Personne ou presque n'avait vraiment envie de parler de basket aux Etats-Unis hier. Même si "the show must go on" dans tous les compartiments de la société, les acteurs de la NBA étaient autant sous le choc que le reste de leurs concitoyens en apprenant l'horreur de la tuerie d'Uvalde, près de San Antonio.
Un homme de 18 ans a fait irruption dans une école de la ville, tuant 21 personnes dont 19 enfants, pour la fusillade la plus meurtrière depuis 10 ans dans un établissement scolaire sur le sol américain. En marge du game 4 entre Dallas et Golden State, Steve Kerr, le coach des Warriors, a souhaité évoquer ce drame plutôt que de discuter de la rencontre.
Kerr était excédé et au bord des larmes.
"Quand est-ce qu'on va faire quelque chose ?! Je suis fatigué. Fatigué de venir à cette tribune pour offrir mes condoléances à des familles dévastées. J'en ai marre de ces moments de silence. Assez !
50 sénateurs ont refusé de voter pour lutter contre la violence, contre les fusillades dans les écoles ou dans les supermarchés. Je vous le demande : est-ce que vous allez encore mettre votre propre désir de pouvoir avant la vie de nos enfants, de nos aînés, des gens qui vont à l'église ? Parce que l'on dirait bien que c'est ce que vous faites".
Avant de quitter la salle de presse, Steve Kerr a frappé du poing sur la table en clamant : "C'est pathétique. J'en ai assez".
Le coach des Warriors vit un traumatisme à chaque nouvelle actualité de ce genre, lui dont le père Malcolm, universitaire au Liban, avait été tué par arme à feu lorsqu'il était plus jeune.
Le lobby des armes aux Etats-Unis et sa puissance rendent malheureusement très compliqué toute possibilité d'évolution sur le sujet. Les élus reprennent généralement les arguments des défenseurs du port d'arme sans condition, en mettant en cause le fait que les auteurs de ces tueries sont des déséquilibrés, plutôt que le libre-accès à n'importe quelle arme ou presque.
Pourtant, ce sont bien des mesures politiques très concrètes qui entraînent ces effroyables tueries. En 2021, le Texas a abaissé à 18 ans l'âge légal pour avoir le droit de porter une arme librement. Salvador Ramos, l'auteur de la tuerie d'Uvalde, avait... 18 ans.
LeBron James a relayé, comme d'autres stars de la ligue, la parole de Steve Kerr en s'offusquant à son tour de l'inaction et de la culpabilité du système.
"A quel moment est-ce que ça fera trop ? On met ces enfants en danger de mort alors qu'ils sont à l'école. A L'ECOLE ! C'est le lieu où ils sont censés être le plus en sécurité. Les choses doivent changer. Il faut qu'elles changent ! Je prie pour tous ceux qui ont des enfants à l'école aujourd'hui".
Joe Biden, le président américain, a lui aussi critiqué le lobby des armes et appelé à une régulation sur l'ensemble du territoire. Malheureusement, d'autres avant lui ont tenté de mettre le problème sur la table, sans aucun succès ou presque.
Steve Kerr, une vie : histoire essentielle d'un homme-clé de la NBA moderne