Les Wizards sont meilleurs sans John Wall

Les Washington Wizards relèvent la tête depuis la blessure de John Wall. Encore une fois, cette équipe tourne mieux en son absence.

Les Wizards sont meilleurs sans John Wall
Flashback. Printemps 2014. Les Washington Wizards retrouvent les playoffs pour la première fois depuis 2008. Cinq saisons vides à moins de trente victoires et quatre coaches différents plus tard, ils jouent à nouveau un rôle au sein de la Conférence Est. Ils sont alors emmenés par un jeune duo composé de John Wall, premier choix de la draft 2010, et de Bradley Beal, sélectionné en troisième position en 2012. Ensembles, ils atteignent les demi-finales de Conférence pour leur première campagne. Pour beaucoup, c’était le signe d’une équipe armée pour frapper un grand coup à l’Est dans les années à venir. Les analystes les plus optimistes fantasmaient sur le potentiel de ce tandem. Et c’est compréhensible. Mais c’était une mauvaise lecture. Facile à dire, avec le recul. Cependant, à l’époque, nous avions aussi fait un constat encore plus parlant aujourd’hui. Nous avions mis en avant le fait que Beal, alors sophomore, était en réalité le vrai patron de l’équipe. Les deux derniers paragraphes de cet article peuvent valoir le coup d’œil, ils illustrent bien les doutes qui pouvaient déjà donner à réfléchir… en 2014. Pour résumer notre pensée de l’époque : ce n’était pas Wall le leader sur le terrain lors de ces fameux playoffs. C’était son lieutenant désigné. Beal disposait des ballons dans les moments chauds. Il créait le jeu en pick-and-roll, et ce même quand son meneur All-Star était sur le parquet. Il était le joueur le plus dangereux et le plus prolifique : 19 points (41% à trois-points) contre 16 pour JW. Ça peut sembler anecdotique mais il faut vraiment comprendre qu’à ce moment-là, Beal n’avait pas encore le même statut que son coéquipier. Il était encore perçu comme un shooteur et non comme une vraie star capable de diriger une attaque NBA. Ces playoffs montraient pourtant qu’il en était capable. C’est sous son impulsion que les Wizards on battu les Chicago Bulls (4-1) au premier tour avant de s’incliner contre les Indiana Pacers (2-4). Wall a fini la série du second round avec 14 points et 38% aux tirs… les joueurs des Pacers ne défendaient même pas sur lui quand il n’avait pas la balle. Et ça posait problème. Parce que Beal se retrouvait obligé de créer du jeu avec nettement moins d’espaces. C’était en 2014, encore une fois. Les Golden State Warriors n’avaient pas encore gagné leur premier titre. Juste avant la révolution à trois-points. Et déjà l’inefficacité de Wall sans le ballon était une lacune pour Washington. La jeunesse des deux joueurs nous a aveuglés. Nous avons voulu y voir un duo complémentaire. Alors que ce n’est en réalité pas vraiment le cas. Ça n’a jamais été vrai. Les backcourts qui fonctionnent parfaitement sont ceux qui associent deux joueurs capables d’étirer les défenses : Stephen Curry et Klay Thompson. Damian Lillard et C.J. McCollum. Chris Paul et James Harden. Mais pas John Wall et Bradley Beal. C’était le cas il y a cinq et l’analyse paraît encore plus juste aujourd’hui. Ces deux gars ne se tirent pas vraiment vers le haut. Parce que Beal n’est pas un vulgaire J.J. Redick (no offense, Redick est exceptionnel dans son rôle) qui court après des écrans. Parce que Wall n’a jamais développé un tir suffisamment fiable pour que les défenseurs adverses craignent de le laisser libre. Vous voulez la preuve ultime ? En cinq ans, les Wizards n’ont finalement jamais fait mieux que cette demi-finale de Conférence perdue contre les Pacers. Ils ont atteint le deuxième tour deux fois de plus. Sans jamais passer le cap. Un développement incomplet. Avec en plus des tensions – un vrai fil rouge à D.C. – entre les deux stars. Elles ont même fini par avouer, publiquement, qu’elles avaient du mal à jouer ensemble. Publiquement. Imaginez seulement si Ben Simmons venait déclarer demain qu’il a du mal à s’entendre avec Joel Embiid sur le terrain. Imaginez le boucan que cela susciterait. C’était ça aux Wizards. Sauf qu’en réalité, Wall n’a pas l’air d’être apprécié par la plupart de ses camarades. Il s’est brouillé avec Beal plusieurs fois, et ce dernier lâche toujours des petites piques sur la façon dont l’équipe joue mieux à chaque fois que Wall est absent – sans pour autant le nommer directement. Marcin Gortat, lui, a été plus radical l’an dernier, il a carrément pointé son meneur du doigt avec un sous-entendu à peine masqué », et il a du coup été transféré pendant l’intersaison. Son départ n’a rien changé. Il y a même un constat récurrent : pour la deuxième fois en trois ans, les Wizards sont meilleurs quand leur supposé meilleur joueur, celui qui est le plus grassement payé, est blessé. Ils en sont à 9-5 sans Wall en comptant la large victoire décrochée cette nuit contre les Detroit Pistons. Avant d’être plus performants, ils paraissent plus heureux. Et ô que c’est important pour un groupe qui n’a vraiment pas été gâté depuis quelques années. Ils s’amusent sur le terrain. Ils se soutiennent. « Everybody eats », pour reprendre l’expression de Beal, qui claquait d’ailleurs clairement une petite critique envers JW en lâchant le terme en son absence l’an dernier. La balle circule mieux. Les Wizards sont donc moins prévisibles. Plus difficiles à arrêter – c’est logique. Et donc plus en mesure de gagner, surtout contre les adversaires à leur portée. Bradley Beal a désormais l’occasion de montrer qu’il est en excellent créateur balle en main. Si Wall n’a que peu évolué aux tirs (oui il a fait quelques progrès à mi-distance mais toujours 32% de réussite à trois-points en carrière, il n’a jamais décollé), son partenaire dans le backcourt a réussi à s’affirmer balle en main. Il est plus à l’aise en dribble. Il lit aussi mieux le jeu qu’avant. Cela donne une équipe un peu similaire aux Indiana Pacers de Victor Oladipo : un arrière playmaker très fort et du talent autour. Même si, pour être honnête, ces Wizards sont moins forts que les Pacers. C’est ce que la franchise de Washington peut construire si elle se sépare de Wall. OK, son contrat le rend quasiment intransférable. Parce que la ligue a fini par se rendre compte. Oui, il est talentueux. Mais non, il n’a pas le profil du meneur de demain. Oui, il est trop payé. Non, ce n’est pas un leader. Trop de défauts pour obtenir un bon deal. On conseillerait aux Wizards de le brader – un transfert que nous réclamons depuis plus de deux ans !!!! Ils seraient meilleurs par soustraction. Même s’ils ne récupèrent qu’un seul asset potable. Ils auraient dû le faire il y a bien longtemps. Certes, cette équipe avec Beal ne peut pas viser mieux qu’un premier tour de playoffs. C’est encore moins bien que ce qui a été réalisé depuis cinq ans. D’accord. Mais imaginez cette formation, avec Beal et des assets récupérés à l’époque où Wall avait encore de la valeur marchande. Là, il y avait quelque chose. Et même plus de flexibilité financière. On peut faire des flashbacks mais on ne peut pas refaire le monde. Espérons simplement que les dirigeants des Wizards ne vont pas continuer à refaire encore et toujours la même erreur.