Bill Russell a fait gagner 11 titres aux Boston Celtics. Et ça n’a pas empêché une partie des habitants du Massachussetts de vandaliser son domicile. Le racisme qu’il subissait était tel que la légende a même refusé que son maillot soit retiré en public. Ça donne le contexte de l’époque aux Etats-Unis. Un autre monument des années 60, Wilt Chamberlain, en était aussi victime. Au point qu’il a préféré quitter un temps la NBA, dégoûté. Il a abandonné la ligue à la fin de sa première année dans la ligue. En jouant même avec les Harlem Globes Trotter pendant l’été. Puis il est finalement revenu à la compétition pour sa deuxième saison.
Mais des anecdotes, il y en a malheureusement plusieurs au sujet des discriminations dont était victime le géant. Joe Rucklick, son ancien coéquipier aux Philadelphia Warriors, en racontait quelques unes dans un article publié en 1998. Il détaille notamment comment les propriétaires NBA – mais aussi certains joueurs – méprisaient les noirs. Il fallait un quota de joueurs blancs et c’est pourquoi Rucklick avait été drafté par les Warriors. Les franchises ne comptaient pas plus de quatre noirs par équipe… et c’était carrément une règle.
Rucklick détaille aussi comment toute l’équipe est un jour allé manger dans un restaurant. Le propriétaire a pris les commandes de tous les joueurs blancs. Avant de dire à Wilt Chamberlain que la cuisine était fermée. Le pivot star et ses partenaires noirs sont retournés dans le bus tandis que les autres ont continué à manger.
Autre exemple : quand l’homme aux 100 points a été littéralement agressé par Clyde Lovelette lors d’une rencontre. Un coup vicieux qui a provoqué une infection à Chamberlain et l’a écarté des parquets pendant trois matches. Mais la NBA a couvert l’affaire.
Lors du déménagement des Warriors de Philly à San Francisco, il n’était même pas en mesure d’acheter une maison. Le promoteur immobilier ayant refusé de vendre à un noir. Avec une « justification » à gerber :
« J’ai le sentiment que mixer les populations fait baisser la valeur des biens. Les négros ont tendance à ne pas avoir assez d’argent. Je les aime bien individuellement. Mais franchement, je ne peux pas dire que je les apprécie en tant que groupe. »
Brutal. Le« N word » était constamment employé à l’époque et encore plus quand il s’agissait de décrire Wilt Chamberlain. Une superstar gigantesque mais méprisée. Ses 100 points, une performance inouïe, n’ont pas eu l’impact qu’ils auraient pu avoir aujourd’hui. Pas d’engouement vu que c’était un noir. Pas de sponsors. Au final, sa carrière a été une lutte permanente contre des préjugés. Tout en maintenant un niveau exceptionnel. Et en s’engageant pour la cause de sa communauté. Une sacrée leçon de courage.