Parce qu'il y a le précédent PSG...
Depuis le début de la saison, les retrouvailles entre les Warriors et les Cavs en Finales NBA paraissent tellement évidentes qu'on n'avait même pas osé imaginer un autre scénario. Surtout à l'Est, où LeBron James et ses camarades ont d'abord semblé avoir encore moins de concurrence que l'an passé, avec des Atlanta Hawks moins fringants, des Chicago Bulls en transition et des Toronto Raptors presque inchangés. Mais aujourd'hui, même si Cleveland pointe toujours en tête de la Conférence, il est peut-être temps de se demander si cette finale annoncée aura bien lieu. Plutôt que de miser sur Atlanta, qui ne bénéficiera plus de l'effet de surprise malgré un collectif toujours solide, ou Chicago, trop irrégulier malgré un roster de qualité, pourquoi ne pas croire en Toronto ? Les Raptors restent sur deux éliminations prématurées dès le 1er tour et face à deux franchises moins bien classées en saison régulière (Brooklyn et Washington), ce qui ne devrait pas inciter à l'optimisme. Pourtant, les ingrédients sont là. Miser contre les Cavs peut paraître sacrément risqué. On parle quand même d'une équipe qui a réussi à atteindre les Finales NBA et à y être compétitifs sans Kyrie Irving, ni Kevin Love la saison dernière, et qui compte dans ses rangs le joueur le plus dominant de sa génération. Mais on ne peut s'empêcher de penser que quelque chose ne tourne pas rond et pourrait bien venir contrarier les plans de LeBron et de ses potes. Limoger David Blatt, aussi minces aient pu être ses affinités avec le groupe, alors que son équipe est en tête de la Conférence Est, ça ne manque pas de sel. Pour ceux qui suivent le foot, le PSG avait procédé de la même manière en virant Antoine Kombouaré à mi-saison il y a quelques années alors que le club dominait la Ligue 1. Résultat : une deuxième place derrière le petit poucet Montpellier... Dans l'Ohio, on ne sait toujours pas quel est le rôle de Kevin Love sur le terrain, Kyrie Irving va devoir prouver qu'il peut rester en bonne santé jusqu'au bout et il n'est pas certain que Tyronn Lue puisse trouver des hommes providentiels en sortie de banc comme Matthew Dellavedova la saison passée. Dans l'idée, les Cavs conservent une force de frappe effrayante, mais une équipe comme Toronto pourrait parfaitement profiter de l'instabilité et du flou qui règne à Cleveland pour être la première franchise canadienne à atteindre les Finales.Parce que Kyle Lowry est un nouvel homme
Il y a 4 ans, personne ou presque n'aurait pu imaginer que Kyle Lowry deviendrait le meneur de jeu le plus populaire de la Conférence Est. Le natif de Philly va pourtant être starter au prochain All-Star Game sans qu'il y ait de blessé majeur dans son secteur et c'est parfaitement mérité. S'il score plus que l'an dernier (20.7 pts/match contre 17.8), c'est dans le comportement et les fameux "intangibles" (les petites choses que l'on ne voit pas dans les chiffres) que Lowry a franchi un nouveau cap. Passé complètement à côté de ses playoffs l'an dernier, l'ancien joueur des Rockets a pris des mesures drastiques durant l'été et perdu près de 10 kg. Lui-même a reconnu que cette décision l'aidait aujourd'hui à être plus mobile, notamment sur le plan défensif, et à retrouver la réputation de two-way guard qui était la sienne il n'y a pas si longtemps. C'est désormais très clair sur le terrain, Lowry arrive parfaitement à alterner les phases d'orchestration ou de scoring en attaque, et celles de "chasse" du meneur adverse. Critiqué pour sa mauvaise gestion des écrans des deux côtés du terrain lors du sweep infligé par les Wizards l'an dernier, l'intéressé a clairement bossé dur pour ne plus revivre ces douloureux moments. Les images captées par Five Thirty Eight sont assez parlantes. [caption id="" align="alignnone" width="546"] Kyle Lowry en 2015.[/caption] [caption id="" align="alignnone" width="546"] Kyle Lowry en 2016.[/caption] Autre changement notable, Kyle Lowry est beaucoup plus à l'aise avec les médias. Parfois un peu froid et distant par le passé, le meneur de 29 ans est aujourd'hui très à l'aise en présence des micros. Au point qu'on l'a vu faire le zouave à plusieurs reprises lors de points presse, perturbant notamment le bon déroulement d'une interview de DeMar DeRozan avec qui il a développé une complicité remarquable sur et en dehors du terrain. En maintenant ce niveau de performance et cette exigence, Lowry a les armes pour enfin permettre à Toronto de passer un tour de playoffs. Et bien plus encore...Les stats de Kyle Lowry : 20.7 points, 6.4 passes et 5 rebonds de moyenne à 42.1%.
Parce qu'ils ont un gars "Straight from Compton"
Depuis qu'il est arrivé dans la ligue, DeMar DeRozan a reçu quelques étiquettes négatives : dunkeur exclusif, scoreur limité, croqueur... Autant de qualificatifs qu'il a balayés au fil des années et au prix d'un travail acharné. Aujourd'hui, le gamin de Compton a poli son jeu et, s'il n'a toujours pas développé de tir à 3 points fiable, fait clairement partie des meilleurs attaquants de la ligue. En dehors de James Harden et de DeMarcus Cousins, personne d'autre en NBA ne va aussi souvent sur la ligne des lancers. Un atout majeur pour DeRozan, dont l'agressivité offensive et la maîtrise grandissante du pick and roll posent de plus en plus de problèmes aux défenses adverses. Constamment en mouvement et infatigable, le Californien est un complément parfait à Kyle Lowry, qui bénéficie de bien plus de positions ouvertes que par le passé. [embed]http://media.video-cdn.espn.com/gifs/mp4/1Q_TOR__IND_2GIF.mp4[/embed] Leur association et leur complicité est désormais telle que certains n'hésitent plus à les désigner comme le meilleur backcourt de la Conférence Est, pour ne pas dire de toute la NBA en ce moment vu la saison discrète réalisée par Klay Thompson du côté de Golden State. Une hypothèse qui sera mise à l'épreuve durant les playoffs, notamment s'il faut passer sur le corps des Wizards et des Cavs... On notera aussi, mais c'est un détail important, que DeMar DeRozan a l'air très attaché à la franchise. C'est en effet lui, selon les dires de Lowry, qui a refusé le passage au noir et or pour les maillots des Raptors, craignant que l'identité de l'organisation n'en pâtisse trop. C'est plutôt bon signe quand on sait qu'il va bientôt entrer en négociations pour signer un nouveau contrat et sera probablement courtisé par les Lakers...Les stats de DeMar DeRozan : 23.2 points, 4.5 rebonds et 4.1 passes à 44.3% de moyenne.
Parce que leur banc est plus solide qu'il n'y parait
Sur le papier, on se dit généralement que Patrick Patterson, Terrence Ross, Bismack Biyombo, Tyler Hansbrough ou encore Cory Joseph, ça ne fait pas rêver et ça ne peut pas vous emmener bien loin. Il suffit de jeter un coup d'oeil au dernier match des Raptors contre les Clippers pour se rendre compte que le banc canadien a de quoi faire de gros dégâts. Les remplaçants de Dwane Casey ont passé 51 points aux Californiens à 19/33 et, comme le montre le graphique ci-dessous, en scorant d'à peu près partout sur le terrain.
.@Raptors bench was 19/33 on FG's for 51 points in #LACatTOR. Shot chart: pic.twitter.com/mLfUY5I0DL
— NBA.com/Stats (@nbastats) 25 Janvier 2016
Sur les 12 derniers matches, le second unit de Toronto a ainsi surclassé 10 fois son homologue. On comprend du coup mieux pourquoi, même lorsque Kyle Lowry et DeMar DeRozan ne sont pas en mode All-Star, les Raptors parviennent à tenir le bon bout et restent sur une série de 8 victoires de rang et 10 en 12 matches. Le talent de Cory Joseph à la mène en back-up n'a pas pu être suffisamment mis à jour à San Antonio, mais Gregg Popovich avait bien repéré le talent du Canadien, dont l'énergie et les skills font beaucoup de bien à Toronto aujourd'hui. Bismack Biyombo semble lui être arrivé à maturité et est un protecteur de cercle redouté capable de contrer à peu près n'importe qui. Oui, même ce Marsupilami de Gerald Green...
https://www.youtube.com/watch?v=YBwI01oJ2iI
Pour l'énergie et le fighting spirit, Casey peut aussi compter sur Hansbrough, l'ex-"Psycho-T" de UNC. Pour le scoring, Patterson et Ross commencent à trouver l'adresse qui leur faisait défaut en début de saison, notamment à mi-distance. Au quotidien, l'ancien assistant de Rick Carlisle chez les Mavs a reconnu les faire travailler plus dur que d'autres afin de les maintenir sous pression jusqu'au jour J, à savoir le game 1 du 1er tour des playoffs.