« Tout ce que je peux vous dire c’est que je suis heureux de qu’il soit dans notre équipe », déclarait déjà le coach new-yorkais en avril dernier. « C’est un vrai gagneur. Il est professionnel sur et hors du terrain et il est très exigeant avec lui-même. »Woodson ne s’y trompe pas. A l’issue de l’exercice 2012, Chandler est élu « Defensive Player of the Year ». Un titre qui vient récompenser une année d’efforts destinés à mobiliser une équipe qui n’a cessé de progresser en défense au fil de la saison. Si les Knicks, encore trop fébriles pour viser mieux qu’une accession en playoffs, ont vu leurs rêves brisés par le Heat dès le premier tour la saison dernière, ils ont pris rendez-vous pour cette année. Cet été, l’effectif a été grandement renouvelé et les nouveaux arrivants ont pour la plupart été choisis pour leurs aptitudes défensives. De quoi ravir Tyson Chandler qui, à l’aube de la présaison, affichait déjà ses ambitions au regard du recrutement opéré par les Knicks.
« C’est vraiment différent cette année. Tous les joueurs qu’ils ont fait venir ont un état d’esprit défensif », se réjouissait-il avant l’entame de la saison.Un état d’esprit ? Plutôt une marque de fabrique qui définit la nouvelle identité d’une équipe new-yorkaise aujourd’hui plus solide et qui a pris les commandes de la Conférence Est.
« Vous ne devez même pas vous poser de questions», ajoute-t-il. « Quand vous enfilez le maillot des Knicks c’est pour jouer dur en défense. »Dans le sillage d’un Carmelo Anthony irrésistible depuis le début du mois de novembre, les hommes de Mike Woodson dégagent une sérénité et font preuve d’une toute nouvelle maturité. Comme Melo, revenu métamorphosé de Londres, Chandler a fait partie cet été de la campagne olympique victorieuse de Team USA. Promu titulaire en l’absence de Dwight Howard, le pivot qui a fêté ses 30 ans en octobre dernier a compris, au même titre que l’ancien Nugget, qu’il lui fallait étoffer son jeu pour mener la franchise de Manhattan vers les sommets. Désormais plus incisif en attaque, le Chandler cru 2012-13 est d’une efficacité redoutable et tourne cette saison à plus de 70% aux shoots ! Un atout offensif supplémentaire pour Woodson qui accordait déjà une confiance énorme à son pivot, souvent dans l’ombre de Stoudemire ou d’Anthony, mais dont l’influence n’a cessé de croître au sein du vestiaire. C’est d’ailleurs à son initiative qu’une autre recrue de choix a rallié New York cet été. Preuve qu’il fait aujourd’hui partie des cadres des Knicks, c’est lui qui a fait le forcing auprès de son ex-coéquipier aux Mavs Jason Kidd, afin que ce dernier abandonne Dallas pour rejoindre la Grosse Pomme. Un autre de ses anciens partenaires n’est quant à lui pas surpris que Chandler ait su imposer son leadership en moins d’une saison. Jason Terry compare même son tempérament à celui d’un Kevin Garnett aux côtés de qui il évolue aujourd’hui sous le maillot de Boston.
« A Dallas, nous avions Tyson Chandler, c’est le même profil », explique JET. « Ce sont des joueurs très athlétiques, très vocaux, qui stabilisent votre défense et rendent tout le monde autour meilleur. »[superquote pos="g"]"Tyson n’hésite pas à rameuter ses troupes et à tirer le signal d’alarme quand il sent que son équipe fait fausse route."[/superquote]S’il n’aura certainement jamais l’impact et la polyvalence qu’a pu avoir KG lors de ses plus belles années, Chandler est au même titre que l’intérieur des C’s mais dans un registre qui lui est propre, un relai idéal pour son entraîneur et une machine à booster ses partenaires. Il est aussi le garant de la défense, le dernier rempart qui permet pour le moment au Madison Square Garden de rester inviolé (9 V - 0 D). C’est sur cette fiabilité qu’espérait s’appuyer Mike D’Antoni lorsqu’il en avait fait sa priorité de recrutement l’an dernier. Le technicien avait alors comparé ses qualités à celles d’une autre légende de la maison verte, Bill Russel qui « couvrait beaucoup d’erreurs pour les Celtics ». Avec des moyennes de 12,6 points et 9,6 rebonds cette saison, Chandler est encore loin d’être Bill Russell, sacré champion NBA à 11 reprises avec Boston. Mais au-delà des statistiques et du palmarès, c’est par son aura que Chandler est aujourd’hui indispensable à New York. Comme Rasheed Wallace ou Jason Kidd, il n’hésite pas à rameuter ses troupes et à tirer le signal d’alarme quand il sent que son équipe fait fausse route. Et pour faire sa place parmi les stars de l’effectif new-yorkais, il n’a pas d’autre choix que de se montrer exemplaire, lui qui attend toujours sa première sélection pour le match des étoiles.
« Il joue de manière incroyable des deux côtés du terrain », constatait récemment l’expérimenté Kurt Thomas, surpris par la détermination dont fait preuve son coéquipier. « Il s'arrache vraiment au rebond et il termine les actions près du cercle. Il joue d’une manière formidable. »Des efforts qui ne demandent plus qu’à être récompensés. Cette saison, les Knicks ne visent rien de moins que le titre et à l’instar de leur pivot, les joueurs de Big Apple avancent à visage découvert. Comme pour affirmer leurs ambitions, Tyson Chandler et ses coéquipiers se sont payés le scalp du Heat, leur bourreau de l’an dernier, dès le premier match de la saison avant de reproduire le même exploit à Miami la semaine dernière. Par deux fois, le pivot des Knicks, sobre mais efficace, s’est montré déterminant. De quoi faire le plein de confiance même si les playoffs sont encore loin.
« L’an dernier, nous étions trop justes », admet un Chandler revanchard. « Nous n’étions pas assez compétitifs. Cette année, nous le sommes. Et pas seulement avec eux… »Reste à savoir si New York saura tenir ce rythme infernal surtout si la blessure de Carmelo Anthony (entorse) venait à se révéler plus grave que prévue. Mais nul doute que dans le cas d’une éventuelle absence de Melo, Mike Woodson pourra compter sur un Tyson Chandler surmotivé et prêt à endosser un rôle encore plus important qui lui ouvrirait enfin les portes du All Star Game.