« Nous ne sommes toujours pas favoris. C’est super d’avoir gagné deux matches à l’extérieur mais nous devons comprendre qu’il faudra en faire encore plus pour remporter la troisième manche », explique le meneur All-Star.Ses Washington Wizards ont appris à ne pas s’enflammer. Ce groupe a beau être assez jeune, il a du vécu. Il revient de loin. A plusieurs reprises durant la saison, les joueurs de Randy Wittman ont eu l’occasion de dépasser la barre des 50% de victoires. Ils ont échoué une fois, deux fois, trois fois. Le 4 février dernier, ils ont enfin passé le seuil symbolique. Depuis, la révolution est en marche. Les sorciers ont terminé à la sixième place de la Conférence Est mais ce classement ne reflète pas la vraie valeur de l’équipe.
« On a grandi toute l’année. Désormais, on joue pour quelque chose de plus grand. Notre principal objectif était de jouer les playoffs. Mais nous ne sommes pas satisfaits. Nous avons un but plus grand », assure Bradley Beal, le héros du soir avec 26 points inscrits face aux Bulls.
Young, wild and free
Peu de spécialistes ont anticipé un upset – la série n’est pas encore terminée, désolé Charles – des Washington Wizards mais plusieurs d’entre eux ont souligné les difficultés qu’ils pouvaient poser aux Chicago Bulls. Les troupes de la capitale fédérale sont jeunes et prometteuses. John Wall est le chef d’orchestre. Après avoir signé son extension au montant maximum (80 millions de dollars sur cinq ans) l’automne dernier, l’ancien premier choix de draft s’est finalement muté en leader – d’après ses coéquipiers – et il a porté sa franchise en playoffs tout en devenant All-Star. Pour l’instant, Wall n’a pas évolué à son meilleur niveau (16 points à 34,5% et 6,5 passes en deux matches de playoffs contre 19,1 pts à 43,3% et 8,8 passes en saison). De quoi susciter encore plus de craintes pour les Chicago Bulls. A ses côtés, Bradley Beal s’affirme dans le backcourt. Les deux jeunes joueurs représentent l’avenir des Wizards. Et contrairement à d’autres franchises en « reconstruction », les dirigeants les ont entourés de vétérans de qualités. Si John Wall est le meilleur joueur de l’équipe, le patron est brésilien. Nene, que nous avions présenté comme le facteur X lors de notre preview, détient les clés. Surtout face aux Bulls. Son association avec Marcin Gortat est dévastatrice. Il défend, il se bat, il montre l’exemple, il marque et il provoque des prises-à-deux. Ses qualités de passeurs et les shooteurs de Washington (Ariza, Beal, Webster) font le reste.« Nous savions que nous allions avoir besoin de Nene pour les playoffs », reconnait John Wall. « Il a élevé son niveau de jeu lors des deux premiers matches. »
Les Bulls n’ont pas le monopole du cœur
Outre Nene, Andre Miller, Trevor Ariza et Marcin Gortat se battent eux aussi comme des chiens sur le parquet. Les cadres sont expérimentés et ils sont rodés aux joutes des playoffs. Hors de question pour eux de se laisser marcher sur les pieds, même face aux vieux roublards que sont les Bulls. Si les hommes de Tom Thibodeau sont présentés – à juste titre – comme des guerriers, ceux de Randy Wittman ne sont pas non plus des enfants de cœur. Après avoir menés de 17 points, ils ont été devancés de dix pions. Mais ils n’ont pas lâché, ils ont continué à se battre pour finalement arracher la prolongation. Les deux premiers matches étaient tendus et Bulls comme Wizards ont chacun écopé de deux fautes techniques cette nuit. Les joueurs de Washington vont se donner à fond, notamment en défense, également le point fort de Chicago.« C’est une très bonne équipe défensive », reconnait D.J. Augustin, trop souvent esseulé en attaque pour les Bulls. « On a construit cette défense. Je suis un coach à l’ancienne (on serait tenté de rire si Washington ne gagnait pas…). Je pense que c’est la défense qui peut nous faire gagner des matches. »
Les Washington Wizards plus talentueux, tout simplement ?
Les Wiz’ défendent durs, les taureaux aussi. Cette nuit, Nene et ses soldats n’ont pas encaissé le moindre panier pendant plus de sept minutes, à cheval sur la fin du dernier QT et le début de la prolongation. Mais d’où vient alors la différence entre ses deux équipes défensives ? Peut-être que tout simplement, contrairement à ce que l’on aurait pu penser, les Washington Wizards sont juste plus forts que leurs adversaires.« Ils sont plus talentueux, c’est évident », notait Steve Kerr, ancien joueur désormais analyste et futur coach NBA. « Ils sont plus rapides, plus techniques, plus adroits. »Le constat est juste. Sans Derrick Rose et sans un autre scoreur de qualité, les Bulls sont limités face aux Washington Wizards. John Wall et sa bande sont bien partis pour accéder au second tour. Peut-être qu’ils sortiront sèchement dans la foulée. Ou peut-être pas. Peut-être qu’ils ont profité du faible niveau dans la Conférence Est cette saison. Ou peut-être s’agit-il du début de quelque chose de plus grand. En attendant, les Washington Wizards n’ont pas fini de rêver… et de grandir.