Victor Wembanyama est un talent générationnel, cela n'a plus rien d'un secret. Annoncé comme le futur first pick de la draft NBA 2023, le Français se prépare pour la dernière ligne droite avant son départ outre-Atlantique. Le pivot était présent au Media Day de la Ligue Nationale de Basket pour répondre aux questions sur la Draft et sa saison avec Vincent Collet aux Metropolitans.
On parle depuis plusieurs années déjà de la draft NBA 2023 et de ta potentielle première place. Comment abordes-tu la dernière saison avant ce moment ?
Victor Wembanyama : Avec appétit. J’ai hâte, mais j’ai aussi envie de profiter de cette dernière année en France. Je sais que dans les quinze prochaines années, je n’habiterai plus ici. J’ai vraiment un bon sentiment par rapport à l’année qui arrive. Moi, j’ai l’impression d’avoir un statut un peu différent maintenant, quand on sait que je vais partir l’année prochaine. Mais je reste concentré et le but de m’améliorer chaque année. Aujourd’hui, je veux juste continuer dans cette lancée.
La première place a sans doute des enjeux marketing, financiers, etc. Mais d’un point de vue sportif, cette place-là est-elle vraiment déterminante pour toi ou est-ce la franchise qui compte ?
Victor Wembanyama : Sportivement, le plus intéressant, c’est toujours de tomber dans une organisation qui va prendre soin du projet et du joueur. C’est donc mieux d’être deuxième, troisième ou 20 ᵉ de la draft si on a une meilleure carrière après. Mais, je ne sais pas si c’est de la fierté, j’ai une part qui se dit qu’il faut qu’il n’y ait personne devant moi.
Un match est prévu en octobre contre Scoot Henderson, annoncé avec toi comme l’un des favoris pour le premier choix de la draft l’année prochaine. Est-ce quelque chose que tu attends et qui te motive ?
Victor Wembanyama : On a deux matches contre la G League Ignite, le 4 et le 6 octobre. C’est bien sûr quelque chose qui est excitant. C’est un petit peu comme une petite finale, parce que c’est quelque chose qui n’a jamais été fait et encore moins pour le basket français. Tout simplement du jamais vu. C’est toujours mon essence d’innover et de créer des choses qui n’ont jamais été vues. J’aborde cela comme acteur principal de la chose. J’ai envie de faire de grandes choses, notamment dans cet événement.
As-tu pour objectif de te développer physiquement avant d’aller en NBA ?
Victor Wembanyama : Ce qui m’importe, cette saison, c’est surtout de consolider une place d’éventuel premier choix de la Draft. C’est mon objectif, plutôt que d’essayer de prendre 15 kg et prendre des risques. Je veux me renforcer, mais surtout aller vers une situation propice pour la NBA.
Tu n’as pas été épargné par les blessures la saison dernière, ce qui inquiète certainement certains clubs. Comment pourrais-tu les rassurer ? Cela t’inquiète-t-il ?
Victor Wembanyama : Non, ça ne m’inquiète pas. Je n’ai eu aucune blessure grave, c’est ce qui est rassurant. On sait qu’en NBA l’accompagnement est le meilleur, à des années lumières d’ici. Donc il n’y a aucune raison de s’inquiéter. On sait très bien comment s’occuper des joueurs, je ne m’inquiète pas.
Comment s’est passée ta rééducation cet été ?
Victor Wembanyama : Mon retour de blessure s’est bien passé. J’ai passé un moment aux États-Unis où j’étais vraiment entouré des meilleurs pour faire ma rééducation et mon retour. Comme à chaque fois, j’ai l’impression d’être revenu meilleur. Ça se traduit par mes deux dernières performances. Même si c’était seulement des matches amicaux, c’était contre de grosses équipes de coupes européennes, souvent. Je dirais que ce sont mes meilleures performances en professionnel. Puis, je me sens vraiment à l’aise dans ce nouveau collectif, dans cette nouvelle équipe, donc je sens que ça va bien se passer maintenant. Notre coach Vincent Collet revient d’ailleurs, ça va encore monter de niveau.
Comment, à ton âge, gères-tu la pression médiatique et les attentes par rapport à toi et ta potentielle carrière ?
Victor Wembanyama : Je pense que la manière dont je gère ça n’a rien à voir avec mon âge. Mais ça a tout à voir avec ma personnalité et mes objectifs. Je n’ai pas besoin de travailler là-dessus. J’ai déjà fait du media training il y a longtemps, mais je pense que ça va, j’ai l’air de m’en sortir plutôt normalement. Même par rapport à toutes les attentes, il y a un fait que je garde toujours à l’esprit. C’est que tout ce que je fais, c’est pour moi-même. Les attentes des uns et des autres n’ont rien à voir avec la manière dont je gère ma carrière. Moi, ça ne m’apporte aucun stress. Je suis vraiment dans mon truc. Tout ce que je fais, tout ce que je réussis, tout ce que j’entreprends, ça dépend de moi, de ma réflexion et de mon travail. Et j’ai très bien en tête ce que j’accomplirai dans le futur. Dans le passé, j’avais en tête ce que j’accomplis aujourd’hui.
Comment as-tu vécu la dernière saison ? As-tu rempli les objectifs que tu t’étais fixés ?
Victor Wembanyama : Cette année était longue. Il y a eu pas mal de choses inattendues. J’ai appris beaucoup de choses, notamment parce que c’était la première fois que j’étais dans un tout nouvel environnement. C’est vraiment une année pendant laquelle j’ai appris beaucoup sur moi-même et sur mes objectifs. C’est une saison qui a été découpée en plusieurs parties pour moi, avec des hauts et des bas, notamment pour mon équipe. On a eu beaucoup de blessures, beaucoup de joueurs absents… Mais au final, le bilan est très positif. On est champions de France. Pour moi, c’est un premier titre qui est quand même important. C’est mon point de vue personnel, mais je trouve que mon palmarès est sympa. Meilleur jeune et 10 points de moyenne, ça va, je pense.
Victor Wembanyama, des mesures historiques lors de son futur passage au Draft Combine ?
Qu’attends-tu de ta relation avec Vincent Collet ? J’imagine que cela a été important dans ton choix.
Victor Wembanyama : C’était très important, oui. Vincent Collet est quelqu’un que j’ai eu l’occasion de côtoyer à plusieurs reprises, notamment quand j’ai passé un peu de temps avec le pôle France. Je l’ai croisé plusieurs fois à l’INSEP et on a déjà discuté plusieurs années avant que je signe avec Levallois. C’est sûrement le plus grand coach français. Donc c’est quelqu’un en qui j’ai 100 % confiance sur le niveau basket, niveau tactique. C’est aussi quelqu’un d’ambitieux, qui respecte mon projet et avec qui je me sens de passer une année sereine et pleine d’ambitions avant la draft.
Hugo Besson a déclaré qu’il venait à Boulogne Levallois pour faire un match par semaine et se développer individuellement. C’est aussi ton projet ?
Victor Wembanyama : Bien sûr. Un match par semaine, c’est vraiment le format idéal. Je n’ai pas besoin de prendre de risques à jouer plus que ça. Franchement, pour le développement, il n’y a pas mieux. Je veux recommencer à faire ce que je faisais par le passé et que j’avais moins le temps de faire. C’est-à-dire un travail individuel avec différents coaches et la musculation avec Guillaume Alquier, qui vient aussi de signer à Boulogne-Levallois.
Tu as fait deux bonnes performances la semaine dernière, avec deux matches à 34 points. Tout tourne autour de toi. Est-ce ce genre de responsabilités que tu cherchais aux Metropolitans, pouvoir montrer ce que tu sais faire et avoir un collectif centré sur toi ?
Victor Wembanyama : C’est notamment ce que je suis venu chercher, ce que j’avais la certitude d’avoir ici. C’est quelque chose, qu’on ne sait pas trop, mais c’est dur de responsabiliser les jeunes dans le basket français. Contrairement aux États-Unis, on est souvent surclassés ici. Personnellement, je n’ai presque jamais joué dans ma catégorie d’âge. Donc, être responsabilisé, c’est un peu plus compliqué. C’est déjà ma troisième année en pro, donc c’est le moment de prendre des responsabilités. Au final, dans ma vie, j’ai rarement eu l’occasion d’avoir un collectif plus ou moins tourné vers moi. Quand j’étais en U15, je jouais en U18. Quand j’étais en U16, je jouais en Espoirs. Donc c’était toujours un challenge contre des joueurs plus vieux et c’était un challenge de s’intégrer au sein d’une équipe, comme je l’ai vécu à Nanterre. Je pense que, contrairement aux États-Unis, en France, on manque de cette responsabilisation des jeunes. Ce sont deux écoles différentes.
Beaucoup de monde espérait te voir au Championnat d’Europe. Comment as-tu suivi la compétition ? Tu as eu envie d’aller sur le terrain en voyant les Bleus jouer ?
Victor Wembanyama : J’ai suivi assidûment les résultats de l’équipe de France. Et, oui, c’était dur à regarder des fois, parce que cette équipe nous a vraiment mis dans tous nos états. On a survécu plusieurs fois grâce à des miracles et c’était fort en émotions. Bien sûr, c’est frustrant quelques fois, car je me dis que j’aurais peut-être pu apporter ma pierre à l’édifice. Mais c’est une équipe en qui j’ai confiance et je sais que, dans le futur, il y aura de belles performances et de belles médailles avec cette équipe.