Deux rookies aux dents longues
Le premier affrontement entre les deux joueurs fut même épique. Le 3 décembre dernier, Michael Carter-Williams et Victor Oladipo sont entrés dans l’histoire de la NBA. Dans un match complètement fou – une sorte de parodie du Rising Challenge – ils ont chacun cumulé un triple-double. Pour la première fois depuis 2007 (et la huitième fois dans l’histoire), deux joueurs réussissent un triple-double dans le même match (26 pts, 10 rbds et 10 pds pour le joueur du Magic, 27 pts, 12 rbds et 10 pds pour le meneur des Sixers). Evidemment, jamais deux débutants n’avaient réalisé pareil exploit. Ce soir-là, « MCW » est reparti avec la victoire. A cette époque, le meneur de grande taille était déjà le grandissime favori pour le trophée de Rookie Of The Year après ses performances stupéfiantes durant les premières semaines de la saison. L’heure de la revanche a sonné cette nuit pour « D-Po ». Victor Oladipo et Michael Carter-Williams ne se sont pas lâchés d’une semelle, chacun prenant soin de défendre sur l’autre. Malgré le manque d’enjeu de la rencontre (si ce n’est, bien sûr, le fait de gagner), on a pu sentir l’esprit de compétition entre les deux rookies. Sur le terrain comme en dehors, ils se cherchent et se surveillent.« Michael et moi, on fait toujours attention aux performances de l’autre. Nous sommes devenus amis et c’est toujours cool de s’affronter. Il m’a envoyé des textos pour me dire que j’avais fait un bon match », racontait d’ailleurs Victor Oladipo à USA Today, en faisant référence aux 31 points, 9 rebonds et 14 passes de la nouvelle star du Magic face aux New York Knicks.Le deuxième choix de la draft 2012 est en plein boom. Avec 17 points et 11 rebonds – mais aussi 7 balles perdues –, il a dominé Michael Carter-Williams, auteur de 8 points, 4 rebonds et 6 passes. Et le Magic l’a emporté.
Victor Oladipo, forte tête
Un peu effacé en décembre, l’ancien Hoosier revient en force depuis le début d’année (civile). Et la course au Rookie Of The Year est clairement relancée. Alors qu’il perdait plus de ballons qu’il ne délivrait de passes décisives, Oladipo distille désormais près de 5 caviars par rencontre en février, tout en perdant moins de 3 ballons (ce qui est déjà beaucoup). Mais on parle d’un jeune joueur qui découvre la ligue et qui alterne entre deux postes. Arrière de formation, il est souvent placé à la mène par le staff du Magic.« J’aime jouer au basket, je vais sur le terrain et je joue, c’est tout. Quel que soit mon poste. J’apprends, doucement mais sûrement », assure Victor Oladipo.En mai dernier, nous le présentions comme la star de cette cuvée. En effet, le natif du Maryland a connu une ascension fulgurante au cours de ses trois années de fac – un avantage indéniable sur d’autres rookies adeptes du « One and Done. » D’abord considéré comme un chien de garde incapable d’avoir un vrai impact en attaque au plus haut niveau, Oladipo a appris à faire taire ses détracteurs. Son shoot ne sera sans doute jamais son point fort (40% derrière l’arc en février tout de même) mais il se montre de plus en plus agressif vers le cercle, avec ou sans le ballon.
[superquote pos="d"]"Il deviendra une star dans cette ligue" Al Harrington.[/superquote]« C’est un tueur », dit de lui Al Harrington, le vétéran des Washington Wizards. « Il me rappelle Russell Westbrook. Il deviendra une star dans cette ligue. »A force de jouer à la mène et de perdre des ballons, Victor Oladipo maîtrise de mieux en mieux le pick&roll. Même s’il a tendance à partir sur sa main forte (la droite) comme la plupart des jeunes joueurs, il se diversifie. A Indiana, il n’attaquait jamais le cercle sur sa main gauche. Face aux Knicks, il a tué plusieurs fois la défense new-yorkaise en fonçant au panier sur sa mauvaise main, quitte à désarçonner Raymond Felton et Tyson Chandler au passage. Alors que Michael Carter-Williams accuse légèrement le coup – ses statistiques sont toujours flatteuses et « supérieures » à celles de son rival – Oladipo flambe. Surtout que le meneur des Sixers n’est désormais entouré que de Thaddeus Young et d’une brochette de sans grades…
Orlando, le casting idéal
« MCW » et « D-Po » ont tout de même pas mal de points communs. Comme on l’a dit plus haut, ils n’étaient pas des prospects très convoités après leur saison freshman (2,7 pts et 2 passes de moyenne pour l’ancien de Syracuse, 7,4 pts et 3,7 rbds pour son compère). Ils peuvent également profiter tous les deux d’une première saison sans aucune pression des résultats pour s’exprimer librement sur le terrain. Avec un gros temps de jeu en prime. Néanmoins, Oladipo semble mieux entouré. Contrairement à son camarade de Philadelphie (dont les statistiques peuvent être dévaluées – à tort ou à raison – par la faiblesse absolue des Sixers), le joueur du Magic dispose de vétérans prêts à lui montrer le chemin à suivre. Même si Jameer Nelson est en fin de cycle – le match d’hier prouve le contraire mais tout de même – il demeure un meneur d’expérience capable de guider son jeune successeur.« Les vétérans sont toujours sur mon dos », reconnaît le rookie. « Mais cela ne peut que me faire progresser donc j’espère qu’ils vont continuer à le faire. »Avec Arron Afflalo ou Jameer Nelson, Victor Oladipo est dans de bonnes mains. Et réciproquement, « Le Magic possède un All-star entre ses mains », conclut Al Harrington. Le All-Star Game… Oladipo et Michael Carter-Williams pourraient bientôt y faire un tour. Histoire de faire une nouvelle fois équipe.