Après une semaine de camp d’entraînement avec les Spurs, Victor Wembanyama a eu un avant-goût de l’exigence de la NBA. « Cela s’est produit plus tard que prévu. Mais finalement, je suis ravi que Gregg Popovich m’ait crié dessus », a confessé le premier choix de la draft, le sourire aux lèvres. Quelques jours plus tôt, il avait exprimé son impatience de découvrir « le côté dur » du légendaire coach et s’était dit prêt à « encaisser » pour sa première saison dans la ligue, attendue de tous.
Pour se préparer à ses grands débuts, le rookie a passé l’été loin des médias et a renoncé à participer à la Coupe du monde en Asie afin de prendre du repos. Résultat ? L’intersaison l’a « totalement revigoré ». « Je suis dans la meilleure forme de ma vie », a-t-il assuré lundi, annonçant avoir gagné entre quatre et sept kilos. Lors du media day, la nouvelle coqueluche de la ligue est apparue bien dans sa peau, confiante au point de lancer un shot au-dessus de dizaines de (précieuses) caméras. Un tir légèrement trop court aurait pu causer des milliers et des milliers d’euros de dommages. Il va sans dire que seul un « swish » a traversé l’air. Le natif du Chesnay et néo-Texan semble prêt à entrer en jeu — du moins, aussi prêt que possible.
Bienvenue à San Antonio
« C’est toujours fou. Des fois ça me prend de réaliser que je suis en NBA, que je joue aux Spurs. Des fois c’est un petit peu irréel » confiait Wembanyama avant le début du training camp. Pourtant, le phénomène français s’ancre de plus en plus dans sa nouvelle ville, où il se sent accueilli par les fans locaux « comme un membre de leur famille ». S’il faut souvent l’appeler « Wemby » pour que les habitants sachent de qui on parle, San Antonio l’a accueilli à bras ouverts, et vice-versa. L’Yvelinois n’hésite pas à arborer son chapeau de cowboy — qu’il a l’intention de porter fréquemment cette année — pour aller déguster des tacos ou à sortir ses meilleures expressions texanes devant les médias, bien plus nombreux et investis depuis l’arrivée de « l’alien ».
Victor Wembanyama sur le fait d’être en NBA : « C’est toujours fou. Des fois ça me prend de réaliser que je suis en NBA, que je joue aux Spurs. Des fois c’est un peu irréel. » pic.twitter.com/QGtVqDbqhL
— Benjamin Moubèche (@BenjaminMoubech) October 2, 2023
Dès le premier jour, Gregg Popovich était déjà exaspéré par les questions concernant sa nouvelle recrue star. La franchise, dernière de la Conférence Ouest la saison passée, était plus tranquille avant la draft. La « Wembamania » est telle que l’équipe a été briefée afin de pouvoir gérer cet intérêt médiatique inhabituel. « Nous avons organisé une sorte de réunion d’équipe à propos des médias et de l’attention qui se porte sur nous, et comment y faire face », a expliqué Devonte’ Graham, à l’aube de sa sixième année en NBA. « [Les Spurs] ont fait un bon travail pour nous préparer. » Devin Vassell, quant à lui, remarque une « énergie différente » cette année, et une excitation incomparable.
Victor Wembanyama parle de son rôle en NBA
Victor Wembanyama, « anomalie de la nature »
« [Mes coéquipiers] savent que je m’en fiche », rassurait Victor Wembanyama au sujet de son exposition médiatique. « Je suis ici pour faire des sacrifices pour eux. » Dans les propos du joueur de 19 ans et de ceux qui l’entourent, c’est avant tout sa maturité qui se démarque. « Intelligence » et « humilité » sont des qualificatifs fréquemment associés à son nom, tant de la part de ses coéquipiers que de son entraîneur, qui affirme ne pas se soucier une seule minute de son intégration.
Dans cette jeune équipe des Spurs, la star pense que son statut de leader « viendra naturellement » en « montrant l’exemple ». Pour d’autres, il en a déjà l’âme. « Son leadership est une chose naturelle », a examiné Tre Jones. « Il est vraiment humble, ce sera facile d’amener les gars à le suivre. C’est quelqu’un de très sympathique, de très accessible. Et c’est un compétiteur, c’est aussi une chose importante pour le leadership. » Pour l’instant, Victor essaie surtout d’être un bon coéquipier. Il a passé du temps avec le reste du groupe avant le début des festivités, sur le terrain et en dehors.
Ceux qui ont eu la chance de le voir en action avant la reprise sont élogieux. « C’est une anomalie de la nature », a décrit Jeremy Sochan. « Je pense qu’à chaque match, il fera quelque chose qui vous fera vous retourner et dire : “Hein ?” », a prévenu Devin Vassell. Maintenant que l’équipe est réunie au Victory Capital Performance Center, salle dernier cri de la franchise, encore en construction, chacun peut se faire son avis. C’est jusqu’ici unanime : des deux côtés du terrain, le rookie impressionne, mais il lui reste à montrer de quoi il est capable dans un match.
L’épreuve du feu
L’adaptation au jeu de la NBA, même pour un athlète aussi talentueux que Victor Wembanyama, n’est pas un processus facile. Alors que les Spurs placent de grandes attentes en lui, il doit apprendre les codes d’un nouveau monde en un temps très limité. « Ce qui arrive rapidement, ce sont toutes les informations, les nouveaux schémas, les principes (de jeu) », a-t-il expliqué. « C’est beaucoup. Beaucoup de choses que je n’ai jamais vues auparavant et que je ne connais pas. C’est difficile. » Toutefois, la confiance du premier choix de la draft 2023 reste intacte, et ses coaches ne se font pas de souci pour lui. « Ils continuent de me dire de ne pas m’inquiéter et que ça viendra naturellement. Ça finira par venir », a-t-il rassuré.
Mais « Wemby » en est conscient : il n’a pas le droit à l’erreur. En NBA, tout va plus vite et moindre hésitation peut changer le cours d’un match. « Si vous vous déconcentrez ne serait-ce qu’une seconde, vous êtes fichu pour les 15 prochaines secondes », a-t-il souligné. Et s’il se trompe à l’entraînement, c’est toute l’équipe qui doit courir. Rookie ou non, Popovich est sans pitié.
Au-delà de ces considérations, le joueur doit encore trouver son rôle dans le jeu de San Antonio. Lui ne voit « aucune limite » : « Je peux jouer en tant que meneur de jeu tout comme en tant qu’ailier ». Les Spurs pourraient expérimenter des approches novatrices cette saison, dans un modèle de basket sans position définie. Keldon Johnson, par exemple, est attendu au poste de meneur. Wembanyama incarne parfaitement cette polyvalence collective — ce qui complique encore un peu sa tâche. « C’est un [poste] 1 à 5. Il peut jouer à tous les postes », a lancé son coéquipier Devonte’ Graham ce jeudi. « Il peut monter la balle sur le terrain, dribbler, tirer, passer… Et puis vous pouvez lui donner la balle au poste. »
Le premier match de pré-saison, lundi à Oklahoma City, devrait nous aider à y voir plus clair.