Tony Parker deviendra, le 12 août, le premier basketteur Français à entrer au Hall of Fame. Un accomplissement qui le fait passer « dans une autre galaxie » à ses yeux et qu’il aura le plaisir de partager avec Gregg Popovich et Becky Hammon, qui l’ont coaché aux Spurs. L’ancien MVP des Finales s’est confié à un groupe de journalistes, ce jeudi, sur son entrée au panthéon du basket.
Quand tu te revois, jeune basketteur à l’INSEP ou au PSG Basket, t’imaginais-tu finir au Hall of Fame dans tes rêves les plus fous ?
Tony Parker : « Franchement, non. Et pourtant, je suis le premier à dire à tous les jeunes avec qui je discute de toujours rêver en grand et que quand tu dis ton rêve à quelqu’un et qu’il ne se fout pas de toi, tu ne rêves pas assez grand. Là, je ne suis même pas dans mes rêves les plus fous. Jamais je n’aurais pu imaginer entrer au Hall of Fame. C’était impossible. Il n’y avait pas de meneur européen qui avait réussi en NBA.
Maintenant, être drafté est presque devenu normal. À l’époque, c’était déjà tout un truc. Moi, je rêvais de NBA. Je rêvais d’être le premier meneur européen à réussir là-bas, mais de là à dire que j’allais gagner quatre titres ou devenir le premier Européen à être MVP des Finales. Et maintenant, on parle de Hall of Fame. Même moi j’ai du mal à réaliser. Je pense que c’est dans le musée, à Springfield, que je vais vraiment réaliser et que je vais sentir une pression de ouf. Quand il va falloir faire le speech, je pense que je m’en rendrai compte. »
Par rapport au retrait de maillot, est-ce encore un cran au-dessus ?
Tony Parker : « C’était quelque chose d’incroyable d’avoir son maillot retiré par une franchise NBA, là c’est fois dix. Quand tu regardes aux Spurs, il y a dix maillots retirés. Il n’y en a que quatre qui sont au Hall of Fame (Tim Duncan, George Gervin, Manu Ginobili, David Robinson, ndlr). Aux États-Unis, ils font une séparation. J’ai l’impression que tu rentres dans une autre galaxie, parce que très peu de joueurs entrent au Hall of Fame. »
« Gregg Popovich est un deuxième père pour moi. Je suis arrivé tellement jeune à San Antonio, j’avais 19 ans et il m’a pris sous son aile. »
Est-ce spécial d’être le premier Français à entrer au Hall of Fame ? Et d’entrer aux côtés de Dirk Nowitzki et Pau Gasol, qui sont aussi deux Européens et les premiers de leur pays ?
Tony Parker : « C’est un truc de malade d’être le premier Français. J’ai toujours pris très au sérieux le rôle d’ambassadeur du basket français, du sport français. Ça a toujours été ma motivation de montrer aux Américains qu’on savait jouer au basket en France et d’être le premier Français champion NBA ou premier All-Star. C’est dans la continuité.
En plus, faire ça avec Dirk Nowitzki et Pau Gasol, c’est tellement cool. Je me rappelle qu’à l’époque, les Américains disaient que c’était impossible pour un joueur européen d’être franchise player. On est un peu les premiers à avoir pris nos franchises et à les avoir amenées à des titres. Maintenant, quand je vois Nikola Jokic, Giannis Antetokounmpo et Luka Doncic, je me dis qu’on a fait une longue route. C’est vraiment un honneur de rentrer avec eux au Hall of Fame, d’avoir trois Européens en une classe. »
L’émotion de Manu Ginobili en remerciant Popovich, Duncan et Tony Parker
Tu entres au Hall of Fame en même temps que Gregg Popovich, qui t’a coaché pendant presque toute ta carrière. Peux-tu nous dire ce que ça te fait et quelle est précisément ta relation avec lui ?
Tony Parker : « C’est une relation qui restera toujours très spéciale. C’est comme un deuxième père pour moi. Je suis arrivé tellement jeune à San Antonio, j’avais 19 ans et il m’a pris sous son aile. Il a pris un risque en donnant la balle à un meneur européen, alors que sa star Tim Duncan ne m’a pas parlé pendant toute ma saison rookie. C’est pour ça qu’on sera liés à jamais. C’est presque marrant qu’on entre au Hall of Fame ensemble, parce qu’ils auraient pu choisir n’importe quelle année pour Gregg Popovich.
En plus, il y a Becky Hammon, qui est comme ma grande sœur. Elle a joué longtemps à San Antonio et on a passé beaucoup de temps ensemble. Entrer en même temps que Pop et Becky, c’est juste incroyable. Il y a aussi Dirk, Pau et Dwyane Wade, contre qui j’ai joué en Finales. C’est marrant de rentrer au Hall of Fame avec des gens que je connais. »
« Là, je ne suis même pas dans mes rêves les plus fous. Jamais je n’aurais pu imaginer entrer au Hall of Fame. »
Dirais-tu que tu es davantage reconnu aux États-Unis en France ? Quel rapport as-tu avec cela ?
Tony Parker : « Je pense qu’en France, ils se rendent compte de ce que j’ai pu accomplir aux États-Unis. Après, il y a beaucoup de gens qui ne savent même pas ce qu’est le Hall of Fame. C’est dur de comparer, parce qu’au foot, je ne sais pas si ça existe. C’est comme si je recevais un Ballon d’or, j’ai envie de dire.
Aux États-Unis, j’ai l’impression que quand tu entres au Hall of Fame, tu es dans une autre galaxie. Tu as un respect absolu. Mais en France, je ne dirais pas qu’ils ne se rendent pas compte de ce que j’ai accompli. J’ai toujours été très reconnaissant de tout l’amour que j’ai reçu à chaque fois que je rentre. La France m’a toujours soutenu dans toute ma carrière. »
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