Après 11 matches, de premières tendances statistiques commencent à se dessiner pour Victor Wembanyama. L’échantillon de 330 minutes est trop réduit pour en tirer de réelles conclusions sur son niveau ou la suite de sa saison. Néanmoins, l’usage que font les Spurs de leur rookie, son efficacité lors de ses premiers pas et le parallèle avec ceux d’autres grands talents en NBA piquent la curiosité.
Peu de temps avec la balle, mais un rôle déjà central
La question du poste de Victor Wembanyama a été l’un des grands sujets de l’intersaison. Nous avons désormais une première réponse : l’athlète de 2,24 m passe 81 % de son temps en tant qu’ailier fort, 19 % en tant que pivot.
Dès ses premiers matches, son rôle offensif aux Spurs se révèle prépondérant. Son Usage Rate — indicateur de la proportion de possessions de l’équipe se terminant par un tir, une passe décisive ou une perte de balle du joueur — atteint une moyenne de 28,4 %, selon Cleaning The Glass. En comparaison, Keldon Johnson, second à San Antonio, ne dépasse pas les 21,7 %. Alors que Gregg Popovich observe encore, « Wemby » a déjà pris une place centrale dans le jeu texan.
D’après les données de Thinking Basketball, Victor Wembanyama est directement impliqué dans 40,8 % des possessions de son équipe. Il se classe ainsi dans les 15 % des joueurs les plus sollicités de la ligue. Pourtant, il ne tient le ballon que 11,3 % du temps qu’il passe sur le terrain, un chiffre plutôt modeste. Le Français se retrouve donc au cœur de l’attaque des Spurs, bien que rarement balle en main.
Victor Wembanyama, les Spurs, et le test du marshmallow
Un faible rendement en attaque, une grande différence en défense
Après 11 matches, l’efficacité offensive s’impose comme le talon d’Achille du premier choix de la draft. Son rendement s’établit à 1,05 point par tir tenté, le rangeant parmi les 10 % de « bigs » les moins efficaces de la ligue, selon Cleaning The Glass. La cause ? Sans doute son inexpérience, mais aussi son jeu.
Le rookie des Spurs privilégie les tirs à trois points (30 % de son total) et surtout les tirs à mi-distance (40 %). Il fait passe moins de temps près du cercle, où il est de loin le plus létal, que la grande majorité des intérieurs. Aussi, il doit souvent créer son propre tir, plutôt que d’endosser le rôle de finisseur qu’occupent beaucoup de « bigs ». Ce chiffre (1,05 point par tir tenté) reste décevant, quel que soit le poste ou le profil. Son coéquipier, Devin Vassell, marque par exemple 0,21 point de plus par tentative de tir — une différence notable à cette échelle.
Globalement, l’adresse manque à l’appel. Son taux de réussite est inférieur aux moyennes de la NBA, en particulier à trois points (28,3 %). Il perd aussi la balle sur 19,3 % de ses possessions. Un pourcentage élevé, notamment à la lumière du temps qu’il passe avec la gonfle et de ses responsabilités encore limitées dans la création du jeu.
Pour l’heure, Victor Wembanyama pèse négativement sur l’attaque de son équipe (-7,8 points pour 100 possessions). Cependant, il a un impact instantané sur la défense, qui encaisse 15 points de moins pour chaque 100 possessions lorsqu’il est en jeu — l’un des meilleurs différentiels de la ligue. Il conserve ainsi un différentiel positif (+7,1). À nuancer, néanmoins, au regard des remplaçants qui prennent le relais lors de ses minutes sur le banc.
Victor Wembanyama : « Nous avons beaucoup de choses à ajuster »
Les débuts de Victor Wembanyama comparés à ceux de ses pairs
Pour ses débuts, Victor Wembanyama a enregistré des moyennes statistiques de 18,6 points, 9,3 rebonds, 2,5 passes, 3,9 ballons perdus, avec un taux de réussite de 43,2 % aux tirs et de 28,3 % à trois points (5,5/match), le tout en 30 minutes par rencontre.
Alors, comment ses 11 premiers matches se comparent-ils à ceux des trois précédents premiers choix de la draft : Paolo Banchero, Cade Cunningham et Anthony Edwards ? Les statistiques supérieures à la moyenne du Français s’affichent en vert, tandis que les valeurs inférieures sont en rouge.
- Paolo Banchero (bilan de 2-9), 19,9 ans à ses débuts : 23,5 points, 8,3 rebonds, 3,6 passes, 3 ballons perdus, 46,1 % aux tirs, 25,6 % à trois points (3,9 par match) en 34,7 minutes
- Cade Cunningham (4-7), 20,1 ans : 14,1 points, 6,4 rebonds, 4,6 passes, 3,2 ballons perdus, 35 % aux tirs, 25,3 % à trois points (7,5 par match) en 31,7 minutes
- Anthony Edwards (3-8), 19,4 ans : 12,5 points, 2,9 rebonds, 1, 9 passe, 1,8 ballon perdu, 37,9 % aux tirs, 26,7 % à trois points (5,5 par match) en 24,7 minutes
Voici comment il se mesure à trois légendes sur leurs : LeBron James, à qui il est souvent comparé pour son impact médiatique, Tim Duncan, le précédent premier choix des Spurs, et Michael Jordan. Il faut toutefois interpréter ces statistiques avec prudence, compte tenu des différences significatives entre les époques et les profils de ces différents joueurs.
- LeBron James (bilan de 4-7), 18,8 ans à ses débuts : 16,5 points, 6,5 rebonds, 6,5 passes, 3,6 ballons perdus, 43,3 % aux tirs, 33,3 % à trois points (2,5/match) en 40,8 minutes
- Tim Duncan (7-4), 21,5 ans : 15,3 points, 11,4 rebonds, 1,9 passe, 3,2 ballons perdus, 57,6 % aux tirs en 35,6 minutes
- Michael Jordan (7-4), 21,7 ans : 26,3 points, 5,6 rebonds, 4,7 passes, 3,7 ballons perdus, 49,1 % aux tirs en 36,3 minutes
Ces statistiques, bien qu’elles ne seront pas représentatives de l’ensemble de sa saison, dépeignent des débuts convaincants pour Victor Wembanyama. Un départ imparfait, comme tous les autres, mais prometteur. Ces chiffres évolueront énormément au fil de la saison, à mesure que le rookie de 19 ans découvre la NBA et qu’une alchimie se forme au sein de l’équipe.