La question du poste de Victor Wembanyama obsède les observateurs depuis sa draft aux San Antonio Spurs. Pourtant, elle ne se pose pas. Non pas parce que la réponse est évidente, mais parce qu’elle n’a pas d’intérêt. Le Français, sans doute plus que tout autre joueur avant lui, n’a pas besoin de ce genre d’étiquette.
Du haut de ses 2,24 m, la nature voudrait qu’il évolue en tant que pivot. Son morphotype longiligne le place plutôt au poste quatre, tandis que ses qualités techniques se rapprochent davantage du trois. « Je peux jouer meneur tout comme je peux jouer ailier. Ça n’a pas d’importance », a lancé l’intéressé à l’entraînement, mercredi. Alors, pourquoi se conformerait-il à une vision ultra-codifiée dans laquelle chacun occupe une position spécifique ?
En réalité, le basketball dans son ensemble a depuis longtemps dépassé les considérations de postes, la NBA en particulier. On se concentre plutôt sur les rôles, tant offensifs que défensifs, et il en existe bien plus de cinq. « Porteur de balle principal », « stretch big » en attaque, « helper » et « anchor big » en défense en sont quelques exemples. Et même parmi ces qualificatifs plus précis et pertinents, il est difficile de trouver celui qui convient à Victor Wembanyama.
Défensivement, il apparaît évident après une semaine de camp d’entraînement que le rookie aura pour mission principale de protéger le panier. Offensivement, les possibilités semblent infinies. « Il peut monter la balle, dribler, tirer, passer… Et vous pouvez lui donner la balle au poste », a listé son coéquipier Devonte’ Graham, de manière non exhaustive. À l’usage, « Wemby » se rapprochera quoiqu’il arrive d’une catégorie spécifique plus que d’une autre. Mais en réalité, son rôle aux Spurs sera taillé sur mesure et, tout comme ses costumes, avoisinera le XXXL. « [Gregg Popovich et moi] savons que nous allons créer quelque chose d’original, quelque chose de spécial », a-t-il esquissé, rappelant qu’il ne fallait surtout pas le « mettre dans une boîte ».
« Créer quelque chose d’original, quelque chose de spécial. »
Dans la première semaine de Victor Wembanyama avec les Spurs
Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Il apparaît certain que le premier choix de la draft en héritera dès sa première saison et que celles-ci s’étendront à tous les aspects du jeu. « Évidemment, le jeu va beaucoup passer par lui », annonçait Zach Collins lundi, lors du media day. On attendra de lui qu’il marque à l’intérieur et à l’extérieur, en pick and roll, pick and pop et en créant ses propres opportunités. On le verra remonter le ballon, le distribuer, parfois organiser le jeu. Il posera des écrans pour ses coéquipiers, se placera dans le corner, demandera la balle près du cercle… Le spectre sera assurément très large.
Comme souvent avec cet « alien », impossible d’établir une liste exhaustive. Il faudra patienter jusqu’aux débuts des Spurs — d’abord lundi contre le Thunder en pré-saison, puis le 25 octobre face aux Mavericks pour la première rencontre officielle — afin d’y voir plus clair. Cependant, dans une équipe qui se dirige vers un jeu sans positions, où la notion de poste devient désuète, le résultat promet d’être original.
Et qu’il domine ou non, son rôle n’en dépendra vraisemblablement pas. En cette première année d’une nouvelle ère à San Antonio, il revêt une importance capitale de favoriser la progression de cette jeune star et de tester ses limites. Alors, dans quel rôle Victor Wembanyama sera-t-il placé ? La réponse peut décevoir, car elle est à la fois floue et limpide : Victor Wembanyama.
Par notre envoyé spécial à San Antonio