai déjà travaillé avec lui, et on a eu des résultats. Je suis convaincu qu’il y a une marge de progression dans ce domaine depuis longtemps, mais ça m’a encore plus poussé. Et aujourd’hui, les joueurs sont très sensibles au fait que l’on ait ce type de profils dans le staff.
Qu'est-ce qui t'a poussé à mettre cela en place de cette manière ?
Yacine Aouadi : J’ai voulu avoir une approche complète. Je l’ai plus abordé comme un club que comme un camp. Même sur la communication, on a annoncé les joueurs présents comme une espèce de roster plus que comme un camp de basket. On a intégré un physio, un préparateur physique, on parle de player développement… C’est plutôt l’approche d’un club que celle d’un camp.
L’objectif annoncé est de faire venir les joueurs pour un développement vraiment pérenne, qui leur servira pour la suite. Comment comptes-tu y arriver ?
Yacine Aouadi : Il y aura toujours une trace écrite du travail que l’on fait avec les joueurs. Toutes les informations prises pendant la semaine seront à la disposition des clubs qui le souhaitent. J’ai la chance d’être en Betclic Élite, avec Limoges, et donc de connaître l’ensemble des clubs du championnat. C’est une chose que l’on va leur proposer.
Depuis que je travaille dans ce domaine-là, j’ai toujours dit qu’il fallait rester connecté avec les staffs. Alors, l’idée c’est de travailler tous ensemble. Dire ce qui s’est passé, peut-être pour donner des pistes pour la saison prochaine et pour aider les staffs. J’ai déjà cette démarche à Limoges. Quand un joueur va travailler avec un entraîneur, on met toutes les informations à sa disposition pour le mettre dans les meilleures conditions. Cette connexion, pour moi, c’est quelque chose de primordial.
Il ne faut jamais oublier que les joueurs sont payés par des clubs. En tant qu'entraîneurs, on doit être sensible au fait que les joueurs ont certaines attentes. Mais leur staff et leur coach ont aussi des attentes. L’objectif n’est pas de développer des compétences inutiles pour la saison. Il faut donc se concentrer sur ce qui a du sens pour être le plus efficace possible.
Tu as déjà une certaine expérience en club et tu travailles avec des joueurs depuis longtemps dans le championnat. Alors, comment t’est venue cette idée de travailler avec des joueurs au-delà des clubs, dans un camp ?
Yacine Aouadi : Ça fait quelques années que j'y pense. J'ai eu des opportunités pour partir travailler à l'étranger l'été, de travailler avec des joueurs de manière individuelle. J'ai eu l'occasion de voir d'autres coaches, d'autres camps fonctionner à l'étranger et je me suis dit, à un moment donné, qu'on pouvait faire quelque chose. Je voulais faire quelque chose en France. Je voulais aussi réunir des joueurs que j'apprécie, avec qui j'ai aimé travailler. L’idée est partie de là.
Aujourd’hui, vous êtes au Basket Center de Strasbourg, avec plusieurs grands professionnels sur le terrain et en dehors. Peux-tu nous raconter comment le projet s’est matérialisé ?
Yacine Aouadi : L'idée de départ, donc, c’était de faire quelque chose en France. Par contre, il fallait que l’on trouve le bon endroit. Pour garder une approche toujours aussi complète, il fallait donner envie aux joueurs d’être là. Il faut dire ce qui est : c’est le cas. Tout est réuni pour. Tant au niveau de l’hébergement que de la salle, c’est top. On est au Basket Center, qui est une très belle salle. L’atmosphère qui réside sur le camp est très bonne. On travaille bien et tous les coaches sont heureux d’être là.
Nous avons une véritable équipe, y compris une team communication. Et je trouve qu’elle a fait un super travail. Tous les gens qui aident au camp, tous les gens autour du terrain, ont fait un super travail.
Il y a aussi un petit point que j’aimerais soulever. Tous les joueurs qui sont présents sur ce camp n’ont absolument rien payé. Ce sont des partenaires privés qui nous ont aidés à le mettre en place. Ce sont eux qui nous ont permis d’inviter ces joueurs. Je suis très content de ce qui se passe et de voir que ces partenaires sont très heureux.
Puisque cette première édition se passe bien, est-ce qu’on peut logiquement s’attendre à une deuxième édition l’année prochaine ?
Yacine Aouadi : Oui, il y aura une deuxième édition. C'est sûr. Aujourd'hui, je peux te le dire clairement : il y aura une deuxième édition. La vraie question est de savoir si ce sera sur une session ou deux sessions. On a eu des discussions avec beaucoup d'entreprises et je pense que la deuxième édition passera encore au niveau au-dessus.
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