« Il y a un truc dont nous sommes certains : continuer à se reposer inlassablement sur Kyle [Lowry] et DeMar [DeRozan] ne fonctionnait pas en playoffs. » Le constat est froid. Un brin cruel mais réaliste. Posé. Dwane Casey, candidat au trophée de coach de l’année après avoir été sur la sellette, n’a pas peur de reconnaître ce qui sautait aux yeux. Dans l’état, les Toronto Raptors ne pouvaient pas aller au bout de leurs ambitions et enfin disputer les finales NBA.
Les échecs successifs – deux éliminations au premier tour, une finale de Conférence et une sortie au deuxième round au cours des quatre dernières années – ont poussé les dirigeants et les coaches des Dinos à se remettre en question. Ils ont eu le courage d’affronter ce processus. Et plutôt que de fuir et de tout reprendre de zéro, ils ont préféré garder la même ossature. En changeant le fond. Le système. Et plus précisément le style de jeu. Une métamorphose offensive expliquée par le toujours aussi brillant Zach Lowe dans son dernier article pour ESPN.
L’analyste NBA détaille le nouveau cap passé par la formation canadienne cette saison. Une révolution qui a donc commencé d’un côté du parquet. Trop prévisibles, trop centrés sur leurs deux All-Stars, les Toronto Raptors ont revu leur fonctionnement pour franchir une nouvelle étape. Un changement qui se manifeste avec une circulation accrue de la gonfle. Un plus grand nombre de tentatives à trois-points. Notamment pour DeRozan. L’arrière a enfin accepté d’étendre sa zone de confort. Il prend 3,6 tirs primés par match contre 1,7 l’an dernier. Il ne converti que 32% de ses shoots lointains mais peu importe. C’est le nouvel état d’esprit qui est important. Le simple fait qu’il brise cette barrière mentale offre des nouveaux espaces à ses coéquipiers.
« On se sent à l’aise avec cette nouvelle approche », avoue-même celui qui réalise peut-être la saison la plus complète de sa carrière (23,7 points, 4 rebonds, 5,2 passes, 56% TS).
Chaque joueur se sent plus libéré. Ils ont des responsabilités, ils touchent la balle et ils sont encouragés à être agressifs.
« Je n’osais pas dribbler avant. Ici, si je perd le ballon, les gars continuent de me passer la balle », confie Serge Ibaka. Russell Westbrook appréciera. « Ce système offensif a rendu m’a vie plus agréable », ajoute pour sa part Jonas Valanciunas.
Les Toronto Raptors peuvent-ils enfin le faire en playoffs ?
Les Toronto Raptors sont premiers à l’Est avec 49 victoires et 17 défaites. Leur statut de tête de série est presque déjà acquis. Peut-être qu’il serait aussi temps de leur coller l’étiquette de favoris au sein de leur Conférence. Elle ne serait pas volée. En plus, les joueurs semblent enfin en mesure d’assumer une telle pression. Car ce changement de design les a mis en confiance. Ils forment une équipe soudée, sûre de sa force. La seule de la ligue à figurer parmi les cinq meilleures attaques ET les cinq meilleures défenses du championnat.
En vérité, les Canadiens sont même plus proches des armadas de l’Ouest que de leurs concurrents à l’Est. Mais la même question demeure toujours. Tant qu’ils n’auront pas validé ce changement de cap entre avril et juin. Peuvent-ils reproduire le même niveau de performance en playoffs ? L’avenir le dira. Si ça ne marche pas, peut-être faudra-t-il alors faire un autre constat, tout aussi simple et brutal : peut-être faudra-t-il se mettre en tête qu’il y a toujours un barrage infranchissable pour la franchise de l’Ontario. Celui-ci porte un nom. LeBron James.