Sauf catastrophe industrielle, LeBron James et les siens devraient à nouveau s’asseoir sur le trône de la conférence Est la saison prochaine, du moins en saison régulière. Auréolés de leur titre de champion, la finale de conférence leur tend les bras. Derrière, Boston et Toronto bombent le torse pour prétendre au rang de meilleur 2ème, et espérer aller chatouiller la bande à Irving et King James dans une éventuelle confrontation au sommet de l’ « Eastern Conference » en mai prochain. Et pour dramatiser un peu tout cela, comme la NBA l’aime tant, rien de tel que l’émergence d’une rivalité nouvelle.
C’est dans les rangs des Celtics que la mèche a été allumée en premier, et celui qui a joué les pyromanes n’est autre que Jae Crowder, l’energizer de la Maison Verte. En analysant le rôle qu'auront à jouer les siens la saison prochaine, l’ailier passé par les Mavs a décoché sa flèche : « Je pense que notre plafond serait les finales de conférence Est. (…) Toronto n’est pas une équipe qui nous inquiète. Je pense que Cleveland est la meilleure équipe ». S’il reconnaît sans mal que les Cavaliers sont un étage au dessus, il indique l’état d’esprit à adopter pour Boston dès maintenant : à l’Est, outre Cleveland, on ne craint personne.
Il n’en fallait pas moins. Dans la foulée, un autre ailier tressé, DeMarre Carroll, lui a répondu, sans prendre de gants, sur fond de suprématie du port des dreadlocks dans la ligue : « Je pense que c'est un commentaire d'une personne qui n'a jamais été dans une vraie situation de playoffs. Quand tu n'as pas connu ce niveau de jeu, tu ne comprends pas ce qu'il faut pour arriver à ce stade de la compétition. Pour ma part, en atteignant deux fois de suite les finales de la Conférence Est, je sais ce qu'il faut. Honnêtement, on dirait simplement les propos d'un jeune gars », a expliqué Carroll sur SportsNet. Le coup de l’expérience, avec deux équipes différentes qui plus est… implacable. Surtout face à un jeune loup qui n’a pas encore passé de premier tour des playoffs dans sa carrière.
Passation de pouvoir ?
Pour autant, la prétendue arrogance de Jae Crowder est-elle infondée ? Pas vraiment. Si les Celtics ont évidemment tout à prouver, leur roster est bel et bien des plus prometteurs. En première ligne, le renfort d’Al Horford en provenance d’Atlanta, qui était jusqu’ici avec Toronto l’un des seuls concurrents des Cavaliers à l’Est (les Hawks ont décroché la première place de la conférence en 2015, mais ont été sweepés deux fois par Cleveland en playoffs). En pleine force de l'âge, Horford est un quadruple All-Star et donc une recrue de poids dans la peinture des Celtics qui, même s’ils disposaient déjà d’intérieurs à la pelle, n’en comptaient aucun de ce niveau. Orphelin de Paul Millsap mais avec de belles possibilités à venir avec Kelly Olynyk, Tyler Zeller et Amir Johnson, l’ancien de Florida arrive donc dans le Massachusetts pour faire passer l’équipe dans une autre dimension de la compétition.
De l’autre côté de la frontière américaine, on ne peut pas dire que les Raptors se soient sensiblement renforcés. Jared Sullinger a fait le chemin depuis Boston avec sa charrette, alors que Bismack Biyombo et Luis Scola, pas des foudres de guerre mais de bons soldats, sont partis changer d’air. Si les Canadiens avaient fait mordre la poussière aux Celtics à trois reprises en quatre confrontations la saison dernière, pas sûr que la domination soit aussi marquée à la rentrée. Néanmoins, avec son backcourt composé de Kyle Lowry et Demar Derozan, Toronto tient sa paire capable de prendre de sacrés coups de chauds au scoring, et d' assumer conjointement le rôle de franchise player, ce qu’ont moins les Celtics, malgré le talent énorme d’Isaiah Thomas.
Équilibré donc, d’autant plus que Toronto a l'avantage de l’expérience et un savoir-faire plus affûté en matière de playoffs ; mais il ne parait pas insensé de miser une pièce sur l’équipe de Brad Stevens. Elle ne manque pas d’idées et le groupe progresse de manière constante depuis sa prise en main. Boston rassemble tous les éléments pour accomplir une saison très satisfaisante en terme de victoires et de jeu proposé, et pourquoi pas, prendre l’ascendant sur les Raptors.
Pas tout seuls, mais presque
Déjà évoqué plus tôt, Atlanta n’a jamais pu, ou su, inquiéter Cleveland en post-season. Les Hawks étaient séduisants et doués mais leur tour semble passé. Jeff Teague et Al Horford partis sous d’autres cieux, désormais les pleins pouvoirs à la mène sont pour Dennis Schröder. Dwight Howard entame lui une nouvelle campagne de rédemption après deux expériences au goût franchement nauséabond, du côté des Lakers puis des Rockets, où la sauce n’a clairement pas pris avec les franchise players respectifs. Derrière, pas mal d’équipes ont opéré de grosses manoeuvres.
Un cran en dessous, Miami va devoir tourner la page Dwyane Wade, Charlotte garde plus ou moins son ossature mais perd son éléphanteau aux fondamentaux savoureux Al Jefferson qui va renforcer Indiana. Les Pacers ont une carte à jouer, Chicago va devoir trouver la bonne formule avec son trio Rondo-Wade-Butler et ses départs de joueurs cadres. Enfin, New York et sa « super team » de 2011, devrait probablement se remettre à gagner des matches mais de là à ce que Big Apple s’invite à la discussion pour titiller la suprématie des Cavaliers...