Victor Wembanyama décolle les pieds du sol, et contre le ballon de toute sa main. Il ne se contente pas de bloquer le tir à mi-distance de Chet Holmgren au terme de leur duel, mais parvient aussi à garder le contrôle de la balle, qu’il confie rapidement à Tre Jones. Le rookie français se tourne vers son banc, alors que les Spurs mènent de neuf points face au Thunder, à deux minutes de la fin.
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« J’aime regarder les réactions de mon banc, je me nourris vraiment de ça », explique Wembanyama en conférence de presse. « J’adore ça, procurer du plaisir aux fans, et surtout voir que mes gars sur le banc sont heureux. »
L’action du match ? Probablement. C’est en tout cas celle qui a fait se lever le public du Frost Bank Center, scandant son nom : « Wemby, Wemby, Wemby ! ». Ses deux tirs à trois points décisifs dans les trois dernières minutes, également face à Holmgren, ont aussi leur place dans cette conversation. Ce jeudi, il est difficile de désigner un moment en particulier.
Wembanyama et ses coéquipiers ont connu une soirée de rêve : la victoire face à la deuxième équipe la mieux classée de la Conférence Ouest (132-118), une confrontation réussie contre son concurrent direct pour le titre de Rookie of the Year… Après 26 jours sur la route, San Antonio aurait difficilement pu imaginer un retour plus triomphal. « Tout cela m’a manqué », a lancé le Français, sourire aux lèvres et micro en main face aux fans texans.
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Victor Wembanyama envoie un message fort face à Chet Holmgren
« Le titre de Rookie of the Year est très important pour moi », a admis Victor Wembanyama après cette rencontre qui comptera assurément un peu plus que les autres dans la course aux trophées. « Je suis convaincu que le meilleur moyen pour aider mon équipe est d’être aussi performant individuellement. »
« Il reste 22 matches, donc ce n’est pas terminé », nuance toutefois le joueur de 19 ans. Sa performance impressionnante à 28 points (soit 1,35 point par tir tenté), 13 rebonds, 7 passes décisives et 5 contres pourrait laisser penser le contraire. « Je ne me pose même pas la question de si cette course est finie ou non. Je veux gagner les matches, il en reste 22, donc il faut continuer à performer. »
Victor Wembanyama sur le titre de Rookie of the Year : « C'est très important pour moi. »
« Je suis convaincu que le meilleur moyen pour aider mon équipe est d'être aussi performant individuellement. Donc oui, les récompenses individuelles comme le titre de Rookie of the Year… pic.twitter.com/0PogoYxyyz
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Fantastique des deux côtés du terrain, le premier choix de la draft a cependant envoyé un message fort. Chet Holmgren (23 points, 7 rebonds, 5 passes décisives) et lui se sont peu affrontés en un contre un sur la totalité de la rencontre. Wembanyama a même majoritairement été défendu par un autre joueur, Jalen Williams. Mais ce jeudi, il a émergé comme le meilleur rookie sur le parquet, confirmant une tendance déjà évidente depuis janvier.
Le Thunder a réussi à le restreindre à 3/8 tirs sous le panier — la défense d’Holmgren jouant un rôle crucial dans cette zone. L’intérieur de San Antonio a néanmoins contourné l’obstacle grâce à une adresse remarquable à trois points (5/7). Il s’est montré aussi précieux que d’habitude en défense, et décisif dans le dernier quart-temps, qu’il a joué dans sa totalité pour parfaire une performance on ne peut plus convaincante.
Un seul match ne devrait pas être un argument déterminant pour une récompense de fin de saison. Pourtant, on sait qu’il le sera. Il restera assurément dans la tête du public et de la plupart des votants.
« J’ai l’impression que [la course au Rookie of the Year] est terminée », a souligné son coéquipier Devin Vassell en conférence de presse. « Ce qu’il fait, l’impact qu’il a des deux côtés du terrain, la confiance qu’il a dans son jeu… C’est sans égal. Et je vois à quel point il travaille. Il est toujours à la salle. Quand je vais là-bas, il est là. »
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Une véritable démonstration des Spurs face aux Thunder
Si le message de Victor Wembanyama passe si bien, c’est aussi parce qu’il se trouve dans la parfaite enveloppe : l’une des victoires les plus satisfaisantes de la saison. « C’est réussi parce qu’on a gagné, c’est sûr », a confirmé le natif du Chesnay. « Les messages sont encore plus forts quand c’est contre des équipes du très haut du tableau. C’est la meilleure sensation, collectivement, de gagner des matches comme celui-ci à la maison. »
L’emporter face au Thunder, une équipe aussi spectaculaire qu’efficace, menée par l’un des favoris pour le titre de MVP, représente sans doute le plus grand exploit de la soirée. Pour y parvenir, il a fallu venir à bout d’un Shai Gilgeous-Alexander étincelant (31 points), d’un Jalen Williams solide (27 points) et d’un Chet Holmgren tout de même très impressionnant.
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Un mois après avoir triomphé contre les Timberwolves, seule équipe au-dessus d’Oklahoma City dans la Conférence Ouest, cette victoire met en lumière l’évolution de l’équipe. « Les statistiques, les analytics… tout montre à quel point nous nous sommes améliorés », a expliqué Tre Jones. « Notre bilan ne le prouve pas nécessairement, mais le fait que nous soyons capables de rivaliser avec les meilleures équipes de la NBA et d’en battre quelques-unes aide définitivement un jeune vestiaire comme le nôtre. Cela nous montre où nous pourrons être un jour et nous rappelle que nous devons faire cela chaque soir. »
Ce jeudi, l’attaque des Spurs était loin de ses balbutiements de début de saison. Ils ont offert une prestation collective remarquable, marquée par une organisation efficace sur demi-terrain. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : 1,36 point par possession, une réussite de 50 % à trois points sur un volume conséquent (19/38), seulement 12,4 % des actions se soldant par une perte de balle, une véritable maitrise durant les six dernières minutes du match… Les faiblesses majeures de l’équipe ont toutes disparu le temps d’un soir.
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Victor Wembanyama n’a pas été le seul à briller, l’attaque des Spurs a également pu compter sur Devin Vassell. L’arrière s’est affirmé comme un moteur, se montrant agressif sur ses pénétrations et pertinent dans ses décisions. Il a été aussi décisif au scoring (28 points, 1,4 point par tir tenté) que dans l’organisation du jeu, avec neuf passes décisives récoltées principalement grâce à ses kick-out.
Jeremy Sochan s’est révélé avec 21 points et 10 rebonds, après avoir inscrit un seul point lors des deux matches précédents. Tre Jones, en plus de ses qualités habituelles, a apporté une adresse extérieure précieuse (3/5). Même Zach Collins, en difficulté depuis son retour de blessure, a joué un rôle clé dans cette victoire. Chaque pièce du puzzle a trouvé sa place.
Bien sûr, tout n’était pas parfait. Loin de là. Cependant, ces 48 minutes sont sans doute le meilleur aperçu de ce que l’on peut attendre de la plus jeune équipe de la ligue. « Je suis fier d’eux », a affirmé Gregg Popovich. « Le rodeo road trip a été long. C’était difficile de rentrer à 7 h 30 du matin l’autre jour (après une défaite contre les Timberwolves), c’était un peu tard. Mais ils ont tenu bon et ont montré beaucoup de courage ce soir face à une équipe fantastique. C’est un bon groupe. »
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