Le Utah Jazz a un peu de retard à l'allumage. Dans la plupart des prévisions, la franchise de Salt Lake City pointe au 3e ou 4e rang, avec une défense en béton armé pour se démarquer des autres caïds du Far West. Alors que l'on n'a pas encore disputé un mois de compétition, Rudy Gobert et ses camarades ne sont pas exactement là où ils souhaiteraient être. Avec 4 victoires pour 6 défaites, ce n'est pas être alarmiste que de dire que Utah peut et doit faire mieux. Commençons par énoncer l'évidence. Le Jazz fera les playoffs. Quin Snyder est l'un des meilleurs coaches de la ligue et il connaît son effectif par coeur. Sauf hécatombe, on n'imagine pas ce groupe si solide et professionnel s'effondrer et ne pas figurer dans le top 8 début avril. Cela dit, il est intéressant d'analyser un peu les raisons du démarrage un peu poussif des Jazzmen.
Battus par les Raptors pourtant privés de Kawhi Leonard la nuit dernière, les hommes de Snyder ont bien plus de mal à verrouiller les équipes adverses que la saison passée. Rien de dramatique statistiquement, puisque Utah reste 13e au nombre de points encaissés par match. Mais l'impression visuelle est nette. Sur pick and roll notamment, on ne retrouve pas encore l'équipe qui cadenassait n'importe quelle attaque ou presque il y a quelques mois. Rudy Gobert, meilleur défenseur de l'année en titre, ne réussit pas moins de contres en moyenne que l'an dernier. La Stiffle Tower n'a pas franchement baissé sa production au rebond non plus, bien au contraire (13.4 contre 10.7). Simplement, le général de défense du Jazz a un peu de mal à mettre tout le monde en ordre de marche et à dissuader les plus audacieux de faire du rentre-dedans au Jazz.
Pour lui, l'explication est simple et il n'est pas le premier dans la ligue à l'évoquer. Les nouvelles subtilités de l'arbitrage en NBA ne sont pas à son avantage. Le fait que les refs veuillent absolument voir plus de liberté de déplacement chez les attaquants rend la tâche bien plus pénible pour les défenseurs. Depuis la reprise, le moindre contact semble proscrit dans la peinture et tout embryon de collision ou de défi physique est pénalisé. Andre Drummond s'en est plaint il y a quelques jours et Gobert a clairement pointé ce nouveau paramètre du doigt.
"Ça change beaucoup de choses. Et ça impacte tout le monde. On veut être une équipe physique qui gêne les déplacements de l'adversaire. Là, c'est un gros changement. Il est difficile de défendre avec des arrières qui utilisent les écrans à leur avantage pour obtenir des fautes. On doit s'adapter à ça parce que c'est une règle qui vaut pour tout le monde", a expliqué Rudy dans le Deseret News.
Le Jazz a largement le temps de procéder à ces ajustements. D'autant qu'on peut aussi penser que les arbitres vont progressivement siffler un peu moins dans ces situations. Il s'agirait juste de ne pas trop traîner. L'effet de surprise qui a propulsé l'équipe vers une époustouflante deuxième partie de saison l'an dernier ne fonctionnera plus. Tout le monde attend Utah et il faut assumer ce nouveau statut. L'Ouest est encore impitoyable et ne pas décrocher l'avantage du terrain dans quelques mois serait une déception.