Après une sortie au premier tour face aux Dallas Mavericks et le départ de Quin Snyder, le Utah Jazz se prépare à une intersaison particulièrement chargée. Tous les joueurs, en dehors de Donovan Mitchell, seraient disponibles pour un trade, d’après Tony Jones de The Athletic. Et, oui, cela comprend Rudy Gobert.
Jusqu’ici, le Jazz était sans doute l’une des équipes les plus stables de la ligue. Au contraire, cet été, elle devrait être l’une des plus agressives sur le marché des transferts. La franchise pourrait remodeler son effectif en profondeur et envisage sérieusement de se séparer de certains de ses joueurs clés.
L’objectif n’est pas de relancer une reconstruction. Tout l’inverse, d’ailleurs. Utah n’a pas manqué les playoffs depuis 2016 et n’a pas l’intention d’y changer quoi que ce soit. Après trois demi-finales de conférence en six ans, le front office de Danny Ainge espère justement aller plus loin en postseason.
La fin du duo Mitchell – Gobert au Jazz ?
Pour le moment, Mitchell est le seul joueur qui semble en sécurité. Le Jazz aurait fait comprendre aux équipes intéressées que leur arrière n’était pas disponible. Le triple All-Star, qui fêtera ses 26 ans au mois de septembre, devrait rester au centre du projet de la franchise. Il est par ailleurs sous contrat jusqu’en 2025, avec une player option pour la saison 2025-2026.
Rudy Gobert, lui aussi, s’est engagé à long terme avec Utah. Il est exactement sur la même timeline que Donovan Mitchell, avec une player option en 2025. Toutefois, le pivot pourrait bien faire ses valises dans les prochains mois.
Trois fois défenseur de l’année en NBA, Gobert intéresserait plusieurs équipes. Au centre des rumeurs depuis la fin de la saison, il aurait en effet été mis sur le marché des transferts. Les Toronto Raptors et les Golden State Warriors suivent notamment ce dossier avec une grande attention.
Cela ne signifie pas nécessairement que le Français ne portera plus l’uniforme de Salt Lake City l’année prochaine. Ses dirigeants jaugent simplement sa valeur et pèsent leurs options. Après tout, le contrat de Gobert est le seul qui pourrait être échangé contre celui d’une star en dehors de celui de Mitchell. Si le Jazz envisage bel et bien transformer son effectif, il est le candidat le plus propice à un trade.
Il sera cependant difficile de trouver un joueur capable d’avoir le même impact que lui. Avec Rudy Gobert sur le terrain, le Jazz est la meilleure défense de la ligue. Lorsqu’il est sur le banc, l’équipe est reléguée en 21e position au defensive rating, à égalité avec les Los Angeles Lakers. Le pivot protège la raquette comme peu de joueurs et est le meilleur défenseur de la NBA en second rideau, avec 0,84 point concédé par drive quand il vient en aide.
Donovan Mitchell est un formidable attaquant. Pour la deuxième saison consécutive, l’arrière a marqué plus de 25 points par match. Ses talents de playmakers sont également en développement, comme en témoignent ses 5,3 passes décisives de moyenne. Mais il est aussi un poids pour la défense. De cette manière, le tandem Mitchell – Gobert se complète. L’un est le leader offensif, le second est l’ancre défensive.
Pourtant, les deux joueurs ont apparemment du mal à fonctionner ensemble. Excellent poseur d’écran et bon partenaire de pick and roll, Gobert reste très limité en attaque. Son apport offensif a d’ailleurs grandement diminué en playoffs, face aux Mavericks. Ces lacunes semblent poser problème à Mitchell, qui ne lui fait que deux passes par match en moyenne. On ne parle pas ici de "passes décisives", mais bien de passes tout court. La plupart se faisant dans ce cas main à main et en fin de pick and roll.
Si Danny Ainge et le GM Justin Zanik veulent le remplacer, ce sera certainement pour un attaquant plus efficace — avec qui Mitchell pourra partager le ballon. Idéalement, le joueur recruté devra aussi être capable de dynamiser la défense à trois points de l’équipe. Cette faille leur a en effet fait défaut contre Dallas.
Donovan Mitchell et Rudy Gobert peuvent-ils coexister ? Cette question définira l’intersaison du Jazz.
Si oui, il faudra alors trouver un moyen de faire fonctionner leur tandem. Cela passera notamment par le choix d’un nouveau coach en mesure de donner un deuxième souffle à ce duo.
Si non, quelles sont les options de la franchise ? Utah ne peut pas simplement se débarrasser de son pivot. Ils devront se montrer très actifs sur le marché des transferts pour dénicher une offre convaincante, qui fera réellement progresser l’équipe.
Les cas de Bonjan Bogdanovic et Jordan Clarkson
Bojan Bogdanovic et Jordan Clarkson, deux cadres de l’effectif, sont tous les deux éligibles à une extension cet été. Ils sont eux aussi deux pièces qui pourraient servir de monnaie d’échange dans un transfert important.
Dans le roster en place, Bogdanovic est considéré comme le lieutenant de Mitchell en attaque. Il affiche 18,1 points de moyenne à 38,7% à trois points cette saison et est l’un des meilleurs tireurs de la ligue en catch-and-shoot. Des talents très recherchés à l’aile, qui se montrent d’ailleurs précieux pour son équipe puisqu’elle affiche un bilan de 45-24 dans les matches qu’il a disputés cette année.
D’un autre côté, le joueur croate arrive dans la dernière année de son contrat. Avec près de 20 millions de dollars sur la saison 2022-2023, son statut salarial le met dans une position idéale pour un trade. Si la franchise le prolonge pour plus de deux ans ou qu’elle lui offre une augmentation, il ne sera plus transférable pour les six prochains mois. Cela limiterait la flexibilité du Jazz, qui a besoin d’un maximum de liberté pour remodeler son effectif.
Jordan Clarkson, pour sa part, s’est révélé particulièrement précieux en playoffs. Sa moyenne de 16 points à 38,9% à trois points en postseason parle d’elle-même. Sixième homme de l’année en 2021, il entre dans la dernière année garantie de son contrat.
Il dispose d’une player option de 14 millions de dollars pour la saison 2023-2024, mais demandera sans doute une extension sur les trois années suivantes. Plutôt que de s’engager sur le long terme, la franchise pourrait envisager de le transférer pour un profil plus défensif.
Encore une fois, tout dépendra des contreparties proposées par les équipes intéressées. Se séparer de ces deux joueurs, très importants dans l’attaque de Utah, n’est pas une priorité. Ils constituent seulement des assets qui pourraient permettre de faire évoluer l’effectif.
Mike Conley, la clé de l’intersaison ?
La saison dernière, Mitchell, Gobert et Mike Conley Jr étaient tous les trois All-Stars. Le projet a été construit autour de ces trois pièces, à ce moment sur le toit de la ligue. Cependant, maintenant que l’équipe envisage de prendre une nouvelle direction, Conley pourrait se retrouver au cœur de l’été du Jazz.
Selon Jake Fischer du Bleacher Report, le meneur est considéré comme le principal candidat pour un transfert depuis la fin de l’exercice. À bientôt 35 ans, il est en effet difficile à inclure dans les plans à long terme de la franchise. Son salaire de 22,6 millions de dollars en 2022-2023, et partiellement garanti la saison suivante, en fait au contraire un asset parfait pour un trade.
Avec des moyennes de 13,7 points et 5,3 passes à 40,8% à trois points cette saison, Conley continue de jouer à un niveau intéressant. C’est ce qui pousserait notamment les Cavaliers à surveiller le dossier, d’après Chris Fedor de Cleveland.com. Caris LeVert serait une contrepartie potentielle en cas de transfert.
Dans tous les cas, un trade de Mike Conley serait peut-être le meilleur moyen d’effectuer des changements majeurs dans l’effectif si Utah souhaite persévérer avec Rudy Gobert et Donovan Mitchell. Cleveland n’est certainement pas la seule équipe intéressée par un meneur de ce niveau. Le front office aura sans doute plusieurs propositions cet été s’il envisage sérieusement de se séparer de lui.
Les options limitées du Jazz
En dehors des contrats que nous avons évoqués, seuls ceux de Royce O’Neale ($9,2 M) et de Rudy Gay ($6,2 M) sont réellement transférables. Six joueurs sont donc disponibles pour des trades, dont quatre avec un salaire supérieur à 10 millions de dollars. Compte tenu de leurs échanges précédents, ils ne sont par ailleurs pas en mesure de proposer de premiers tours de draft aux équipes concurrentes.
Le Jazz se situe déjà à la frontière de la luxury tax avec leurs joueurs sous contrat. Ils ne pourront pas, sauf changements majeurs dans le roster, se positionner sur des joueurs très convoités à la free agency. Seule leur midlevel exception de 6,4 millions de dollars pourrait leur permettre de faire une signature intéressante.
Utah devra donc composer en partie avec l’effectif en place. Pour progresser, le prochain coach devra notamment se concentrer sur le développement de Jared Butler et Nickeil Alexander-Walker, encore jeunes. Quelques joueurs seront probablement prolongés, à l’image d’Eric Paschall et de Juancho Hernangomez. Sans cela, le front office devra tenter de recruter des joueurs au minimum vétéran pour compléter le roster.
Au-delà d’un gros transfert, les options du Jazz restent donc très limitées. En conséquence, le résultat de l’intersaison dépendra majoritairement des offres des autres équipes. Il se pourrait qu’un effectif similaire se présente au début de l’exercice 2022-2023, faute de mieux.
Pour l’instant, Utah a surtout besoin d’y voir plus clair dans son projet. Entre la recherche d’un nouveau coach et les questions qui entourent le duo Mitchell – Gobert, les choses sont actuellement très floues. L’été sera avant tout l’occasion de trouver des réponses et, ensuite, d’effectuer les transactions que cela implique.
Donovan Mitchell perturbé par le départ de Snyder et prêt à demander son trade ?